Sujet :

Le sceau de Salomon

Atil
   Posté le 27-02-2010 à 22:46:05   

Je suis en tran d'écrire un article sur le sceau de Salomon.

Vous avez des renseignements sur son histoire et sa signification ?
Ase
   Posté le 01-03-2010 à 06:14:58   

On sait pourquoi il figure sur le drapeau d'Israël ?

Je ne penses pas que la Torah en parle ?
C'est un symbole ésotérique qui a été engendré par la kabbale ? Dans ce cas pourquoi parait-il que des légendes à la fois chrétiennes et arabes l'évoquent ?


Quelques images :
http://www.mfa.gov.il/MFA/MFAArchive/1990_1999/1999/2/King%20Solomon-s%20Seal
http://www.jewishencyclopedia.com/images.jsp?artid=38&letter=M&imgid=1246

La légende :
http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=895&letter=S
Atil
   Posté le 01-03-2010 à 11:24:22   

Apparemment ce signe n'est devenu l'emblème spécifique du judaîsme qu'assez récemment.
Avant on l'utilisait un peu partout.
Cependant c'est bien du coté d'Israel que les plus anciens sceaux de Salomon semblent avoir été retrouvés. Mais je manque d'illustrations à leur sujet.

Voici le résultats de mes recherches ... pour l'instant :
http://atil.ovh.org/noosphere/salomon.php
Ase
   Posté le 02-03-2010 à 09:54:41   

Il semble que l'attribution de pouvoirs magiques à Salomon, dont jaira le sceau et les clavicules plus tard était déjà connu dès l'antiquité juive :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Clavicula_Salomonis a écrit :

L'ancien Testament nous présente le roi Salomon, censé avoir régné sur le royaume d'Israël au Xe siècle av. J.-C., et bâtisseur du premier Temple de Jérusalem comme un sage, auteur de proverbes et de chansons, grand connaisseur des secrets des plantes et des animaux, mais non comme un magicien. Il semble qu'une réputation d'astrologue lui sera faite dès le IIe siècle av. J.-C., et au Ie siècle l'historien juif Flavius Josèphe le présente comme ayant écrit 3000 livres d'exorcismes et d'incantations contre les maladies engendrées par les démons. Le premier livre de magie qui lui a été effectivement attribué est le Testament de Salomon, écrit en grec, entre le Ie siècle et le Ve siècle, probablement à Babylone ou en Égypte, les plus anciens manuscrits datant du Ve siècle. Il ne fut traduit en latin, en hébreu et en arabe que plusieurs siècles après. Au cours des siècles divers textes de magie furent attribuées à Salomon.
Atil
   Posté le 02-03-2010 à 10:16:21   

Je croyais que c'était seulement dans le Talmud de babylone (Gittin 68) qu'on avait pour le fois parlé du pouvoir de salomon sur les démons.
Il faudrait que je relise Flavius Josephe.

Mais cela ne change rien : à cette époque, la bague magique portée par Salomon (le "Sceau de Salomon" ne portait pas l'hexagramme mais uniquement le "plus haut nom de Dieu".
Tabari (838-923) en disait encore ceci vers 828-923 :
«Or, cet anneau à quatre faces, qui avait été apporté du paradis, devient le sceau de Salomon. Sur une des faces était écrit ce qui suit : "L’Empire est à Dieu" ; sur la seconde face était écrit : "L’excellence est à Dieu" ; sur la troisième était écrit : "L’autorité suprême est à Dieu" et sur la quatrième : "La Toute-puissance est à Dieu"... Les Juifs convinrent que les choses étaient ainsi.»
C'est bien plus tard que la bague de Salomon sera sensée porter l'hexagramme.
Ase
   Posté le 02-03-2010 à 10:30:32   

J'ai pas trouvé de passages de la Torah qui en parlent, juste ceci dans le Poèmes des Poèmes :
8:6 "Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras.
Oui, l’amour est inexorable comme la mort, l’ardeur, dure comme le Shéol.
Ses fulgurations sont fulgurations de feu, flammes de Yah !"
Atil
   Posté le 02-03-2010 à 11:10:25   

A noter qu'au début, les Juifs semblent avoir bien plus utilisé le pentagramme que l'hexagramme. Donc à quoi pouvait ressembler ce sceau ?
Et ... C'est quoi le Poèmes des Poèmes ? C'est dans quel livre ? C'est de quelle date ?
Ase
   Posté le 02-03-2010 à 11:16:05   

Poèmes des Poèmes = Cantique des Cantiques
Ase
   Posté le 02-03-2010 à 11:21:23   

Atil (article) a écrit :

En ce qui concerne l'Hexagramme étoilé, sa plus ancienne représentation a été retrouvée sur un sceau de Sidon (en Phénicie / Liban) datant du VIIème siècle av.JC et appartenant à un certain Josuhua ben Assayahu.


Je n'ai rien trouvé sur ce gars. C'est semble-t-il Gershom Sholem qui le cite dans le Messianisme juif .
Sinon en surfant sur la toile, beaucoup pour parler de ce sceau parlent d'une étoile flamboyante qu'ils identifient à ce pentagramme.
Atil
   Posté le 02-03-2010 à 11:23:17   

Pour les plus anciennes représentations, je trouve peu de renseignements étayés.
Par étayés, je veux dire "avec, au moins, une photo".
Certains renseignements sont mêmes faux (par exemple : J'ai trouvé une photo d'un sceau de Salomon hittite ... qui n'était pas du tout Hittite.)
Ase
   Posté le 03-03-2010 à 07:55:24   

Si on cherche encore des passages approximatifs dans la Torah qui en parlent cette fois sur le Magen David (puisque sceau de Salomon est une appellation plus tardive si j'ai bien compris ton article), y à celui-ci dans le livre des Nombres :
24 : 17-18 "Je le verrai, mais non maintenant;
je le fixerai, mais non proche : une étoile a fait route de Ia‘acob, un rameau se lève en Israël. Il brésille les tempes de Moab, il sape tous les Benéi Shét.
Edôm sera son héritage; et c’est Sé‘ir l’héritage de ses ennemis.
"

Ici, selon les interprétations juives, il est une question d'une étoile messianique qui doit sortir de la maison de David. De ce point de vue ce symbole nous renvoi à la figure du Messie.
Dans ce cas, il est possible que les érudits juifs au Moyen-Âge aient cherchés à associer le rejeton de la lignée Davidique à ce symbole puisque initialement le magen ne renvoyait pas à une étoile.


Mais je ne vois pas trop le rapport avec un "bouclier".
Est-ce que le terme Magen signifie bien bouclier ? A-t-il d'autres sens ?

Ceci dit, si on suppose pour je ne sais quelle raison qu'il s'agit d'une étoile, on peut alors trouver peut-être (?) une contradiction puisque le livre d'Amos nous dit :
5 : 24-27 "Que le jugement ondoie comme des eaux;
la justification, comme un torrent irrésistible !
Les sacrifices, l’offrande, me les avez-vous avancés au désert, quarante ans, maison d’Israël ?
Vous portez Sikout, votre roi, et Kioun, vos répliques, l’étoile de vos Elohîms que vous faites pour vous.
Je vous exile au-delà de Damèssèq, dit IHVH-Adonaï; Elohîms Sebaot, son nom."





Atil (article) a écrit :

Selon le Talmud de Babylone (Gittin 68) cet anneau magique donnait au roi Salomon le pouvoir de commander aux démons car le plus haut nom de Dieu était gravé dessus. Tabari (838-923) en disait ceci :
« Or, cet anneau à quatre faces, qui avait été apporté du paradis, devient le sceau de Salomon. Sur une des faces était écrit ce qui suit : "L’Empire est à Dieu" ; sur la seconde face était écrit : "L’excellence est à Dieu" ; sur la troisième était écrit : "L’autorité suprême est à Dieu" et sur la quatrième : "La Toute-puissance est à Dieu"... Les Juifs convinrent que les choses étaient ainsi.»
Plus tard, à la place du nom divin, on placera l'Hexagramme étoilé sur cet anneau et on l'apellera "Sceau de Salomon" ("Khatam Suleimân / Khâtem Seyidnâ Suleymân").
[...]
Ou alors les 6 sommets des triangles plus leurs 6 intersections représentent les 12 tribus d'Israêl.


Pour l'aspect magique , cela peut peut-être provenir du fait qu'en associant à chaque intersection une tribu (donc au total 12), et à chaque tribu une valeur numérique, on retrouve sur toutes les diagonales la valeur 26 qui est la valeur numérique du Nom divin (YHVH), sa densité magique.




Atil (article) a écrit :

Il servait comme figure ornementale et comme symbole magique mais, au début, il fut précédé et concurrencé par le Pentagramme ou Pantalpha, l'étoile à cinq branches


D'un point de vue mathématique, le pentagramme et l'hexagramme ne sont pas complémentaires (ont des densités différentes) mais ils peuvent être tout les deux magiques.
Atil
   Posté le 03-03-2010 à 08:52:29   

"Ici, selon les interprétations juives, il est une question d'une étoile messianique qui doit sortir de la maison de David. De ce point de vue ce symbole nous renvoi à la figure du Messie.
Dans ce cas, il est possible que les érudits juifs au Moyen-Âge aient cherchés à associer le rejeton de la lignée Davidique à ce symbole puisque initialement le magen ne renvoyait pas à une étoile."

>>>>>>L'étoile est devenue le symbole du messie ...mais rien ne dit que cette étoile avait un rapport avec l'hexagramme ... ou avec le pentagramme.
C'est tardivement qu'on associera cette étoile à l'hexagramme.



"Est-ce que le terme Magen signifie bien bouclier ? A-t-il d'autres sens ?"

>>>>>>Aparemment oui, magen signifie bien bouclier. Et c'est une erreur de croire qu'il signifie étoile.



"Vous portez Sikout, votre roi, et Kioun, vos répliques, l’étoile de vos Elohîms que vous faites pour vous.
Je vous exile au-delà de Damèssèq, dit IHVH-Adonaï; Elohîms Sebaot, son nom."

>>>>>>>Mais n'oublions pas qu'il existe plusieurs facons de représenter une étoile. Il y a le pentagramme, l'exagramme, l'étoile à 5 branches égyptienne, l'étoile à 8 branches mésopotamienne, etc ...




Pour l'aspect magique , cela peut peut-être provenir du fait qu'en associant à chaque intersection une tribu (donc au total 12), et à chaque tribu une valeur numérique, on retrouve sur toutes les diagonales la valeur 26 qui est la valeur numérique du Nom divin (YHVH), sa densité magique.




"D'un point de vue mathématique, le pentagramme et l'hexagramme ne sont pas complémentaires (ont des densités différentes) mais ils peuvent être tout les deux magiques. "

>>>>>>Et on sait que, dans l'antiquité, le pentagramme a servi de sceau pour la ville de Jérusalem.
Ase
   Posté le 03-03-2010 à 14:14:41   

Citation :

C'est tardivement qu'on associera cette étoile à l'hexagramme.


Je ne me souviens plus, mais c'est pas dans le Zohar qu'il est question d'un rapport entre une étoile et un hexagramme ?
Peut-être que ce rapprochement provient de la mystique juive ?



Citation :

Apparemment oui, magen signifie bien bouclier. Et c'est une erreur de croire qu'il signifie étoile.


J'ai lu que l'un des sens de "magen" était la "protection".
Mais est-ce un bouclier de protection au sens matériel et/ou au sens ésotérique ?
Parce que d'un côté on a un renvoi à un anneau magique pour chasser les démons par le nom de Dieu, et d'un autre côté employé comme figure décorative.




Citation :

Mais n'oublions pas qu'il existe plusieurs facons de représenter une étoile.


Alors peut-être bien que ce passage d'Amos confirme que la représentation de l'hexagramme était en concurrence avec d'autres figures géométriques.




Citation :

Il y a le pentagramme, l'hexagramme, l'étoile à 5 branches égyptienne, l'étoile à 8 branches mésopotamienne, etc ...


Il y a une différence entre le pentagramme et l'étoile égyptienne ?




Citation :

Et on sait que, dans l'antiquité, le pentagramme a servi de sceau pour la ville de Jérusalem.


Dans cet article Magen David Not an Ancient Jewish Symbol, il est question d'un des ouvrages de Gershom Scholem intitulé Magen David – Histoire d'un symbole publiée récemment (l'article nous dit que l'étude a été édité dans un livre écrit par le professeur Avraham Shapira), dans lequel il y relate 50 années de recherches sur ce symbole.

La traduction ici

Cet article complète un peu le tien.


L'article nous dit entre autre :
Article sur Gershom Scholem a écrit :

Le Sceau de Salomon est apparue dans la mystique juive au cours du VIème siècle AD sur un talisman contenant deux lions et une étoile de David au milieu.
Atil
   Posté le 03-03-2010 à 16:48:50   

"Peut-être que ce rapprochement provient de la mystique juive ?"

>>>>>Je n'arrive pas à savoir de quand il date.
Il pourrait provenir des Arabes, qui ont repris pas mal de légendes juives en les déformant.



"J'ai lu que l'un des sens de "magen" était la "protection".
Mais est-ce un bouclier de protection au sens matériel et/ou au sens ésotérique ?
Parce que d'un côté on a un renvoi à un anneau magique pour chasser les démons par le nom de Dieu, et d'un autre côté employé comme figure décorative."

>>>>>>>Il faudrait le demander à un spécialiste de l'hébreu.



"Il y a une différence entre le pentagramme et l'étoile égyptienne ?"

Voir ici à droite :




"Cet article complète un peu le tien."

>>>>>>je complèterai donc le mien




"L'article nous dit entre autre :
[citation=Article sur Gershom Scholem]Le Sceau de Salomon est apparue dans la mystique juive au cours du VIème siècle AD sur un talisman contenant deux lions et une étoile de David au milieu."

>>>>>>Il faudra donc que j'essaie d'en trouver une illustration.
Ase
   Posté le 04-03-2010 à 09:33:39   

De retour de la bibliothèque, je te cite certains passages intéressants de ce livre de Gershom Scholem relatif à ton article que je suis en train de lire :

« L'hexagramme n'est pas un symbole juif, encore moins le symbole du judaïsme »

« Aucun savant ni aucun kabbaliste n'a jamais eu l'idée, avant le milieu du XIXème siècle, que l'étoile pourrait porter le secret d'une signification juive. On ne voit surgir une telle idée ni dans les livres touchant la vie religieuse, ni dans la littérature hassidique. »

« La figure de l'hexagramme, avec ses deux triangles entrecroisés, se rencontre chez de nombreux peuples. »

« En 1918, un ethnologue portugais, J. Leite de Vasconcelos, a publié une monographie, qui est restée presque inconnue, sous le titre : Signum Salomonis. Il a rassemblé un riche matériel touchant la diffusion du sceau de Salomon dans diverses civilisations et à diverses époques en dehors du judaïsme, soit comme signe magique de protection, soit comme simple ornement. »

« Même à titre de décoration, il est rare dans les antiquités juives. La première fois où il apparaît avec certitude est sur le sceau d’un certain Joshua ben Asaïah, qui date de la fin de la période monarchique (vers 600 av. J.-C.). L’hexagramme se rencontre ensuite – avec un point marquant clairement son centre – beaucoup plus tard, parmi divers motifs ornementaux, sur une frise qui décore la célèbre synagogue de Capharnaüm (second ou troisième siècle). Mais cette frise présente, juste à droite de l’hexagramme, une swastiska. L’hexagramme apparaït aussi en liaison avec le pentagramme comme décoration géométrique sur les ruines de la vieille synagogue galiléenne de Tell Hum. On voit souvent aussi sur les sceaux assyriens, et également sur des sceaux phéniciens et hébreux plus tardifs, une étoile à 6 pointes avec 6 rayons rayonnant de son centre, ce qui a conduit quelques auteurs à confondre cette étoile avec l’hexagramme, bien que celui-ci présente un dessin géométrique très différent. »

« On a découvert aussi à Megiddo, ciselée dans le mur d’un sanctuaire datant de l’époque du royaume du Nord, une figure qu’on avait d’abord supposée être un hexagramme. Mais la photographie a montré que l’emblème avait beaucoup souffert des intempéries, de sorte que cette interprétation ne relève peut-être que de l’imagination de ceux qui ont exhumé cet emblème ou d’une fausse reconstruction. »

« D’autre part, un authentique pentagramme apparaît, il est vrai, sur des sceaux de cruches d’huile, datant du Vème siècle av. J.-C., qui ont pu faire parti du trésor du Temple de Jérusalem. Mais il est impossible de dire si ces sceaux ont eu alors une signification particulière. »

« De nombreux emblèmes juifs datant de l’époque hellénistique apparaissant en différents endroits ont étés conservés. Ils appartiennent tous aux rites bibliques ou bien se rattachent à ceux-ci (Erwin Goodenough a étudié en détail ces emblèmes dans son ouvrage monumental Jewish Symbols in the Greco-Roman Period). Mais on ne rencontre jamais parmi eux ni pentagramme, ni hexagramme. »

« Ainsi, par exemple, la Menorah, le candélabre à 7 branches, qui fut plus qu’aucun autre le symbole authentique et très répandu du judaïsme. La conscience de cette signification symbolique de la Menorah s’est maintenue à travers les siècles. Il y a cependant un autre emblème, dont ce n’est pas le lieu ici de discuter l’origine, qui n’a cessé d’être utilisé à ses côtés toujours plus fréquemment. Il s’agit de l’emblème des deux lions se tenant sur l’arbre de vie ou sur l’arche de la Tora qui lui a été associée. »

« Selon Moïse Gaster, ce serait rabbi Akiba, le plus grand rabbi du second siècle, qui aurait fait adopter le bouclier de David par le Judaïsme. Il supposait qu’Akiba l’avait employé comme symbole messianique dans la guerre de libération de Bar Kokhba, le « fils de l’étoile », contre l’empereur Hadrien. Cette supposition est tout aussi fantaisiste que celles qui font remonter le bouclier de David au Zohar du XIIIème siècle ou au grand kabbaliste du XVIème siècle Isaac Luria. Cet emblème n’apparaît pas une seule fois dans ces ouvrages, du moins comme symbole du judaïsme. On ne rencontre l’hexagramme, appelé « sceau de salomon » qu’une seule fois dans toute la littérature lurianique. On le trouve sur une médaille, mais cela n’a aucun rapport avec les idées développées dans ces ouvrages. Les manuels courants sur le judaïsme prétendent, sans donner aucune preuve, que l’emploi du bouclier de David viendrait de la Kabbale de Luria. Max Grunwald, qui a mis en circulation de nombreuses idées fantaisistes touchant cet emblème, écrivait en 1923 : « Ce signe international ne commença d’être reçu comme un symbole spécifiquement juif qu’avec Isaac Luria. Celui-ci a vu dans ce signe une image de l’adam kadmon : les 6 triangles, plus l’hexagone en son centre, représentent les 7 sphères inférieures. Quand aux 3 sphères supérieures, on doit supposer qu’elles se trouvent au-dessus. ». On chercherait en vain d’où peut sortir une telle ordonnance. Rien, dans quelque texte kabbaliste que ce soit, ne le suggère. Bela Vajda a cherché à nous convaincre que « la signification du bouclier de David, tel qu’on le trouve décrit dans le Zohar [mais celui-ci ne fournit aucune référence !], a été fortement influencée par la puissante imagination de Luria ; celui-ci trouvait qu’il représentait sa conception du monde avec une force étonnante. ». De telles absurdités se retrouvent d’un ouvrage à l’autre. »

« Il faut chercher l’origine véritable du bouclier de David et de son apparition dans le judaïsme tout à fait ailleurs que dans le domaine des conceptions théosophiques et symboliques de la Kabbale. Le bouclier de David nous ramène d’abord vers le monde de la magie juive, qui a mérité par la suite l’appellation de « Kabbale pratique », bien qu’elle n’ait été liée que d’une façon très lâche et très extérieure avec les conceptions et les doctrines théoriques des kabbalistes. J’emploi ici le terme de « kabbale pratique » selon l’usage linguistique de la littérature kabbalistique elle-même. »

« Les signes et les figures magiques passent d’un peuple à l’autre de même que les combinaisons des noms « sacrés », c’est-à-dire incompréhensibles, de la magie savante ou de la magie populaire circulent, parmi les nations et les religions, de façon si souvent déformée qu’on ne peut plus les reconnaître. Ces figures magiques – certaines ont un caractère absolument expressionniste comme dans le Dr Faust ou l’infernale emprise – sont bien connues dans la littérature magique du Proche-Orient et de l’Europe, où elles sont appelées des « sceaux ». Ce nom provient à la fois de leur usage primitif sur des chevalières – à une certaine époque, la fabrication de ces bagues magiques constitua une véritable technique dont nous possédons encore les manuels – et de l’idée très répandue qu’avec de tels signes on peut se « sceller » soi-même et obtenir protection contre les attaques des esprits et des démons. Deux des figures les plus importantes qui furent ainsi « chargées » de sens magique furent l’hexagramme et le pentagramme. En pratique les deux signes étaient à peu près interchangeables. Une même amulette, dont on possède des spécimens divers venant du même endroit et datant de la même époque, porte tantôt le pentagramme, tantôt l’hexagramme. Il est difficile de dire pendant combien de temps les sceaux les plus courants ont étés désignes par telle appellation déterminée. Les Arabes, qui ont porté d’une façon générale un intérêt considérable aux sciences occultes et qui ont composé des traités systématiques de la magie bien avant les « kabbalistes pratiques », ont rendu ces appellations extrêmement populaires. Mais les appellations de ces deux emblèmes, sceau de Salomon, bouclier de David, sont souvent interchageables et nous renvoient à la magie juive pré-islamique. Leur origine ne doit pas être cherchée dans le monde arabe. Car ce dernier n’a connu que l’appellation « sceau de Salomon ». ».

« L’emploi magique du sceau de Salomon est lié manifestement à la légende (déjà attestée par Flavius Josèphe) touchant le règne de Salomon sur le monde des esprits. Selon cette très ancienne légende, ce qui fut gravé à l’origine sur la chevalière de Salomon était non pas un emblème magique, mais le nom ineffable de Dieu, le tétragramme. Le pouvoir de cette chevalière est décrit avec une grande assurance dans certains textes magiques juifs – puis, plus tard, chrétiens – comme le Testament de Salomon, manuel en grec de magie juive et judéo-chrétienne, extrêmement ancien dans ses éléments originaux. Cependant, nous ne saurions dire avec certitude quand l’inscription primitivement gravée sur cette chevalière merveilleuse fut remplacée par l’une des deux figures. Nous pouvons seulement tenir pour assuré que ce changement fut opéré avant le VIème siècle, c’est-à-dire avant l’apparition de l’Islam. Karl Preisendanz a donné la description d’une amulette dont il existe des copies au British Museum et à Leningrad. Les dessins chrétiens qui se trouvent sur sa face nous permettent de la dater avec une grande exactitude du VIème siècle. L’envers présente entre autres choses deux lions qui soutiennent un hexagramme très bien exécuté ; sur la face, cet hexagramme est désigné comme étant spécifiquement un « sceau de Salomon ». Le dessin des deux lions est un motif originellement juif qui a été repris par les chrétiens. On ne peut encore dire si l’application de cette appellation à l’hexagramme est apparue pour la première fois chez les Juifs ou chez les Chrétiens, à qui les Arabes l’ont emprunté. Mais il semble que l’ensemble des conceptions qui conduisent à établir un lien entre l’hexagramme et le nom de David aient déjà été courantes vers cette époque. La base de celles-ci est une inscription sur une pierre tombale de Tarente, en Italie du Sud, qui n’est certainement pas postérieure au VIème siècle. L’inscription indique que cette sépulture est celle de la femme d’un certain Léon, fils de David, et un hexagramme est ciselé en avant du mot David. Il paraît difficile de voir là une simple coïncidence, car l’hexagramme ne se rencontre jamais sur les pierres tombales juives du Moyen Age, pas même quand on y lit le nom de David. Sur le monument d’une Juive espagnole de Tortosa, qui date à peu près de la même époque, on trouve un double pentagramme à la fin de la première ligne, mais sa signification à cet endroit demeure peu claire. »

« Il est facile d'expliquer d'où peut venir le lien entre l'hexagramme et le roi David. Nous connaissons des textes juifs de magie remontant au moyen âge dans lesquels on lit que le bouclier que portait David lui servait de moyen magique de protection.
Le plus ancien de ce texte vient vraisemblablement de l'Orient ou bien d'Italie du Sud. Il fournit l'explication de l'alphabet secret utilisé pour ce qu'on appelle « l'écriture en étoile » souvent employée sur les médailles. C'est alphabet particulier, qui est supposé avoir été l'alphabet de Métatron, le plus élevé des princes angéliques, a été conservé dans un certain nombre de manuscrits hébraïques. Une de ses lettres, qui a la forme d'un grand V latin, avec trois petits cercles à ses extrémités, avait l'allure d'un bouclier « car le roi David avait un bouclier sur lequel était gravée le grand Nom de Dieu avec ses soixante-douze lettres - combinaison des noms sacrés qui, selon une antique légende juive, avait rendu possible la rédemption d'Israël de l'Égypte - et qui lui permettait de gagner toutes les guerres ». On indique ici, en outre, qu'un verset de la Bible était gravé sur ce bouclier est que les premières lettres de chaque mot de ce verset formait le mot Macchabée. Ce bouclier avait été conservé et il était parvenu à Judas Macchabée, le héros des guerres macchabéennes. D'autres textes magiques semblables circulèrent chez les juifs d'Allemagne au XIIIe siècle. Il existe, par exemple, une explication des 70 noms secrets de Métatron, mais on trouve ici cette variante que, sous le grand Nom de Dieu, un autre nom se trouve inscrit : Taftafiyah, qui est l'un des noms secrets de Métatron. « Quand vous sortirez pour combattre et que vos ennemis vous attaqueront, prononcez ce nom et vous serez indemnes. » Sur la base des données éparses qui nous sont parvenues, nous ne pouvons préciser pourquoi ce nom, Macchabée ou bien Taftafiyah, fut mis en relation avec l'image de l'hexagramme, ce qui expliquerait que celui-ci ait été regardé comme figurant le bouclier de David. La pierre tombale de Tarente pourrait bien être le témoignage le plus ancien d'une telle association d'idées. Mais il reste étrange que, comme nous le verrons, près de 700 ans aient dû s'écouler avant qu'on puisse voir avec certitude l'hexagramme désigné comme bouclier de David dans la littérature hébraïque. »


« Mais quel qu'ait pu être le nom sous lequel le pentagramme et l'hexagramme furent connus, ils ont eu au cours de leur carrière magique un but précis, et un seul : c'est à dire de protection contre les démons. Dans ce contexte, on les rencontre aussi dans les versions magiques de la mezuzah qui furent très répandues du début du moyen âge au XIVe siècle. La mezuzah est une capsule qui contient un passage de la Tora écrit sur une bande de parchemin. Selon une prescription rabbinique qui remonte bien avant l'ère chrétienne, une mezuzah doit être attaché au montant de la porte de chaque maison juive. Bien qu'au début cette pratique n'est eu que rarement un sens de protection magique la mezuzah a pu aisément être employé à cet effet par les adeptes de la magie.
Rabbi Eliézer de Metz (XIIe siècle) rapporte que : « C'est l'habitude d'ajouter à la fin des versets bibliques contenus dans la mezuzah des sceaux et des noms d'anges à fin d'accroître la sécurité de la maison. Une telle pratique est ni prescrite ni interdite : elle constitue simplement une protection supplémentaire. ». Mais certaines autorités ordonnèrent sans hésiter que la mezuzah soient écrites avec ses additions de caractère magique. Maïmonide attaque vigoureusement les extrémistes qui inscrivent des noms d'anges et des sceaux non seulement dans les marges du texte de la mezuzah mais aussi dans le texte, même entre les lignes. Selon lui, elles perdent du fait même leur valeur de salut « par ce qu'on pervertit ainsi le plus grand commandement qui nous invite à proclamer l'unité, l'honneur et l'amour de Dieu pour en faire une amulette à des fins intéressés ».
Cependant les sceaux qu'on rencontre dans ces versions magiques de la mezuzah et dont un certain nombre ont été conservés, ne sont pour la plupart que des hexagrammes. Parfois, comme dans le cas d'une mezuzah de la collection Elkan Adler, on trouve jusqu'à 12 hexagrammes.
Ainsi cet emblème a commencé sa carrière dans le monde juif, n'ont pas comme symbole du monothéisme, mais comme talisman magique contre les esprits mauvais. Dans les masses, cette signification de la mezuzah est demeuré la signification principale jusque dans la première moitié du XIXe siècle. Cette version magique est venue sans doute de Babylonie ou de la Palestine au début du moyen âge, bien que nous ne soyons pas en mesure de déterminer dans lequel de ces deux pays elle est née. Nous ne possédons pas de documents de cette époque qui nous dise comment on devait confectionner une mezuzah magique et qui nous indique de quel nom on se servait pour désigner le sceau : sceaux de Salomon ou bouclier de David. Tous les manuels déclarent que le savant karaïte Judas Hadasi (milieu du XIIe siècle) fut le premier a appeler l'hexagramme bouclier de David, mais cette précision est une addition de l'imprimeur qui a publié l'ouvrage de Hadasi en Russie du Sud en 1836. »


« Jusqu'au XVIIe siècle, l'hexagramme ne se rencontre que rarement sous l'un ou l'autre de ces deux noms sur les amulettes juives ou dans les descriptions de ces amulettes dans les écrits d'occultisme. Un manuscrit contenant de telles instructions, qui fut constitué en Italie vers 1550, contient sur la page de titre une décoration qui présente deux coeurs enlacés et plusieurs boucliers de David. Un peu plus tard (Il en est question déjà dans un manuscrit de 1586), les étudiants d'Isaac Luria à Safed connaissent un « talisman général » ce qu'ils décrivent comme étant un hexagramme et qu'ils appellent « sceau de Salomon ». Mais un manuscrit judéo-allemand écrit aux environs de 1600 (qui se trouve maintenant à Jérusalem) appelle le pentagramme « bouclier de David à 5 pointes » - ce qui nous montre l'indétermination persistante de la terminologie. »

Je t'en recopierait d'autres, mais là j'arrête c'est trop long.
Ase
   Posté le 04-03-2010 à 09:35:49   

Atil a écrit :

Voir ici à droite


Ah oui c'est vrai ! Il y en a de plusieurs types chez les égyptiens.
Atil
   Posté le 04-03-2010 à 11:57:29   

Houla ! Que c'est compliqué tout ca !



"une étoile à 6 pointes avec 6 rayons rayonnant de son centre, ce qui a conduit quelques auteurs à confondre cette étoile avec l’hexagramme, bien que celui-ci présente un dessin géométrique très différent. "

>>>>>>>C'est l'un des problèmes que je rencontre : Plusieurs sites Web confondent de telles étoiles "peines" avec le symbole de l'hexagramme. C'est pourquoi j'aime bien voir la photo des symboles cités pour m'en faire une opinion personnelle.
(Pour le signe retrouvé à Megiddo, j'en ai un dessin reconstitué ... donc subjectif, mais pas de photo).



"Il s’agit de l’emblème des deux lions se tenant sur l’arbre de vie ou sur l’arche de la Tora qui lui a été associée. "

>>>>>>>Voila ce qui fait furieusement penser à l'amulette dont tu m'avais parlé et ou on voyait un hexagramme avec deux lions (et qui est re-décrit un peu plus loin)!



"nous ne saurions dire avec certitude quand l’inscription primitivement gravée sur cette chevalière merveilleuse fut remplacée par l’une des deux figures. Nous pouvons seulement tenir pour assuré que ce changement fut opéré avant le VIème siècle, c’est-à-dire avant l’apparition de l’Islam."

>>>>>>>Cependant, le musulman Tabari décrivait encore la bague de Salomon comme portant le nom de dieu.
Atil
   Posté le 04-03-2010 à 15:23:38   

PS : Il y a des illustrations intéressantes dans ce livre ?
tayaqun
   Posté le 04-03-2010 à 18:39:27   

encyclopédie des symboles
La Pochothèque
Livre de Poche
Il y a une représentation de l'étoile à 6 branches ...
Etoile à 6 pointes et fleurs à 6 pétales d'après une miniature indienne...
Page 636
Commentaire du nombre six... et sept...
Page 602 représentation du sceau avec planètes et selon la matière.
Ase
   Posté le 04-03-2010 à 23:02:18   

Atil a écrit :

Citation :

il s’agit de l’emblème des deux lions se tenant sur l’arbre de vie ou sur l’arche de la Tora qui lui a été associée.


Voila ce qui fait furieusement penser à l'amulette dont tu m'avais parlé et ou on voyait un hexagramme avec deux lions (et qui est re-décrit un peu plus loin) !


Ça n'a peut-être rien à voir, mais ça me fait également penser au récit biblique du trône de Salomon recouvert d'or et d'ivoire dont deux lions se trouvaient le long des accoudoirs et 12 lions le long des marches qui constituent ce trône (2 sur chacune des 6 marches).

Est-il possible de faire une interprétation kabbaliste de ce passage, en supposant que le trône en question c'est l'arbre des sefirot ? L'arbre des sefirot étant l'arbre de vie. Ce qui ferait de l'hexagramme un emblème précurseur de l'arbre de vie ?
Mais bon c'est assez tiré par les cheveux pour quelque chose qui au départ était censé être un simple "anneau/bague/chevalière"...

Je viens de retrouver ce passage dans le livre 1er des Rois 10:16-20, et je note qu'il y est précédemment question de "boucliers d'or battus". Le passage est assez ambigu..., je ne le comprends pas trop, mais j'ai l'impression qu'il dit que Salomon s'est fait battre des "boucliers d'or". Or généralement quand on "bat monnaie" on y met une inscription, même deux pour chaque face, cela peut-être une devise, une effigie, un symbole, un nom, mais le texte n'en parle pas.
Ce texte relate peut-être l'idée qu'il fait frapper de son symbole les anciennes monnaies de certains territoires "conquis".



Citation :

Il y a des illustrations intéressantes dans ce livre ?


Malheureusement aucune, juste des références

J'ai fait une rapide recherche sur " Jewish Symbols in the Greco-Roman Period ", je suis tombé sur ces jolies bagues du IVème siècle où l'on y voit une Menorah.


Est-ce que quelqu'un sait ce que signifie chacune des 7 branches de la Menorah ?
Atil
   Posté le 04-03-2010 à 23:36:21   

Certains les ont mises en rapport avec les 7 planètes.

En ce qui concerne les lions, ils seraient l'emblème de Juda (la Judée).
Ase
   Posté le 05-03-2010 à 08:06:44   

Voici quelques extraits supplémentaires :

« À côté de son usage magique, l'hexagramme était employé également, depuis le début de l'époque arabe, a simple fin de décoration. Cet usage est tout à fait conforme à la tradition ornementale tant prisée des Arabes. La Massore (c'est-à-dire la tradition relative au texte de la Bible), dans les manuscrits bibliques orientaux, contient parfois cette figure. On trouve aussi l'hexagramme ou un octogramme à côté de l'image de la Menorah, qui est un symbole juif authentique. Dans leur ouvrage L'ornement hébraïque, Berlin, 1905, D. Günzburg et V. Stassof ont reproduit en miniature divers échantillons de ces figures ornementales. Les éditeurs datent les textes du IXe siècle ; mais cette indication reste douteuse ; il est plus probable qu'il proviennent d'Égypte et datent du début du XIe siècle.
Ces décorations sur les manuscrits de la Bible passèrent d'Orient en Europe. Ainsi, à la fin du manuscrit d'une Bible hébraïque écrite un Allemagne en 1298, qui se trouve à la bibliothèque nationale de Paris et qui fut exposé en 1960 à l'exposition « Synagogua » de Reckklinghausen, on trouve un hexagramme de style très entrelacé. Le moyen âge à manifesté une préférence spéciale pour l'hexagramme en position inclinée. Ceci est vrai aussi bien pour les églises chrétiennes (par exemple sur le trône épiscopal de marbre de la cathédrale d'Anagni, qui date d'environ 1226) que pour les manuscrits hébraïques. On rencontre un hexagramme inclinée, magnifiquement exécuté, au milieu d'ornements géométriques, sur une page spéciale à la fin de la Bible Kennicott de la Bodléienne d'Oxford, qui a été écrite peu avant l'expulsion des juifs d'Espagne et qui fut illustré par un artiste juif, Joseph ibn Hayyim.
Cet emblème était utilisé également pour décorer les sceaux que les personnages officiels apposaient à côté des signatures sur les documents publics. Mais cet usage se rencontre au même titre dans le monde juif et dans le monde chrétien. Le témoignage le plus ancien d'emploi d'un tel sceau nous est fourni par un notaire chrétien de Barcelone en 1190. Des documents de 1226 relatifs à des transactions opérées par des juifs aragonais sont signées par un notaire chrétien de la ville à l'aide d'un hexagramme. Le même signe se rencontre en 1248 sous la main d'un agent des finances juifs. Son nom étant Vidal Salomon, on peut supposer qu'il regardait ce signe comme le sceau de Salomon. On le rencontre aussi, sans aucune relation avec les noms de David et de Salomon, sur le sceau d'un juif allemand qui occupait la fonction officielle de trésorier de l'archevêque de Trêves. Se sceau se rencontre sur un document de l'année 1347. Le nom Jacob ben rabbi Nethanel (dans le texte latin : Daniel) est écrit tout autour d'un cercle contenant un hexagramme et dont le centre est une étoile rayonnant de six rayons. C'est le seul exemple que nous connaissions de l'emploi de l'hexagramme sur les sceaux des juifs allemands de cette époque. »


« Il n'y a pas de preuve certaine que l'hexagramme ait été si mis en relation avant le XIIIe siècle avec la légende du bouclier de David.
Mais comme c'est dans la littérature juive que ce lien est apparu pour la première fois nous pouvons tenir avec certitude que la nouvelle appellation de l'hexagramme est venue de là. Le premier cabaliste qui ait rattaché le bouclier de David aux guerres de David et qui invoque ouvertement cette légende est Joseph Gikatilla dans les Portes de la Justice (1280-1290). Comme sa source antique,Gikatilla cite également une ancienne prière juive très populaire en y juxtaposant ce bouclier magique et la qualification de Dieu comme « bouclier de David ». Mais il n'indique pas l'origine de cet usage. Ceci aura changé quelques années plus tard. Peu après 1300, un ouvrage cabalistique fut composé en Espagne sous le nom de Sefer ha-Gevul (Le livre de la frontière). Son auteur est David ben Judah, petit-fils du côté de son père du grand cabaliste catalan Moïse ben Nahman, et descendant par sa mère de Judah le pieux, le chef célèbre du hassidisme allemand du moyen âge. Cette oeuvre, qui n'a été conservée qu'en manuscrit, est un commentaire d'une partie du Zohar. Nous y trouvons l'hexagramme par deux fois et aux deux endroits il est caractérisé explicitement, par une inscription ajoutée au-dessus de l'image, comme signifiant le bouclier de David. En dessous de l'image on peut lire le nom magique Taftafiyah. »


« Il est intéressant de noter à cet égard qu'à la fin du moyen âge une autre tradition, tout à fait différente, à circulé touchant le bouclier du roi David. Isaac Arama, célèbre auteur juif espagnol, prétendit, en 1470, que le psaume 67 était gravé sous la forme d'une Menorah sur l'écusson de David. Un rapport digne d'être noté est établie ici entre la Menorah et le bouclier de David, bien que ce ne soit pas au sens que l'expression « bouclier de David » a connu par la suite. On a l'impression, cependant, que le bouclier de David commence à cette époque à être considéré comme un symbole du judaïsme a l'égal de la Menorah. À partir du XVe siècle, on voit se répandre la coutume décrire le psaume 67 sous la forme d'un chandelier à 7 branches, et c'est pourquoi on appelle souvent ce psaume le « psaume de la Menorah ». »

« Après son apparition vers 1300, nous voyons l'appellation « bouclier de David » remplacer ici et là celle de « sceau de Salomon » dans les collections manuscrites de la « cabale pratique », avant même l'expulsion d'Espagne. En 1506, l'auteur de la compilation cabalistique Shushan Sodot, faites à partir de sources primitives, signale la préparation d'un anneau magique portant le « dessin du bouclier de David ». Il n'indique pas quelle était la forme de ce dessin, sans doute parce que cette forme était familière à ses lecteurs. Ce signe apparaît fréquemment sur les amulettes du célèbre magicien Rabbi Joël Baal Shem (vers 1650), avec habituellement ce nom. »


« En 1708, deux controverses furent publiées à Wittenberg par David Théodore Lehmann sous le titre De clypeo Davidis. Nous avons connaissance par des brochures de cette époque en latin un allemand, des allégories employées par les alchimistes, comme Naturae naturantis et naturatae Mysterium ou Le secret de la nature sur le bouclier de David, publié en 1724 à Berleburg, centre célèbre de théosophie chrétienne. Des explications comme celles que nous avons évoquées sont suggérées par les symboles alchimiques. Le premier triangle était le signe de l'eau et le triangle inversé le signe de feu ; les triangles entrecroisés représentaient ainsi l'harmonie des éléments contraires. Beaucoup d'alchimistes penser que leur interpénétration produisait « l'eau incandescente » (esh-mayyim) et il reprenaient le vieux jeu de mots talmudique sur le mot hébreu qui signifie ciel, shamayyim. Les théosophes chrétiens de cette époque, qui aimaient employer le langage de l'alchimie, invoquent souvent cette « eau incandescente » pour expliquer l'origine du bouclier de David et de la « chevalière étoilée ».
Mais de telles explications sont rares chez les auteurs juifs de cette époque. Au lieu de cela, ils expliquent ce signe comme la marque distinctive de la maison de David et ils établissent ainsi le lien entre la magie et le symbolisme du « royaume de David » dans la cabale. Chez les cabalistes, le royaume de David et le symbole de la deuxième sephirah dans l'arbre des dix émanations ou potentialités par lesquelles la divinité se manifeste. Cette sephirah est représentée dans le monde supérieur par le corpus mysticum de la « congrégation d'Israël » et, dans le monde inférieur, par le « royaume de David ». Abraham Hayyim Cohen de Nikolsburg, cabaliste morave de la première moitié du XVIIIe siècle et fils d'un prédicateur sabbatéen influent, écrit que l'écusson des rois du royaume du Nord d'Israël était différent de celui de la maison de David en Juda. Alors que les rois du Nord n'avaient comme armoirie qu'un simple triangle, les rois de la maison de David avaient un hexagramme, indiquant par là qu'ils relevaient de la sphère du « royaume ». »
Atil
   Posté le 05-03-2010 à 09:09:40   

Il ne me reste plus qu'à "digérer" tout ca
Ase
   Posté le 05-03-2010 à 09:11:36   

Selon ce que j'ai compris jusqu'ici, pour Gershom Scholem, l'hexagramme n'a rien à voir avec la kabbale, pour lui c'est au milieu du XIXème siècle que l'hexagramme prend un sens propre au judaïsme et à la mystique juive. Mais je ne suis pas assez satisfait de sa déclaration au sujet de la mystique juive.
Néanmoins, l'hexagramme est perçu, ce depuis la haute antiquité comme l'union de deux triangles qui s'entrecroisent. Or tout kabbaliste dès le Moyen-Age qui décompose l'arbre de vie voit un triangle qui pointe vers le haut formé des 3 sefirot supérieures (Kéter, 'Ho'hma, Bina) et un triangle qui pointe vers le bas formé des 3 sefirot inférieures (Hod, Nétsa'h, Mal'hout), donc de fait non entrcroisés. Lorsqu'il y a union des deux cela forme ce que les kabbalistes appellent le Kéter Mal'hout (la Couronne Royale).
Alors je pose la question, est-ce que par hasard, on peut dire que, dans une interprétation kabbaliste, l'hexagramme désigne le Kéter Mal'hout ?



G.S. a écrit :

Il est facile d'expliquer d'où peut venir le lien entre l'hexagramme et le roi David. Nous connaissons des textes juifs de magie remontant au moyen âge dans lesquels on lit que le bouclier que portait David lui servait de moyen magique de protection. Le plus ancien de ce texte vient vraisemblablement de l'Orient ou bien d'Italie du Sud. Il fournit l'explication de l'alphabet secret utilisé pour ce qu'on appelle « l'écriture en étoile » souvent employée sur les médailles. C'est alphabet particulier, qui est supposé avoir été l'alphabet de Métatron, le plus élevé des princes angéliques, a été conservé dans un certain nombre de manuscrits hébraïques.


Est-ce par hasard cet alphabet dont il est question ici ne serait rien d'autre que les Otiot de Rabbi Akiva (où il interprète les lettres de l'alphabet hébreu en leur donnant un sens mystique) ?
(Rabbi Akiva est considéré comme le fondateur du judaïsme rabbinique, il était le maître de Rabbi Chimeone bar Yohaï auteur du Sefer ha-Zohar)
Atil
   Posté le 05-03-2010 à 09:31:31   

N'oublions pas que l'Hexagramme est antérieur à la kabbale. Celle-ci n'en parle d'ailleurs pas, au début. Elle n'a donc fait que le "récupérer" tardivement.


"Or tout kabbaliste dès le Moyen-Age qui décompose l'arbre de vie voit un triangle qui pointe vers le haut formé des 3 sefirot supérieures (Kéter, 'Ho'hma, Bina) et un triangle qui pointe vers le bas formé des 3 sefirot inférieures (Hod, Nétsa'h, Mal'hout). L'union des deux formant ce que les kabbalistes appellent le Kéter Mal'hout (la Couronne Royale)."

>>>>>>On peut regrouper les séphiroth un peu comme un veut; souvent c'est plutôt avec Hod, Yesod et netzah qu'on forme un triangle. Rien de plus facile que de fabriquer des triangles ... mais il faut encore voir ce qu'on fait des séphiroths qui restent.




"Alors je pose la question, est-ce que par hasard, on peut dire que, dans une interprétation kabbaliste, l'hexagramme désigne le Kéter Mal'hout ?"

>>>>>>>l'Hexagramme correspond au bouclier de David ... hors tu as évcris plus haut : "Chez les cabalistes, le royaume de David et le symbole de la deuxième sephirah dans l'arbre des dix émanations "



"Est-ce par hasard cet alphabet dont il est question ici ne serait rien d'autre que les Otiot de Rabbi Akiva (où il interprète les lettres de l'alphabet hébreu en leur donnant un sens mystique) ? "

>>>>>>>Si j'ai bien compris, cet alphabet correspond aux symboles bizarres qu'on trouve dans les manuels de sorcellerie au moyen-age. Ces symboles avec des petits cercles au bout de chaque trait.
Ase
   Posté le 06-03-2010 à 08:35:56   

Citation :

N'oublions pas que l'Hexagramme est antérieur à la kabbale. Celle-ci n'en parle d'ailleurs pas, au début. Elle n'a donc fait que le "récupérer" tardivement.


Mais tout le problème est là : cette récupération date de quand ?
Les variantes dépendent des interprétations des différentes écoles.
Si on en croit Gershom Scholem, la récupération fut très tardive puisque l'on voit ce symbole apparaître dans la Kabbale pratique (kabala ma'asit) au Moyen-Age.
La problématique que je me pose, est, si on ne peut pas voir cette affaire de façon différente. Je me souviens d'une de mes discussions avec un rabbin kabbaliste (hassidisme) qui m'avait dit que l'hexagramme était un symbole simplifié pour désigner l'échelle de Jacob.
Du coup, je me demande si le symbole de l'hexagramme n'aurait pas influencé la structure de l'arbre de vie puisque les maîtres disent qu'à l'origine l'arbre de vie n'était pas un "ilan" (arbre) mais un cercle dont les rayons intérieurs formaient des relations entre les différents sefirot (mais je n'ai jamais trouvé d'image qui représentait cela, juste une mais je n'ai jamais cherché à savoir si elle était sérieuse).



Citation :

On peut regrouper les séphiroth un peu comme un veut; souvent c'est plutôt avec Hod, Yesod et netzah qu'on forme un triangle. Rien de plus facile que de fabriquer des triangles ... mais il faut encore voir ce qu'on fait des séphiroths qui restent.


Je suis d'accord avec toi que le triangle du bas que j'ai proposé est assez foireux, le tien semble plus logique. Ceci dit, il n'est pas si facile de faire des triangles dans la kabbale : il faut suivre des règles. Comme par exemple le respect des sentiers, des symétries, etc. Ce que je n'avais pas fait.




Citation :

l'Hexagramme correspond au bouclier de David ... hors tu as évcris plus haut : "Chez les cabalistes, le royaume de David et le symbole de la deuxième sephirah dans l'arbre des dix émanations"


Je vois ce que tu veut dire, mais je ne sais pas d'où il tire cela. La deuxième sefira est 'Ho'hma, la sagesse. Le royaume de David est de ce point de vue le symbole de la sagesse. Mais ceci n'est pas suffisamment rigoureux puisque de quel monde (olam) parle-t-il ? Si ce n'est pas précisé, je suppose qu'il parlait du Olam Ha-Atzilout.
Néanmoins, Maïmonide à son époque associait la royauté de David à la sefira Mal’hout.




Citation :

Certains les ont mises en rapport avec les 7 planètes.


Et d'autres (Maïmonide) le mettent en relation avec les 7 qualités des 7 Justes : Avraham pour la bonté, Itshak pour la justice, Yaakov pour la vérité, Moshé pour la détermination (nétsa’h), Aaron pour la noblesse (hod), Yossef pour la stabilité (yessod), David pour la royauté (mal’hout).
J'ai une ancienne représentation de la Menorah de Maïmonide si ça t'intéresse, voir ici :



ps : il y a dans certaines gravures juives, à la place de deux lions, on trouve deux léopards qui sont de chaque côté d'un arbre de vie.
Atil
   Posté le 06-03-2010 à 11:14:58   

"Les variantes dépendent des interprétations des différentes écoles."

>>>>>>la kabbale est tellement obscure (pire que dalaha) qu'on peut l'interpréter de multiples manières.



"Si on en croit Gershom Scholem, la récupération fut très tardive puisque l'on voit ce symbole apparaître dans la Kabbale pratique (kabala ma'asit) au Moyen-Age. "

>>>>>>Je ne sais même pas si la "kabbale pratique" dérive tant que ca de la kabbale. Elle doit beaucoups à la magie, hébraïque ou pas.



"Je vois ce que tu veut dire, mais je ne sais pas d'où il tire cela. La deuxième sefira est 'Ho'hma, la sagesse. Le royaume de David est de ce point de vue le symbole de la sagesse. Mais ceci n'est pas suffisamment rigoureux puisque de quel monde (olam) parle-t-il ? Si ce n'est pas précisé, je suppose qu'il parlait du Olam Ha-Atzilout.
Néanmoins, Maïmonide à son époque associait la royauté de David à la sefira Mal’hout. "

>>>>>>>Ben oui ... il doit y avoir autant de versions que de commentateurs de la kabbale.



"J'ai une ancienne représentation de la Menorah de Maïmonide si ça t'intéresse, ..."

>>>>>>>Certains pensent que la ménorah droite serait plus ancienne que la ménorah "courbe". je ne suis pas sûr que cela soit confirmé par les plus abnciennes représentations de la ménorah retrouvées.
Certains pensent que la ménorah dériverait de l'"arbre de lumière" des Mésopotamiens.
Je ne sais pas du tout ce qu'est cet arbre.



"il y a dans certaines gravures juives, à la place de deux lions, on trouve deux léopards qui sont de chaque côté d'un arbre de vie."

>>>>>>>Je n'arrive pas à trouver de représentations antiques de cet arbre de vie accompagné de deux félins. J'aimerai bien voir si cet arbre ressemble à une ménorah.
Ase
   Posté le 06-03-2010 à 14:01:35   

Citation :

Certains pensent que la ménorah dériverait de l'"arbre de lumière" des Mésopotamiens.
Je ne sais pas du tout ce qu'est cet arbre.


Je suppose que c'est l'arbre blanc et sacré que tu nommes "arbre de lumière" dont tu nous avait déjà parlé sur ce forum que tu recherches ?



Citation :

Je n'arrive pas à trouver de représentations antiques de cet arbre de vie accompagné de deux félins. J'aimerai bien voir si cet arbre ressemble à une ménorah


Afin de voir si les kabbalistes auraient pu s'inspirer de la ménorah pour former la symbolique de l'arbre de vie kabbaliste ?
Certains se sont amusés à faire des correspondances :


Sinon, j'ai trouvé quelques photos ici de deux lions autour de l'arche du 4ème siècle :
http://www.civilization.ca/cmc/exhibitions/civil/israel/isrel622f.shtml
Atil
   Posté le 06-03-2010 à 14:14:10   

J'avais trouvé le même.
mais pas moyen de trouver une image avec l'arbre de vie.
uber
   Posté le 23-01-2011 à 19:25:33   

Je lis avec interet votre debat. Je ne crois pas qu'il y ait de rapport entre l'exagramme et le pentagramme. L'exagramme ou étoile a cinq branches , sous sa forme usuelle et non sous sa forme égyptienne provient de mésopothamie. Elle figure le trajet apparent depuis la terre que fait la planète Venus dans le ciel. Venus portait plusieurs noms selon les peuples du coin, ce peut' être Astarté, mais aussi Lucifer etc... Lucifer est donc, un temps,le nom générique des rois de babylone ( seconde époque) et notamment de Nabuchodonosor, (le Nabuco de Verdi) Lucifer Vénus "protégeait" donc cette dynastie. Lorsque Nabuco soumet Israel, Lucifer devient donc symbole du diable pour les hebreux, et les chrétiens ont repris avec le succès médiatique que l'on sait. Exagramme et pentagramme sont souvent sculptés sur des pierres romanes par les compagnons.
uber
   Posté le 25-01-2011 à 12:57:01   

uber a écrit :

Je lis avec interet votre debat. Je ne crois pas qu'il y ait de rapport entre l'exagramme et le pentagramme. L'exagramme ou étoile a cinq branches , sous sa forme usuelle et non sous sa forme égyptienne provient de mésopothamie. Elle figure le trajet apparent depuis la terre que fait la planète Venus dans le ciel. Venus portait plusieurs noms selon les peuples du coin, ce peut' être Astarté, mais aussi Lucifer etc... Lucifer est donc, un temps,le nom générique des rois de babylone ( seconde époque) et notamment de Nabuchodonosor, (le Nabuco de Verdi) Lucifer Vénus "protégeait" donc cette dynastie. Lorsque Nabuco soumet Israel, Lucifer devient donc symbole du diable pour les hebreux, et les chrétiens ont repris avec le succès médiatique que l'on sait. Exagramme et pentagramme sont souvent sculptés sur des pierres romanes par les compagnons.


Les encores bons artisans marocains dessinent le sceau de Salomon par deux carrés entrelacés
Milie
   Posté le 25-01-2011 à 15:15:36   







Ase a écrit :





Pour moi ce schéma résonne, s'étend et s'image mieux, que celui du chandelier.