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Les Chansons de Bilitis

PizzaMan
   Posté le 04-06-2004 à 23:13:40   

Je redécouvre toujours avec un grand plaisir ce recueil de poëmes, bien que je ne sois pas très attiré par la poésie. Mais ce style se rapproche du lyrisme de la Grèce antique, qui à mon avis est de loin la seule forme valable de toute l'histoire littéraire.

Voici un de ces poëmes qui m'a particulièrement plus, et je vais tenter d'en expliciter le texte et le contexte :

LA DANSE DE GLÔTTIS ET DE KYSÉ


Deux petites filles m'ont emmenées chez-elles, et dès que la porte fut fermée, elles allumèrent au feu la mèche de la lampe et voulurent danser pour moi.

Leurs joues n'étaient pas fardées, aussi brunes que leurs petits ventres. Elles se tiraient par les bras et parlaient en même temps, dans une agonie de gaieté.

Assise sur leur matelas que portaient deux tréteaux élevés, Glôttis chantait à voix aiguë et frappait en mesure ses petites mains sonores.

Kysé dansait par saccade, puis s'arrêtait essoufflée par le rire, et, prenant sa soeur par les seins, la mordait à l'épaule et la renversait, comme une chèvre qui veut jouer.


C'est un poëme très érotique et marqué par la relation incestueuse entre deux soeurs. On remarque également qu'elles s'amusent avec bien peu, comme à cette époque un simple jeu modeste, une danse sans musique, suffisait pour animer le divertissement à cette époque.

On sait également qu'à cette époque, soit vers le 6ième siècle avant J-C., sur Mytilène les maisons les plus simples étaient construites de terre sèche, de branches d'arbre, et de chaume en guise de toit.

Dans le texte, tout porte à supposer que les jeux des jeunes filles s'inspiraient par observation des jeunes animaux jouant ensemble.
Atil
   Posté le 04-06-2004 à 23:44:28   

Et la suite devient de - en -sage :

Alors Syllikhmas est entrée, et nous voyant si familières, elle s'est assise sur le banc. Elle a pris Glôttis sur son genou, Kysé sur l'autre et elle a dit:

"Viens ici, petite." Mais je restais loin. Elle reprit: "As-tu peur de nous? Approche-toi: ces enfants t'aiment. Elles t'apprendront ce que tu ignores: le miel des caresses de la femme.

"L'homme est violent et paresseux. Tu le connais, sans doute. Hais-le. Il a la poitrine plate, la peau rude, les cheveux ras, les bras velus. Mais les femmes sont toutes belles.

"Les femmes seules savent aimer; reste avec nous, Bilitis, reste. Et si tu as une âme ardente, tu verras ta beauté comme dans un miroir sur le corps de tes amoureuses."

De Glôttis ou de Kysé je ne sais qui j'épouserai. Comme elles ne se ressemblent pas, l'une ne me consolerait pas de l'autre et j'ai peur de mal choisir.

Chacune d'elles a l'une de mes mains, l'une de mes mamelles aussi. Mais à qui donnerai-je ma bouche? à qui donnerai-je mon coeur et tout ce qu'on ne peut partager?

Nous ne pouvons rester ainsi toutes les trois dans la même maison. On en parle dans Mytilène. Hier, devant le temple d'Ares, une femme ne m'a pas dit: "Salut!"

C'est Glôttis que je préfère; mais je ne puis répudier Kysé. Que deviendrait-elle toute seule? Les laisserai-je ensemble comme elles étaient et prendrai-je une autre amie?

...