Sujet :

Le sage

PizzaMan
   Posté le 31-08-2006 à 04:16:33   

Un sage n'a pas besoin de pardonner car un sage ne peut jamais être blessé, selon un pauvre homme qui voulait être sage.
Atil
   Posté le 31-08-2006 à 09:10:42   

Ou alors un sage, qui est faillible, peut être blessé émotionellement. Mais il sait que ce n'est du qu'à une faiblesse de sa part, et donc il n'en veut pas à son adversaire.
PizzaMan
   Posté le 31-08-2006 à 13:41:49   

Cela nous ramène à la bonne vieille notion du pardon. Qu'il soit judéo-chrétien ou philosophique, on cherche encore à comprendre pourquoi il est si difficile d'accorder le pardon à son adversaire, même chez celui qui prétend à la sagesse.

Le pardon est peut-être encore plus tabou que le sexe, si ça se trouve.
Verdad
   Posté le 31-08-2006 à 16:18:16   

Pour qu'il y ait possibilité de pardon, il faut qu'au moins deux conditions soient réunies:
1- qu'il y ait une chose à pardonner, ce qui sous entend qu'une personne au moins ait été lésée par une autre.
2- que la cause, la chose à pardonner soit connue des deux parties: celui qui doit se faire pardonner, et celui qui peut pardonner.

Ensuite, viennent quelques conditions consécutives:
a) la demande du pardon soit formulée.
b) que la demande de pardon soit formulée de façon intelligible par la personne pouvant pardonner.
c) que le "pardonneur" soit prêt à le faire.

Celui qui ne pardonne pas quand les conditions énoncées ci-dessus se trouve dans l'un des deux cas de figure suivants:
1 - il estime que la faute n'est pas pardonnable.
2 - Il est idiot, méchant, petit, mesquin.
Pyrame
   Posté le 31-08-2006 à 16:36:52   

Je crois que n'avoir rien a pardonner jamais, relève plus de l'abnégation que de la sagesse.

Considérons qu'un sage se fasse agresser moralement. si il est vraiment sage, alors cela ne le blessera pas, car il est très équilibré, et indestructible mentalement. je suis d'accord avec cette idée.

Considérons qu'on coupe un bras a un sage. Si il est vraiment sage, il a interet a ne pas pardonner, car si il pardonne, l'agression pourra etre réitérée, et il aura perdu son autre bras. Si il pardonne encore, il finira vite cul de jatte, ect, jusqu'a ne plus exister.

Si malgré tout il pardonne, c'est pour moi de l'abnégation...

Je suis donc d'accord avec toi Pizza, uniquement si la sagesse implique une force morale supérieure a tout, sentiments compris.

Mais je doute que l'esprit néglige le corps au point de ne pas en tenir compte. C'est pourquoi je t'approuverai encore plus, si ta phrase était :

Un sage n'a pas besoin de pardonner car un sage ne peut jamais être blessé "Moralement", selon un pauvre homme qui voulait être sage.
PizzaMan
   Posté le 31-08-2006 à 17:02:30   

Le véritable pardon est inconditionnel, sinon il n'est pas sincère.
Il faut garder à l'esprit que le pardon n'est pas une monnaie d'échange, sinon il devient un instrument afin de se soulager l'Ego : je te pardonne, mais en retour je veux des excuses et que tu en fasses publiquement la demande.

Parce que celui qui pardonne vraiment, le fait sans la moindre attente, sachant que ce sont les attentes qui entretiennent sa souffrance et maintiennent son Ego blessé tant qu'il n'a pas reçu d'excuses.

Alors que le vrai sage, lui, il pardonne inconditionnellement sans même devoir le signaler à son adversaire. Le vrai sage pardonne silencieusement son adversaire et passe son chemin, l'esprit en paix.

Toute faute aussi grave soit-elle, est pardonnable, car chacun mérite d'avoir l'esprit en paix. Puisque c'est dans la quiétude de l'esprit qu'on progresse.
Verdad
   Posté le 31-08-2006 à 17:56:20   

Puisque tu connais la vraie sagesse, que penser de la non sagesse du commun des mortels?
Le sage qui pardonne de façon "automatique" existe t'il?
Le pardon, je le répète, ne peut intervenir que s'il y a faute, et de plus faute reconnue.
Sinon, à quoi sert le pardon?
Verdad
   Posté le 31-08-2006 à 17:59:26   

J'ajoute que si le pardon est inutile, alors le sage ne pardonne pas. Car le sage ne commet que des actes utiles.
PizzaMan
   Posté le 31-08-2006 à 18:08:37   

Il ne faut pas amalgamer le pardon avec la justice.

Le pardon du point de vue de la sagesse, sert à se libérer soi-même de la souffrance ressentie par l'offense ou la non-offense car on peut être également offensé sans pour autant que l'adversaire soit responsable. Tout le monde s'offense pour si peu, d'ailleurs.

La justice se charge de faire reconnaitre les fautes, ce qui n'a rien à voir avec le pardon.
Pyrame
   Posté le 31-08-2006 à 18:12:22   

Pourquoi un sage pardonne t'il tout??

Je crois que ca me dépasse en fait
PizzaMan
   Posté le 31-08-2006 à 18:19:33   

Le pardon est visiblement un concept qui dépasse pas mal de monde

On a tous plus ou moins des trucs qui nous semblent important à faire pour rester en bonne santé mentale et physique, pour conserver un certain équilibre. Disons que le sage qui pardonne tout, c'est celui qui a compris que s'il ne pardonne pas, son esprit demeurera torturé au point de l'empêcher de conserver son équilibre psychique et physique.

En fait le pardon c'est surtout un cadeau qu'on se fait à soi-même, pour ne pas rater la suite du spectacle, si tu veux.
Verdad
   Posté le 31-08-2006 à 18:53:35   

Pour le reste, je comprends mieux ta vision:

Le pardon n'est pas un geste tourné vers l'autre, il est tourné vers soi-même.
Le pardon n'est pas un partage, un échange, mais une décision unilatérale bien commode.

Du coup, je comprends aussi mieux ton idée de la sagesse, et ne suis pas loin de la partager.
Mais tu parles là de sage abouti. Celui qui est sur le chemin de la sagesse à besoin d'enseigner aux moins avancés que lui.
Le pardon intervient alors au bout d'un cheminement long, tortueux, qui peut paraître inutile, mais qui est indispensable aux deux protagonistes.
Atil
   Posté le 01-09-2006 à 09:10:42   

Donc un sage peut pardonner même si son agresseur ne s'excuse pas.

Sinon comment un homme pourrait-il pardonner à celui qui l'a blessé si ce dernier est mort ?
Pyrame
   Posté le 01-09-2006 à 11:10:55   

J'ai trouvé ceci dans Le philo-zine. Je n'y vais jamais, c'est vraiment un hasard. Ca me parait en relation directe avec ce sujet non?

Un général, chevauchant avec ses soldats, rencontra sur son chemin un moine zen assis en zazen. Du haut de son cheval, le général l'interpella :
– Eh toi, là ! Le moine ! Ôte-toi de mon chemin !
Le moine ne bougea pas et se tut.
– Tu es sourd ? Tu n'as pas entendu ? Je t'ai dit de t'écarter de mon chemin !
Mais le moine resta immobile et silencieux.
Perché sur son cheval, le général le menaça :
– Je crois que tu n'as pas bien compris qui tu as devant toi. Face à toi, il y a un homme capable de te tuer à tout moment, sans même un battement de cil.
Le moine leva alors son regard et répondit :
– Je crois que toi, tu n'as pas bien compris qui tu as devant toi. Face à toi est assis un homme capable de mourir à tout moment, sans même un battement de cil.
Verdad
   Posté le 01-09-2006 à 12:13:15   

Attitude complètement suicidaire. Il s'agit bien là de sagesse "à la Socrate".