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 La statue de Daniel l'influence Perse

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Ase
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   Posté le 08-06-2010 à 11:46:30   Voir le profil de Ase (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Ase   

Je suis en train de lire un article publié dans Vetus Testamentum (en 1970) concernant le songe de la statue relatée dans la Bible (dans le Livre de Daniel ).
(Dans ce livre, le prophète Daniel y décrit un tableau concernant la succession de quatre empires qu'il relie à quatre métaux.)

Voilà quelques extraits de l'article :

Les exégètes s'accordent pour noter en Daniel une serie d'incorrections d'ordre historique . L'hagiographe puise dans les traditions qui étaient a sa portée, sans grand souci d'exactitude. Alors qu'ailleurs on rencontre la succession : Assyriens, Mèdes, Perses, Daniel chap. ii et vii substituent les Néo-babyloniens aux Assyriens. D'un point de vue historique, la succession : Assyriens, Mèdes, Perses, est la plus valable pour deux raisons.
La première, c'est que les Mèdes ont concouru à la ruine de l'empire assyrien alors qu'ils n'ont pu intervenir dans celle de l'empire neo-babylonien ayant été éliminés de la scène politique par les Perses en 553.
La deuxième, c'est que la ruine de l'empire assyrien en 612 et celle de la puissance des Medes en 553 et des Néo-babyloniens en 539, survenues toutes les trois au cours d'une même vie d'homme, sont les seuls évènements dans l'histoire du Moyen Orient Ancien qui semblent avoir pu suggérer l'idée d'une succession et disparition de grands empires.

Certains indices nous invitent à croire que dans la vision de la succession des quatre empires apparait la notion d'une détérioration progressive . Ceci résulte de la valeur décroissante des métaux dont les diverses parties de la statue décrite au chapitre ii sont faites.

Rien n'indique que la succession des empires est entrevue comme devant se renouveler, comme si l'histoire devait se repeter indéfiniment suivant un même cycle. Au contraire, il s'agit d'une progression linéaire, voire d'une marche en avant appelée à deboucher sur une ère finale, eschatologique.

D'après A. CAQUOT , la théorie des ages du monde et le symbolisme métallique sont des motifs proprement ariens. Ils proviendraient de l'Iran, notamment de ce qu'il appelle une apocalypse des mages .
Les milieux juifs les auraient accueillis, toutefois sous une forme déjà occidentalisée par la culture cosmopolite qu'était l'hellénisme oriental. L'auteur du livre de Daniel est donc censé avoir utilisé des données dont l'origine lointaine est iranienne, mais qui, avant d'arriver jusqu'à lui, ont subi une première élaboration dans un milieu où iranisme et hellenisme se rencontraient, que ce soit la Syrie ou la Babylonie séleucides.
Pour justifier sa maniere de voir, A. CAQUOT renvoie aux quatre ages du "Bundahisn" pehlvi, à la théorie indienne post-védique des quatre ages ou "yuga", au "Bahman Yast", voire aux "Oracles d'Hystaspe" et à "l'Oracle du Potier", deux pièces litteraires qui, tout comme Daniel chap. ii et vii, trahiraient en derniere analyse l'influence des speculations iraniennes.

Ce recours aux traditions de l'Iran, T. F. GLASSON et J. DUCHESNEGUILLEMIN le récusent. Le mythe des ages successifs, notent-ils, est bien connu en Grèce. Rien n'indique que le livre de Daniel est tributaire de l'Iran ou le mythe n'apparait que tres tardivement.

Martin NOTH adopte une attitude moins nette. Après avoir souligné qu'en Daniel il s'agit de la succession non plus d'âges ou périodes historiques mais de royaumes, - puis que la mention des quatre métaux et de leur valeur décroissante apparait déjà chez Hesiode, il affirme qu'il n'est plus possible de découvrir comment l'hagiographe s'est approprié l'idée d'une succession de métaux pour l'appliquer à celle des quatre empires auxquels sa perspective historique s'arrete.

Quelle que soit l'explication, il faudrait pour le moins admettre que l'idée est étrangère aux traditions bibliques antérieures.
Quant à la notion d'empires successifs se relayant au cours de l'histoire, elle peut avoir pris naissance dans l'empire perse, ou Ctesias l'atteste, voire déjà en Medie . De là, elle a du se repandre dans le monde hellenistique où les Romains apprirent à la connaitre. Et NOTH de renvoyer a Velleius Paterculus I, 6, 6 et a Polybe, XXXVIII, 22).

Il n'est donc pas exclu que des spéculations indo-iraniennes aient contribué à l'élaboration des thèmes et motifs employés par Daniel mais une influence iranienne plus ou moins directe sur l'écrivain juif est improbable.


40 ans plus tard, a-t-on avancé ? Que sait-on depuis ?
On connait un peu mieux de quoi s'inspire Daniel ?

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Atil
Atil
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   Posté le 08-06-2010 à 12:06:37   Voir le profil de Atil (Offline)   Répondre à ce message   http://noo-spheres.com/   Envoyer un message privé à Atil   

A l'époque ou écroit Daniel, la Judée est sous la domination perse, me semble-t-il. Alors comment ne pourrait-il pas en subir l'influence ?
Surtout quand on voit à quel point le zorostrisme a pu influencer la religion juive : Le paradis, les archanges, le Dieu unique, le saint esprit, le messie, etc ... sont des éléments iraniens.

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...à mon humble avis.

#Atil
tayaqun
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tayaqun
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   Posté le 08-06-2010 à 18:03:53   Voir le profil de tayaqun (Offline)   Répondre à ce message   http://homologie-historique.nuxit.net/   Envoyer un message privé à tayaqun   

Voici ce que l'on trouve dans l'Encyclopédie Universalis dans un article traitant "du livre de Daniel"...

Le Livre de Daniel est classé, dans la Bible hébraïque, parmi les Écrits (Ketubim), entre Esther et l'ensemble formé par Esdras et Néhémie (pour les karaïtes, il est un livre prophétique). Dans la Septante et dans les autres versions, il figure à la suite d'Ézéchiel ; la Bible chrétienne a homologué cette disposition. C'est dans ces traductions que l'on rencontre des additions « deutérocanoniques », rédigées en grec et inconnues de l'hébreu, telles que le cantique des trois jeunes gens dans la fournaise (III, 24-90), l'histoire de Suzanne (XIII) et la séquence de Bel et du Dragon (XIV).

    Le Livre de Daniel est le plus ancien et le plus représentatif des ouvrages juifs classés dans le corpus des apocalypses. Comme dans la plupart de ces compositions, la paternité d'auteur est imputée, par l'artifice du procédé de pseudonymie, à une personnalité ancienne et probablement réelle. Le héros du livre serait-il le personnage qu'évoque Ézéchiel (XIV, 14 ; XXVIII, 5), ou bien la variante d'une figure légendaire connue par les documents d'Ougarit ? La question n'est pas résolue.

    Le bloc protocanonique du Livre de Daniel est rédigé en deux langues : en hébreu (I, 1-II, 4 a et VIII-XII) et en araméen (II, 4 b-VII, 28). Il se divise en deux parties : les six premiers chapitres, de caractère narratif, puis les six autres, de genre prophétique ou plutôt apocalyptique.

    La première partie comprend d'abord (I) une présentation du héros, jeune noble judéen déporté en ~ 597, introduit dans la cour de Nabuchodonosor avec trois jeunes Juifs, tous demeurant fidèles à Yahvé ; puis (II) une évocation du prestige de Daniel, dont la sagesse surpasse celle des mages orientaux, et de la croissance de ce prestige : l'interprétation du songe de la statue lui vaut les plus grands honneurs. Les trois jeunes gens, jetés dans la fournaise pour refus d'idolâtrie, protégés par Yahvé et sauvés des flammes, sont comblés par le roi (III, 1-23, 91-97). Daniel interprète un songe de Nabuchodonosor, et la transcendance de Yahvé se manifeste de nouveau (III, 98-IV, 34). Au cours du festin de Balthasar (historiquement, il s'agit plutôt de Nabonide), Daniel explique des paroles énigmatiques (V). Daniel, jeté dans la fosse aux lions, est sauvé miraculeusement (VI).

    La seconde partie rapporte les quatre visions. D'abord, quatre bêtes montent de la mer ; puis vient l'Ancien des jours sous l'aspect d'un roi : après la réduction à l'impuissance des quatre bêtes, il remet la domination au Fils de l'homme (VII). La deuxième vision est celle du bélier et du bouc, expliquée à Daniel par l'ange Gabriel (VIII). Puis vient (IX) la vision des soixante-dix semaines d'années, l'une des plus célèbres de tout l'Ancien Testament, avec l'annonce de l'avènement du règne de Dieu. La dernière vision (X-XII) vise l'époque des Séleucides et des Lagides ; elle aboutit à Antiochus Épiphane, persécuteur des Juifs finalement châtié par Dieu ; des assurances eschatologiques, discours sur le temps de la fin, forment une conclusion.

    Des hypothèses sur l'origine du livre et sur son authenticité ont sans cesse été avancées. Aujourd'hui, il semble qu'on penche pour l'unité de l'ouvrage et donc, avec quelques sérieuses nuances cependant, pour l'unicité d'auteur. L'ouvrage entier, dans son état actuel, est couramment attribué à un écrivain du temps des Maccabées. On prétend volontiers que l'auteur du Livre de Daniel était un membre du groupe des hasidim apparu peu avant la révolte maccabéenne. Cela expliquerait la nette opposition de l'ouvrage à l'hellénisme et sa loyauté inconditionnelle à l'égard de la Torah, dont la piété, avec la foi que celle-ci suppose, se trouvait compromise. Bien plus, il pourrait s'agir dans ce livre d'une véritable « théologie de la révolte maccabéenne ».

    Il est évident que l'auteur du Livre de Daniel a travaillé sur des sources antérieures, traditions populaires d'origine orientale surtout. Les récits de la section narrative reflètent une indépendance primitive et les sutures entre les séquences se repèrent facilement. De même, les visions se détachent bien de leur contexte rédactionnel. Le bilinguisme, enfin, est l'indice d'une certaine hétérogénéité.

    On a noté à juste titre que le Livre de Daniel traçait « une philosophie religieuse de l'histoire » (Driver). Mais, dans ce vaste commentaire interprétatif et dans cette ample évocation apocalyptique des événements providentiels, s'insère la pensée messianique la plus traditionnelle, qui revêt des accents cette fois vigoureux et décisifs, ouverte qu'elle est, à une période particulièrement douloureuse pour Israël (l'oppression d'Antiochus Épiphane), sur l'assurance du triomphe final de Dieu dans l'histoire.

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Ase
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   Posté le 09-06-2010 à 08:24:06   Voir le profil de Ase (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Ase   

Merci Tayaqun.

Néanmoins il y a plusieurs choses que j'ai du mal à saisir.
En premier lieu, ce que j'ai du mal à saisir, c'est d'où provient cette comparaison entre les empires successifs et les métaux successifs ?
Alors comme le dit A. Caquot, celui-ci peut provenir de l'apocalypse des mages perses. Mais ne connaissant pas celui-ci, ça ne m'éclaire pas beaucoup. En outre, le Livre de Daniel présente Daniel comme le chef suprême de tous les sages de Babel (chap. 2:48), ce qui lui confère la connaissance des mages chaldéens. Alors est-ce dire que la connaissance des mages chaldéens est la même que celle des mages perses ?

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Atil
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   Posté le 09-06-2010 à 09:39:28   Voir le profil de Atil (Offline)   Répondre à ce message   http://noo-spheres.com/   Envoyer un message privé à Atil   

"Mage" est un titre perse zoroastrien, me semble-t-il.

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...à mon humble avis.

#Atil
Ase
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   Posté le 09-06-2010 à 12:23:25   Voir le profil de Ase (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Ase   

Ok, mais alors puisque le texte dit que Daniel est formé à la connaissance des chaldéens peut-on expliquer cette succession d'empires par la mythologie ou l'astrologie babylonienne, sans faire référence à cette apocalypse des mages ?

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Atil
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   Posté le 10-06-2010 à 08:08:22   Voir le profil de Atil (Offline)   Répondre à ce message   http://noo-spheres.com/   Envoyer un message privé à Atil   

Apparemment je ne vois rien de semblable chez les Chaldéens.
Comme on l'avait dit, les cycles associés à des métaux font plutôt partie des mythes indo-européens.

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...à mon humble avis.

#Atil
Ase
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   Posté le 10-06-2010 à 08:44:06   Voir le profil de Ase (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Ase   

Si je résume ce que dit Daniel, la marche des puissances sont figurés par un lion ailé associé à l'or, puis un ours associé à l'argent, puis un léopard doté de 4 ailes et de 4 têtes associé au cuivre, puis une bête à dix cornes doté de dents de fer associé au fer et une petite dernière corne qui s'élève de cette tête associé à un alliage.

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Atil
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   Posté le 10-06-2010 à 08:48:12   Voir le profil de Atil (Offline)   Répondre à ce message   http://noo-spheres.com/   Envoyer un message privé à Atil   

N'est-ce pas trop proche du mythe grec des ages d'or, d'argent, d'airain et de fer pour être une coïncidence ?

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...à mon humble avis.

#Atil
tayaqun
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tayaqun
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   Posté le 10-06-2010 à 18:01:34   Voir le profil de tayaqun (Offline)   Répondre à ce message   http://homologie-historique.nuxit.net/   Envoyer un message privé à tayaqun   

Tu mets le doigt sur une étrange parenté. Et, sur des chronologies historiques voisines pour des idées voisines quand il s'agit de propagation d'idées... La Renaissance grecque (Viie + ou - et qui fut une période aussi active que notre Renaissance à l'échelon européen) fut une période de grands échanges dans le bassin méditerranéen oriental.
Mouvements des hommes=mouvement des idées...
Ase
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   Posté le 11-06-2010 à 08:56:18   Voir le profil de Ase (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Ase   

Euh... à vrai dire je ne vois pas le rapport avec le mythe des âges.

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