Sujet :

Posséder

Atil
   Posté le 02-02-2008 à 08:06:49   

Mon argent, mon corps, mon foie, mes microbes, mon cancer, mon pays, mon ami, mon ennemi, ma femme, mon père, mon fils, ma religion, mon Dieu !, mon rêve, mon avenir, ma maison, ma photo, mon groupe sanguin, mes électeurs, mon président, mon signe zodiacal, ma pla,ète, mon chat, etc ...

Le concept de "possession" a -t-il un sens ?
tayaqun
   Posté le 02-02-2008 à 12:20:45   

Oui, comme tout emploi du possessif: ma, ta, sa, mon ton son, mes tes ses, notre votre leur, nos vos leurs... Il y a forcément un lieur entre deux choses reliées par le "possessif"...

Mais on peut difficilement en déduire la qualité du lien... Mon pécé: Jules peut le dire mais le pécé de l'un n'est pas le pécé de l'autre (à tout pécé miséricorde!)... Et le temps passé devant l'un est différent du temps passé par l'autre... Il y aura des milliers de variations entre mon et celui de Jules...

Mas tu veux mettre en doute la qualité du lien, la propriété forcenée... Il est probable que cela va en s'atténuant quand la civilisation prend de la bouteille... Il me semble que Goering disait quelque chose comme "Ce qui est à toi m'appartient car je suis le plus fort", mais celui qui disait cela n'est pas parmi les grands penseurs ou parmi les pères qui font progresser! ...

Il est vrai également que la propriété collective est un bien contesté car il est tellement facile d'être égoïste. Les piranas sont si beaux à notre époque!
Atil
   Posté le 02-02-2008 à 19:40:07   

Dans tous les exemples que j'ai donné, on voit certe des "liens" entre celui qui possède et celui qui est possédé ... mais les relations entre le "possesseur" et le "possédé" sont à chaque fois trés différentes.
Le concept de "possession" me semble être trés peu homogène.

Le président parle de SES électeurs alors que les électeurs parlent de LEUR président. Alors qui possède qui ? Et peut-on vraiment dire qu'il s'agit la d'une vraie possession ?
tayaqun
   Posté le 03-02-2008 à 12:59:28   

Je crois qu'en fonction de notre tempérament, en fonction de notre culture, de notre vécu, de notre volonté de faire ou de ne pas faire, notre possession est plus ou moins exclusive, perméable pour laisser de l'espace à l'autre...

Certaines personnes ont une conception maladive de leur propriété, celle dont on peut faire le tour en pissant aux quatre coins pour marquer les bornes...
En Périgord, c'était assez élastique il y a une trentaine d'années; l'arrivée massive de citadins modifie la tradition...
L'animal urbain est un peu fou quand on le lâche en pleine campagne sans préparation et assistance psychologique...

Il y a bien la possession démoniaque, mais il faut que la victime soit consentante...
Atil
   Posté le 03-02-2008 à 13:49:38   

Mais le verbe "avoir" décrit-il toujours vraiment une possession ?
Ainsi que les pronoms possessifs ?

Si je parle de MON pays, je ne pense pas que je possède vraiment ce pays.
Idem si je parle de MA maladie ou de MON ennemi.

Et du temps de l'esclavage, les esclaves pouvaient être possédés par leur maitre. Le maitre pouvait dire "c'est MON esclave". Mais pourtant l'esclave pouvait également dire "c'est MON maitre". Pourtant l'esclave ne possédait pas le maitre.
Donc les expressions qui semblent dénoter une possession peuvent trés bien se rapporter à des relations d'un type totalement différent.
PizzaMan
   Posté le 03-02-2008 à 15:35:02   

Dans le cas de «mon» pays, le «mon» est plutôt un identificatif au lieu d'un possessif.
Atil
   Posté le 03-02-2008 à 18:33:40   

De nombreuses expressions qui semblent représenter une possession, ne font bien souvent qu'indiquer une relation entre deux mots.
Exemple : MA ville signifie seulement qu'il y a un lien entre cette ville et moi. Il est sous-entendu que c'est la ville ou j'habite.
MES clients sont les clients qui vont chez moi.
MA femme est la femme que j'ai épousée.
MON ennemi est l'ennemi que j'affronte.
Mais dans aucun de ces cas le mot qui m'est apposé ne représente une chose que je possède.
A se demander, même, si le concept de "possession" n'est pas illusoire.
tayaqun
   Posté le 04-02-2008 à 16:26:56   

Si je dis: "c'est pas à toi, c'est à moi", on réalise que l'objet en question doit faire un mouvement...et que celui qui dit cela a cru bon de signaler une erreur... ceci dit, selon "l'objet" en question, il y aura plus ou moins une connotation "propriété privée"; laquelle est reconnue par tout le monde mais avec toujours un bémol selon la nature de l'objet...
On remarquera également, toujours selon la nature de "l'objet", que celui qui réclame peut ne pas avoir satisfaction si l'action sur l'objet revendiqué n'est pas reconnu comme licite, acceptable...
PizzaMan
   Posté le 04-02-2008 à 18:30:54   

???
Atil
   Posté le 04-02-2008 à 21:04:14   

tayaqun a écrit :

On remarquera également, toujours selon la nature de "l'objet", que celui qui réclame peut ne pas avoir satisfaction si l'action sur l'objet revendiqué n'est pas reconnu comme licite, acceptable...


En fait le concept de "possession" est culturel, et donc artificiel.

Jadis on pouvait posséder un homme alors qu'aujourd'huis c'est impensable.

Un occidental peut posséder un terrain, alors que pour un amérindien il est impensable de posséder un territoireK. Et pour les aborigènes australiens, c'est la territoire qui possède ses habitants, et non pas le contraire.

Il est même de nombreux peuples qui ne possèdent pas de verbe "avoir" ou posséder".
Pour dire "je possède cet objet" ils disent "cet objet est chez moi".
tayaqun
   Posté le 05-02-2008 à 19:10:38   

"Et pour les aborigènes australiens, c'est la territoire qui possède ses habitants, et non pas le contraire" nous dit Atil.
On peut en apprendre davantage? Merci, c'est un point intéressant...
Atil
   Posté le 05-02-2008 à 20:11:19   

Les aborigènes estiment que les dieux les ont disposés sur un territoire pour qu'ils soient au service de celui-ci. Ils doivent le protéger. Vouloir envahir le territoire d'une autre tribu leurs semble ridicule : ce serait comme vouloir prendre les servitudes et les emmerdements des autres.
PizzaMan
   Posté le 05-02-2008 à 21:04:25   

Oui, pour avoir été parmi les aborigènes pendant un séjour, je confirme qu'ils estiment ne rien posséder. Le concept de possession n'existe pas chez eux.
tayaqun
   Posté le 06-02-2008 à 18:16:48   

Atil a écrit :

Les aborigènes estiment que les dieux les ont disposés sur un territoire pour qu'ils soient au service de celui-ci. Ils doivent le protéger. Vouloir envahir le territoire d'une autre tribu leurs semble ridicule : ce serait comme vouloir prendre les servitudes et les emmerdements des autres.


Je trouve cela très innovant... encore que ceux qui voudraient nous envahir risquent de se retrouver avec le quasi insoluble problème des déchets de notre civilisation d'où redécouverte forcée de la sagesse australe...
PizzaMan
   Posté le 06-02-2008 à 20:52:46   

Ceux «qui voudraient nous envahir» ?
tayaqun
   Posté le 07-02-2008 à 17:28:07   

un con-ditionnel...