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Atil
Certains contes de fées remonteraient à la Préhistoire

Barbe bleue, Peau d'Ane… Les contes de fées ne s'adressent pas qu'aux enfants. Ils intéressent aussi les scientifiques. Et deux chercheurs ont eu l'idée de rechercher l'origine de ces récits merveilleux peuplés d'êtres surnaturels.

Les méthodologies d'analyse génétique ont été reprises pour identifier l'origine des contes de fées. Pour ce faire, ils ont utilisé les collectes de contes effectués par des générations entières de folkloristes et ethnologues. Chaque conte a été converti en code binaire et, enfin, un arbre phylogénétique a été construit en fonction des liens de parenté considérés comme les plus probables.

Les résultats sont surprenants.
L’étude phylogénétique des contes populaires suggère que leur origine serait beaucoup plus ancienne que l’on imaginait:

- Pygmalion, considéré comme un mythe grec, trouverait ses origines en Kabylie, il y a plus de 3000 ans.

- La Belle et la Bête aurait 4000 ans.

- Le Petit Chaperon rouge, contrairement à ce qui était considéré jusqu'alors ne viendrait pas d'Asie. A l'inverse, c'est la version chinoise La grand-mère tigre qui est un emprunt de plusieurs version européennes.

- Le thème de Faust, présent dans Le forgeron et le diable, de Hans-Christian Andersen, serait vieux de 6000 ans.

- La Bonne et la Méchante fille, un conte très proche de Cendrillon surtout racontée par les afro-américains, aurait conservé plus de 70% des versions africaines d'origine.

- Un mythe de l'origine de l'humanité qui expliquerait que la terre aurait été ramenée à la surface suite à un grand plongeon aurait environ 35 000 ans et serait issu d'Eurasie.

- Un autre mythe de l'origine de l'humanité décrivant les premiers humains comme sortis du sol daterait d'environ 60 000 ans.

C'est du moins la conclusion d'une étude publiée dans The Royal Society Open Science par deux anthropologues, Sara Graça da Silva, de l'université de Lisbonne (Portugal), et Jamshid J.Tehrani, de l'université de Durham (Angleterre).

Les chercheurs ont fait appel aux méthodes statistiques et phylogénétiques comparatives habituellement utilisées en biologie de l'évolution pour analyser les relations existant entre des contes. Ils ont ainsi réunis 275 contes qu'ils ont réduit à 76 structures de base – certains contes n'étant que des variantes – dont ils ont étudié l'évolution au sein des langues indo-européennes. Les deux spécialistes sont ainsi parvenus, en construisant un arbre des contes, à établir que plusieurs d'entre eux, issus de lointaines traditions orales, étaient bien antérieurs aux époques supposées de leur apparition dans la littérature, à savoir généralement l'époque de la Renaissance au 16e siècle. Les chercheurs rappellent d'ailleurs que les frères Grimm, auteurs de nombreux contes au 19e siècle, étaient eux-mêmes convaincus des origines proto-indo-européennes de certaines fables traditionnelles allemandes qu'ils avaient compilées.

Ces analyses apportent un nouvel éclairage sur les contes mais certains spécialistes restent dubitatifs quant à la méthodologie utilisée : le choix des contes, le codage et, si lien il y a entre 2 contes, quel est-il précisément ?
L'historien Jean-Paul Demoule sceptique, non sur les datations mais sur la méthodologie. "L'idée qu'il existe des thèmes narratifs anciens plongeant dans la préhistoire est tout à fait acceptable, tout comme le fait que ces contes se transmettent de génération en génération. Toutefois, la structure généalogique n'est pas la seule possible", explique le professeur de protohistoire européenne à l'université de Paris 1 et à l'Institut universitaire de France. "Avoir imposé une structure arborescente pour classer des contes les uns par rapport aux autres, en estimant ensuite la durée de chaque branche, sans expliquer quel a été le moyen de mesure utilisé, pose problème. Même en génétique cela reste discuté", poursuit Jean-Paul Demoule.
 
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