Sujet :

Concurrence entre établissements publics et privés

Ase
   Posté le 18-08-2010 à 12:57:57   

Concurrence entre établissements publics et privés, pareillement gratuits, abrogation de la carte scolaire, liberté pédagogique : toute ressemblance avec la France a disparu.

De prime abord, le lycée Viktor-Rydberg ressemble plutôt à une MJC. En franchissant la porte, on tombe sur une table de ping-pong et une grande cafétéria digne d'un catalogue de design scandinave avec ses longues tables en bois clair et sa baie vitrée baignée de soleil. En déambulant dans les étages, on aperçoit un groupe de rock en pleine répétition, un cours d'improvisation théâtrale ou des jeunes filles qui s'échauffent pour une séance de danse. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas d'un centre de loisirs. Tout cela fait bien partie du cursus de cet établissement de 420 élèves, l'un des plus prisés de Stockholm, situé dans l'élégant quartier de Jarlaplan.

Le lycée Viktor-Rydberg est devenu le symbole d'une véritable révolution scolaire menée en Suède depuis une quinzaine d'années. Non en raison de ses méthodes d'enseignement, mais de son mode de financement : comme toutes les autres écoles privées conventionnées du royaume, ce lycée est entièrement... gratuit !

La Suède est en effet le seul pays européen à avoir expérimenté, au niveau national, le « chèque éducation », un dispositif avec lequel les pouvoirs publics s'engagent à financer la scolarité des enfants, qu'elle soit dispensée par un établissement public ou privé. Cette innovation a bouleversé tous les repères habituels en encourageant la concurrence entre les écoles. Les Suédois sont même allés plus loin. Pour que l'exercice de cette concurrence soit total, ils ont aussi aboli la carte scolaire.

Changer d'école est très facile

Du coup, ils disposent d'une palette à faire pâlir d'envie les familles françaises. Si les établissements publics du quartier ne répondent pas aux attentes des parents, ils peuvent opter pour une école privée, dite indépendante, car, selon le principe du chèque éducation, les frais de scolarité sont obligatoirement pris en charge par les communes, qui assurent depuis 1991 les compétences en matière d'enseignement. Il n'y a qu'une règle d'or : le choix de l'école appartient aux parents. Quant aux établissements publics, ils sont incités à s'adapter à cette concurrence, car ceux qui attirent le plus d'élèves reçoivent le plus de subventions, et celui qui perd un élève voit donc son budget réduit.

Liz Ericson ne regrette pas un instant son choix. Cette esthéticienne de 48 ans, qui dirige un salon de beauté employant huit salariés, a retiré ses deux adolescents de leur école publique du sud de Stockholm pour les mettre au lycée Viktor- Rydberg, en centre-ville. Quitte à les faire voyager une heure et demie en bus tous les jours. « Changer d'école est très facile, dit-elle, il suffit d'en faire la demande et elle est acceptée, à condition qu'il y ait une place disponible dans la nouvelle. » Et si le lycée privé qu'elle a choisi n'avait pas été gratuit ? La réponse fuse, sans hésitation : « Nous n'aurions jamais pu y inscrire les enfants. »

Même si la plupart de ces écoles indépendantes sont concentrées dans les grandes villes comme Stockholm, Göteborg ou Malmö, leur impact sur l'ensemble du système éducatif a été énorme. La Suède fourmille aujourd'hui d'établissements de tailles et de confessions différentes, offrant des programmes et des méthodes très variés.

La gratuité a notamment contribué à l'essor, dans des quartiers défavorisés, d'écoles expérimentales, telles que Montessori et Steiner, jadis apanage des familles aisées.
Le secteur public n'a pas non plus échappé à cette diversification. Pratiquement chaque école communale du pays a ouvert de nouvelles filières (informatique, langues, arts, etc.) pour renforcer son attractivité. En quinze ans, le paysage scolaire a été métamorphosé. Le pays compte désormais 994 écoles indépendantes, gérées par 550 opérateurs différents, qui vont de l'association de quartier au groupe coté en Bourse. Initialement réticente, la gauche a fini par se rallier à ce nouveau système. « Ce qui importe, ce n'est pas de savoir à qui appartient l'école, mais ce qui s'y passe » , estime Ibrahim Baylan, ministre de l'Education (2004-2006) dans le dernier gouvernement social-démocrate.

Les écoles indépendantes sont maintenant présentes dans les deux tiers des communes et fréquentées par 10 % des élèves du primaire et 17 % de ceux du secondaire. « Les parents ont beaucoup plus de choix qu'auparavant » , insiste Carl-Gustaf Stawström, président de l'association des écoles indépendantes. Il n'en a pas toujours été ainsi.

Le monopole de l'Etat ébranlé

C'est le Groupe Pysslingen et ses consultants en management qui ont été les premiers à ébranler le monopole de l'Etat sur l'éducation, dans les années 80 : il a ouvert deux écoles maternelles, financées par des fonds publics, grâce à la complicité de deux conseils municipaux de Stockholm qui ont accepté de jouer les pionniers. « L'initiative a suscité un tollé dans le pays , raconte Monica Lundberg, une des dirigeantes actuelles de Pysslingen, qui gère un réseau d'une vingtaine d'écoles. On nous accusait de vouloir faire de l'argent sur le dos des enfants. » Le Parlement a même adopté, en 1985, la loi Pysslingen, interdisant le financement d'écoles privées par des fonds publics.

Mais le débat a pris de l'ampleur au début des années 90. Le modèle social-démocrate suédois est alors sévèrement ébranlé par la crise financière sans précédent que traverse le pays. L'heure est aux remises en cause.

L'omniprésence de l'Etat est désacralisée. L'impensable se produit même en 1992 : les sociaux-démocrates, au pouvoir depuis cinquante-trois ans, perdent les législatives. La nouvelle majorité de droite s'empresse de légaliser le chèque éducation. Les écoles indépendantes sont nées. Elles n'ont cessé de se développer. « Depuis une vingtaine d'années , souligne Monica Lundberg, c'est tout le service public qui a été réexaminé, pas seulement l'éducation, mais aussi la santé, les transports, etc. Si vous donnez aux gens la possibilité de choisir entre deux services, ils choisiront le meilleur. »


Ce choix est d'autant plus réel en Suède que les écoles se sont aussi vu accorder une très grande liberté de gestion.
L'aménagement du programme scolaire varie considérablement d'un établissement à l'autre. Au lycée Viktor-Rydberg, par exemple, l'accent est mis sur l'apprentissage des langues. Près d'un tiers des cours se déroulent ainsi en anglais, qu'il s'agisse d'histoire ou de sciences. « Toutes les écoles ont l'obligation de fournir un nombre d'heures d'enseignement dans les matières de base , explique la directrice, Pernilla Hemmingson. Mais pour le reste, nous avons une grande latitude dans le choix des méthodes. » Elle a aussi, comme tous les autres chefs d'établissement, une liberté totale de recrutement. Et les enseignants sont payés au mérite. Au lycée Viktor-Rydberg, leurs salaires oscillent entre 23 000 et 30 000 couronnes (2 450 à 3 200 euros) par mois.

L'ampleur de la liberté accordée aux écoles indépendantes a pourtant suscité, ces dernières années, une vive polémique. Elle s'est focalisée sur les établissements religieux (une soixantaine), qui bénéficient aussi du chèque éducation. A vrai dire, ce sont surtout certaines écoles musulmanes qui ont été vivement critiquées. Le collège al-Azhar, dans le nord de Stockholm, n'a pas échappé à cette contestation. Avec 470 élèves de 6 à 16 ans, essentiellement originaires de Somalie, c'est la plus grande école musulmane du pays. Toutes les filles y portent le foulard, elles sont séparées des garçons pour les activités sportives, et il y a une prière quotidienne. Le dernier gouvernement travailliste a même essayé d'interdire le financement public des écoles confessionnelles, et l'actuelle coalition de centre droit, au pouvoir depuis 2006, s'est engagée à revoir le système.

Une quinzaine d'années après l'abolition de la carte scolaire et l'introduction du chèque éducation, la Suède se prépare à ouvrir un nouveau grand chantier de l'éducation. Il est piloté par Bertil Östberg, secrétaire d'Etat chargé de ce secteur. « Le débat sur le statut des écoles, publiques ou indépendantes, est maintenant dépassé. Ce qui compte , dit-il, c'est la qualité de l'enseignement. »
Son constat est tranché : « La concurrence a parfois augmenté la performance des écoles, mais le niveau scolaire, dans son ensemble, a baissé ces dernières décennies. » La grande faiblesse du système suédois, selon lui, est la formation des enseignants. Son avis est loin de faire l'unanimité dans un pays où l'éducation est l'un des sujets les plus débattus et controversés. Son gouvernement mijote une vaste refonte des programmes et des contrôles scolaires. Une fois de plus, la Suède s'apprête à innover !

Source de l'article
martiko
   Posté le 18-08-2010 à 15:44:07   

il est important de ne pas démenbrer l'état sous pretexte de privatisation, on a vurécemment ce que donnait la privatisation avec les milices américaines en Irak, résultats des dizaines de milliers de morts ou les hôpitaux britaniques et russes et chemins de fer qui ont été renationaliser.
Atil
   Posté le 18-08-2010 à 16:27:21   

"n a vurécemment ce que donnait la privatisation avec les milices américaines en Irak"

>>>>>>>Tu veux dire que les soldats américains en Irak ne sont pas de l'armée nationale des USA mais de milices privées ?
martiko
   Posté le 18-08-2010 à 17:48:33   

tu ne savais pas que beaucoup de missions étaient effectué par des milices privées?! l'escorte des convois d'essence , la protection rapprochée des hommes politiques et militaires de haut rang..........ainsi les graves bavures n'étaient pas imputées aux troupes.
Atil
   Posté le 18-08-2010 à 19:35:55   

Je m'apprétais à dire qu'il faudrait nationaliser toutes les banques car l'argent est une chose trop vitale pour un pays pour qu'on le laisse aux mains d'intérets privés.
Et, comme exemple, j'allais dire qu'avoir des banques privées dans un pays c'était aussi illogique que si ce pays se faisait défendre par une armée privée...
...Bon ... et bien ... j'apprends donc que les USA sont un pays illogique.
Ase
   Posté le 18-08-2010 à 19:54:06   

martiko a écrit :

on a vurécemment ce que donnait la privatisation avec les milices américaines en Irak


Mais le gouvernement américain peut-il faire autre chose que de faire appel à des mercenaires (Blackwater, etc.)
Atil
   Posté le 18-08-2010 à 20:02:00   

Finalement, reste-t-il une seule chose dont seul l'état peut s'occuper ?

Si la réponse est non, alors on pourrait trés bien avoir un système sans impôts.
Major Major
   Posté le 18-08-2010 à 20:41:09   

L'État sera un mal nécessaire tant que l'Homme ne saura pas se prendre en main.
Ne fusse que pour garantir la loi.

Le jour ou tout le monde pourra dire << La philosophie m'a appris ceci: ce que je fais sans que l'on me l'ordonne, les autres le font par crainte de la loi >> (Aristote, je crois), alors ce jour là on pourra envisager l'anarchie.

Mais en attendant, il nous reste encore au moins quelques millénaires à retourner la question du rôle de l'État...
Atil
   Posté le 18-08-2010 à 21:33:54   

L'état ne sert donc que de gendarme ?

Si on n'a pas des "chefs" aux échelons nationaux et locaux pour organiser le pays, est-ce chaque homme du peuple qui va pouvoir, individuellement, s'occuper de construire des routes, des ponts ou des barrages ?
Ase
   Posté le 20-08-2010 à 01:53:42   

Peut-on encore tolérer les magouilles de l'éducation nationale ?
Atil
   Posté le 20-08-2010 à 08:42:11   

Quelles magouilles ?
Ase
   Posté le 20-08-2010 à 10:17:54   

La corruption, le pistonage, le rejet de candidats admis au dernier moment à certains postes alors qu'ils étaient auparavant pris, etc.
TaoTheKing
   Posté le 20-08-2010 à 10:36:49   

Nous ne pouvons empêcher le copinage. C'est une utopie. Par contre, nous devons mettre en place un contre pouvoir, ou une unité de vérification qui garantissent la légitimité du piston.
Un pistonné peut être aussi bon qu'un autre.
martiko
   Posté le 20-08-2010 à 19:04:26   

TaoTheKing a écrit :

Nous ne pouvons empêcher le copinage. C'est une utopie. Par contre, nous devons mettre en place un contre pouvoir, ou une unité de vérification qui garantissent la légitimité du piston.
Un pistonné peut être aussi bon qu'un autre.


si il était aussi bon que les autres ou meilleurs pourquoi il a besoin du piston? voudrais tu nous dire que sans piston , sauf d'être génial rien est possible???
Effectivement , c'est ce dont je suis totalement convaincu
TaoTheKing
   Posté le 20-08-2010 à 19:27:58   

Je ne dirais pas que rien n'est possible.
En tout cas, c'est beaucoup plus difficile sans piston.
martiko
   Posté le 20-08-2010 à 20:09:16   

les hypocrites appellent ça du parrainage, d'autre du cuissage, ou du léchage ou la solidarité soit familiale soit tribale.....
Moi j'appelle ça piston et parfois même de la corruption.
Atil
   Posté le 20-08-2010 à 20:09:44   

Y a-t-il les mêmes magouilles dans l'école "libre" ?
Ase
   Posté le 21-08-2010 à 12:28:00   

Martiko a écrit :

les hypocrites appellent ça du parrainage, d'autre du cuissage, ou du léchage ou la solidarité soit familiale soit tribale.....
Moi j'appelle ça piston et parfois même de la corruption.


Ou encore du nepotisme.


Atil a écrit :

Y a-t-il les mêmes magouilles dans l'école "libre" ?


Je ne sais pas Atil, j'espère que non.
Ce dit le système des écoles libres me semble tout à fait intéressant.
martiko
   Posté le 21-08-2010 à 12:42:14   

oui du nepotisme , j'avais oublié le mot.
De la corruption dans les école libre ça dépens à quel niveau, tant qu'il n'ya rien à vendre qu'un service cela est rare mais si certaine valeur comme des diplômes sont accessibles alors ce sera immanquable et dans la mesure où tout établissement libre institut son propre contrôle (ce qui arrive aussi même parfois avec des établissement publics) il y aura de graves dérives.
Je ne pense pas que le système public français offre aujourd'hui de grandes garanties de neutralité et l'affaire Woerth révèle les niveaux de corruption généralisés dans notre pays dont la réputation est faite de puis bien des années, car il faudrait d'abord instituer une vraie démocratie en France.
Atil
   Posté le 22-08-2010 à 17:32:10   

"Je ne pense pas que le système public français offre aujourd'hui de grandes garanties de neutralité et l'affaire Woerth révèle les niveaux de corruption généralisés dans notre pays dont la réputation est faite de puis bien des années, car il faudrait d'abord instituer une vraie démocratie en France. "

>>>>>>>>C'est la corruption qui empèche la démocratie ... ou le manque de démocratie qui permet la corruption ?
martiko
   Posté le 22-08-2010 à 22:43:56   

ta question est déjà un diagnostic!
Atil
   Posté le 24-08-2010 à 18:55:13   

Peut-on avoir une vraie démocratie avec des politiciens qui se laissent corrompre ?

Peut-on avoir une vraie démocratie avec des électeurs qui se laissent corrompre ?
TaoTheKing
   Posté le 24-08-2010 à 19:20:31   

Oui, je pense que la corruption est inhérente à la nature humaine.
C'est pourquoi il faut un contre pouvoir efficace.
martiko
   Posté le 24-08-2010 à 20:36:25   

si on commençait par envoyer en préventive les ministres voyous alors nous serons en démocratie.
Atil
   Posté le 25-08-2010 à 20:53:16   

Et si on en faisait autant de tous les Francais qui fraudent ?
Qui fraudent les impôts, les allocations familiales, les allocations chomage, les assurances, ...
martiko
   Posté le 25-08-2010 à 23:20:25   

oui je suis d'accord mais les sommes ne sont pas les mêmes, Woerth c'est du grand banditisme pas du petit délit.
Atil
   Posté le 26-08-2010 à 08:04:27   

Les gens détournent ce qu'ils peuvent.
Les hommes du peiples détournent des petites sommes parcequ'ils ne sont pas bien placés pour en détourner de grandes.
Mais leur mentalité est la même.
Le peuple est globalement aussi magouilleur que les politiciens.
Ase
   Posté le 26-08-2010 à 09:25:14   

Alors il faut élire ou placer à ces postes d'importance des personnes honnêtes qui ont montré qu'ils n'ont pas un esprit de magouilleur ou de racaille.
Finalement, ce qu'il manque dans l'attitude de nos politiciens c'est de l'humanisme.
martiko
   Posté le 26-08-2010 à 22:01:00   

Atil est un défaitiste , je l'imagine bien en 40 lors de l'avance des barbares nazis, parce que certain bon paroissien ne pouvait pas être gaulliste par leur configuration intellectuelle résignée.
Atil
   Posté le 28-08-2010 à 21:49:12   

Ce que je veux expliquer c'est que les hommes du peuple feraient mieux de regarder leur comportement avant de gueuler systématiquement contre celui des politiciens.
C'est la parabole de la paille et de la poutre.