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 Origines de la fête du nouvel an

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   Posté le 07-01-2009 à 18:32:37   

ORIGINE ET HISTOIRE DES ÉTRENNES DU NOUVEL AN
(D'après « Lettre de Jacob Spon à Stoffel » paru en 1674 et « Le Mercure » de juillet et décembre 1735)

En parlant des étrennes, on ne peut se dispenser de remonter, non pas aux Grecs, mais du moins aux Romains, inventeurs de cet usage. Le premier endroit de l'histoire romaine nous apprenant cette coutume est de Symmachus, auteur ancien, qui nous rapporte qu'elle fut introduite sous l'autorité du roi Tatius Sabinus, qui reçut le premier la verbène (verveine) du bois sacré de la déesse Strénia, pour le bon augure de la nouvelle année ; soit qu'ils s'imaginassent quelque chose de divin dans la verbène, soit qu'ils faisaient allusion au nom de cette déesse Strénia, dans le bois de laquelle ils prenaient la verbène, avec le mot de strenuus, qui signifie vaillant et généreux : aussi le mot strena, qui signifie étrenne, se trouve quelquefois écrit strenua chez les Anciens, pour témoigner que c'était proprement aux personnes de valeur et de mérite qu'était destiné ce présent, et à ceux dont l'esprit tout divin promettait plus par la vigilance que par l'instinct d'un heureux augure.

Après ce temps-là, l'on vint à faire des présents de figues, de dattes et de miel, comme pour souhaiter aux amis qu'il n'arrivât rien que d'agréable et de doux pendant le reste de l'année. Ensuite les Romains, quittant leur première simplicité, et changeant leurs dieux de bois en des dieux d'or et d'argent, commencèrent à être aussi plus magnifiques en leurs présents, et à s'en envoyer ce jour-là de différentes sortes, et plus considérables ; mais ils s'envoyaient particulièrement des monnaies et médailles d'argent, trouvant qu'ils avaient été bien simples, dans les siècles précédents, de croire que le miel fût plus doux que l'argent, comme Ovide le fait agréablement dire à Janus.

Avec les présents, ils se souhaitaient mutuellement toute sorte de bonheur et de prospérité pour le reste de l'année, et se donnaient des témoignages réciproques d'amitié : et comme ils prenaient autant d'empire dans la religion que dans l'Etat, ils ne manquèrent pas d'établir des lois qui la concernaient, et firent de ce jour-là un jour de fête, qu'ils dédièrent et consacrèrent particulièrement au dieu Janus, qu'on représentait à deux visages, l'un devant et l'autre derrière, comme regardant l'année passée et la prochaine. On lui faisait ce jour des sacrifices, et le peuple allait en foule au mont Tarpée, où Janus avait quelqu'autel, tous habillés de robes neuves.

Néanmoins, quoique ce fût une fête, et même une fête solennelle, puisqu'elle était encore dédiée à Junon, qui avait tous les premiers jours de mois sous sa protection, le peuple ne demeurait pas sans rien faire ; chacun commençait à travailler à quelque chose de sa profession, afin de n'être pas paresseux le reste de l'année.

Enfin, l'usage des étrennes devint peu à peu si fréquent sous les empereurs, que tout le peuple allait souhaiter la bonne année à l'empereur, et chacun lui portait son présent d'argent, selon son pouvoir. Auguste en recevait en si grande quantité, qu'il avait accoutumé d'en acheter et dédier des idoles d'or et d'argent, comme étant généreux, et ne veillant pas appliquer à son profit particulier les libéralités de ses sujets.

Tibère, son successeur, qui était d'une humeur plus sombre et n'aimait pas les grandes compagnies, s'absentait exprès les premiers jours de l'année, pour éviter l'incommodité des visites du peuple, qui serait accouru en foule pour lui souhaiter la bonne année. Ces cérémonies occupaient même si fort le peuple, les six ou sept premiers jours de l'année, qu'il fut obligé de faire un édit par lequel il défendait les étrennes, passé le premier jour. Caligula, qui posséda l'empire immédiatement après Tibère, fit savoir au peuple, par un édit, qu'il recevrait les étrennes le jour des calendes de janvier, qui avaient été refusées par son prédécesseur ; et pour cet effet il se tint tout le jour dans le vestibule de son palais, où il recevait à pleines mains tout l'argent et les présents qui lui étaient offerts par le peuple.


Claude, qui lui succéda, abolit ce que son prédécesseur avait voulu rétablir, et défendit, par arrêt, qu'on n'eût point à lui venir présenter des étrennes, comme on avait fait sous Auguste et Caligula. Depuis ce temps, cette coutume demeura encore parmi le peuple. Les Romains pensaient qu'il y avait quelque chose de divin dans les commencements.

Plus tard, le concile d'Auxerre, tenu en 587, défendit de faire, le premier jour de l'an, des sacrifices de génisses ou de biches et d'aller faire des vœux devant les arbres consacrés aux faux dieux. Les étrennes, jointes à des sacrifices, étaient véritablement diaboliques.

Lorsqu'en France l'année débutait encore à Pâques, continuait-on de donner des étrennes le premier jour de janvier ? Il semble que oui. Dans les lettres du roi Jean, en date de juillet 1362 et contenant des statuts pour la confrérie des drapiers, il est dit « que ladite confrérie doit seoir le premier dimanche après les estraines, si celle de Notre-Dame n'y eschoit. » Le dimanche dont il est question ici est le premier dimanche de janvier, si l'on s'appuie sur le témoignage de Du Cange qui, dans son Glossaire, prouve, par différents passages, que lorsque l'année ne commençait qu'à Pâques, on ne laissait pas de regarder le premier jour de janvier comme le premier jour de l'année.

L'ancienne chronique de Louis, duc de Bourbon, comte de Clermont, grand-chambrier de France conforte ce témoignage. On y lit au chapitre second : « De Clermont partit ledit duc Loys, s'en vint à son duché de Bourbonnois à Souvigny, où il arriva deux jours avant Noël, l'an de grâce 1363 ; et là vindrent par devers luis ses chevaliers et écuyers, et le quart jour des fêtes, dit aux chevaliers, le duc en riant : Je ne vous veux point mercier des biens que vous m'avez faicts, car si maintenant je vous en merciois, vous vous en voudriez aller, et ce me seroit une des grandes déplaisances que je pusse avoir... ; et je vous prie à tous que vous veuillez estre en compagnie le jour de l'an en ma ville de Molins, et là je vous veux étrenner de mon cœur et de ma bonne volonté que je veux avoir avec vous. »

Et au troisième chapitre : « L'an qui courait 1363, comme dit est, advint que la veille du jour de l'an fut le duc Loys en sa ville de Molins, et sa chevalerie après lui... ; et le jour de l'an, bien matin, se leva le gentil duc pour recueillir ses chevaliers et nobles hommes pour aller à l'église de Notre-Dame de Molins ; et avant que le duc partist de sa chambre, les vint étrenner d'une belle ordre qu'il avait faicte, qui s'appeloit l'écu d'or. ». Au chapitre cinq on lit enfin : « Si les commanda le duc à Dieu, et eux pris congé de lui se partirent... Les gens partis de cour, vint le jour des Rois, où le duc de Bourbon fit grande feste et lye-chère. »

Rappelons que si sous les Mérovingiens, l'année commençait le 1er mars dans plusieurs de nos provinces, elle débuta à Noël sous Charlemagne, dans tous les territoires soumis à sa juridiction. Sous les Capétiens, le jour de l'an coïncidait avec la fête de Pâques, usage presque général au Moyen Age. En certains lieux, l'année changeait le 25 mars, fête de l'Annonciation. Le concile de Reims, tenu en 1235, mentionne cette date comme « l'usage de France ». C'est le roi Charles IX qui rendit obligatoire, en 1564, la date du 1er janvier comme origine de l'année.

A la fin du XIXe siècle, avec l'apparition du Père Noël dans la publicité des grands magasins, la coutume d'offrir des cadeaux le 1er janvier disparut, le jour des étrennes se confondant dès lors avec celui de Noël : on offrit les cadeaux le 25 décembre.


http://www.france-pittoresque.com/traditions/58.htm

LES CARTES DE VOEUX
(D'après « Fêtes et coutumes populaires », paru en 1911)

Si l'usage des étrennes nous vient des Romains (les premiers qui aient sacrifié à la déesse Strenna), celui des cartes de voeux agrémentées de quelques mots de politesse ou vierges de toute mention, et envoyées aux personnes avec qui l'on a eu commerce d'amitié ou d'affaires pendant l'année, vient de l'Extrême-Orient. Les Célestiaux se servaient bien avant nous de ces cartes autrefois dénommées cartes de visite ; seulement, chez eux, les cartes étaient de grandes feuilles de papier de riz, dont la dimension augmentait ou baissait suivant l'importance du destinataire et au milieu desquelles, avec des encres de plusieurs nuances, on écrivait les nom, prénoms et qualités de l'envoyeur. Il paraît que, quand la carte était à l'adresse d'un mandarin de 1ère classe, elle avait la dimension d'un de nos devants de cheminée !

La distribution des cartes de voeux à Stuttgart, dans le Wurtemberg, était autrefois le prétexte d'une scène piquante : pendant l'après-midi du premier de l'An, sur une place publique, se tient une sorte de foire ou de bourse aux cartes de visite. Tous les domestiques de bonne maison et tous les commissionnaires de la ville s'y donnent rendez-vous, et là, grimpé sur un banc ou sur une table, un héraut improvisé fait la criée des adresses. A chaque nom proclamé, une nuée de cartes tombe dans un panier disposé à cet effet, et le représentant de la personne à laquelle ces cartes sont destinées peut en quelques minutes emporter son plein contingent. Chacun agit de même, et, au bout de peu d'instants, des centaines, des milliers de cartes sont parvenues à leur destination, sans que personne se soit fatigué les jambes.

L'usage des cartes de visite du Nouvel An est apparu assez tard chez nous. Jusqu'au XVIIe siècle, les visites se rendaient toujours en personne. On peut noter cependant, comme un acheminement vers les cartes, l'usage dont nous parle Lemierre dans son poème des Fastes et qui était courant vers le milieu du grand siècle. A cette époque, des industriels avaient monté diverses agences, qui, contre la modique somme de deux sols, mettaient à votre disposition un gentilhomme en sévère tenue noire, lequel, l'épée au côté, se chargeait d'aller présenter vos compliments à domicile ou d'inscrire votre nom à la porte du destinataire.

Mais un temps vint où le gentilhomme lui-même fut remplacé par la carte de visite. Cela se passa sous Louis XIV, dans les dernières années de son règne, comme l'atteste ce sonnet-logogriphe du bon La Monnoye :

Souvent, quoique léger, je lasse qui me porte ;
Un mot de ma façon vaut un ample discours ;
J'ai sous Louis-le-Grand commencé d'avoir cours,
Mince, long, plat, étroit, d'une étoffe peu forte.

Les doigts les moins savants me traitent de la sorte ;
Sous mille noms divers, je parais tous les jours ;
Aux valets étonnés je suis d'un grand secours ;
Le Louvre ne voit pas ma figure à sa porte.

Une grossière main vient la plupart du temps
Me prendre de la main des plus honnêtes gens.
Civil, officieux, je suis né pour la ville.

Dans le plus dur hiver, j'ai le dos toujours nu,
Et, quoique fort commode, à peine m'a-t-on vu
Qu'aussitôt négligé je deviens inutile.

Est-ce l'abus qu'on faisait des cartes de visite qui décida les conventionnels à supprimer le premier de l'An ? Ou fut-ce la vanité des voeux qu'on y déposait ? Toujours est-il qu'abolie en décembre 1791, la coutume du Jour de l'An ne fut rétablie que six ans après, en 1797. Nos pères conscrits, qui ne barguignaient pas avec les délinquants, avaient décrété la peine de mort contre quiconque ferait des visites, même de simples souhaits de jour de l'An. Le cabinet noir fonctionnait, ce jour-là, pour toutes les correspondances sans distinction. On ouvrait les lettres à la poste pour voir si elles ne contenaient pas des compliments.

Et pourquoi cette levée de boucliers contre la plus innocente des coutumes ? Le Moniteur va nous le dire. Il y avait séance à la Convention. Un député, nommé La Bletterie, escalada tout à coup la tribune. « Citoyens, s'écria-t-il, assez d'hypocrisie ! Tout le monde sait que le Jour de l'An est un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes... »

Il continua longtemps sur ce ton. Le lendemain, renchérissant sur ces déclarations ampoulées, le sapeur Audoin, rédacteur du Journal Universel, répondit cette phrase mémorable : « Le Jour de l'An est supprimé : c'est fort bien. Qu'aucun citoyen, ce jour-là, ne s'avise de baiser la main d'une femme, parce qu'en se courbant, il perdrait l'attitude mâle et fière que doit avoir tout bon patriote ! » Le sapeur Audoin prêchait d'exemple. Cet homme, disent ses contemporains, était une vraie barre de fer. Il voulait que tous les bons patriotes fussent comme lui ; il ne les imaginait que verticaux et rectilignes. Mais enfin le sapeur Audoin et son compère La Bletterie n'obtinrent sur la tradition qu'une victoire éphémère.

Ni le calendrier républicain ni les fêtes instituées par la Convention pour symboliser l'ère nouvelle ne réussirent à prévaloir contre des habitudes plusieurs fois séculaires. Les institutions révolutionnaires tombèrent avec les temps héroïques qui les avaient enfantées. Le premier de l'An fut rétabli. Il dure encore. Les pouvoirs officiels lui ont donné leur consécration. Le Président de la République reçoit, ce jour-là, dans les salons de l'Élysée, l'hommage respectueux du corps diplomatique, des ministres et des grands corps de l'État.


http://www.france-pittoresque.com/traditions/53.htm


Edité le 07-01-2009 à 18:40:02 par Scientosophe


Atil
Atil
35305 messages postés
   Posté le 08-01-2009 à 19:59:59   Voir le profil de Atil (Offline)   Répondre à ce message   http://noo-spheres.com/   Envoyer un message privé à Atil   

Il me semble qu'il fut un temps ou le nouvel an était le 1er avril;
Et c'est ce jour-la que les gens s'échangeaient des cadeaux.
Quand le jour de l'an a été déplacé au 1er janvier, le sgens ont continué à s'offrir de fausses étrennes, pour rire, le 1er avril.
Et c'est de la qu'est venue la tradition des farces du 1er avril.

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...à mon humble avis.

#Atil
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