| Atil | | 35623 messages postés |
| Posté le 28-03-2009 à 14:34:52
| Je ne vais plus voir les films d'horreur. Bah non, on nous prend pour des cons. Un film d'horreur classique, c'est toujours pareil. C'est toujours une bande de jeunes qui louent une maison isolée du reste du monde, à cause de la marée ou je ne sais pas quoi. Tu vois, déjà là, nous on irait pas, bon mais eux ils la louent. Ah oui j'ai oublié de vous dire, évidemment dans la maison y a eu un carnage il y a 40 ans, dont manifestement tout le monde se fout ! Ils ont 20 ans y a 6 gonzesses à épater, bon ils la louent. Bon même le prix de la location c'est louche, hein. Je m'excuse mais c'est toujours une baraque genre petit château de 35 pièces qui louent 30 euros de week-end, vous allez pas me dire... Bah ça fait même pas 1 euro la piaule ! enfin ils la louent. Bon je vous passe aussi les détails du gars qui au début du film les amène en chaloupe. Si, en chaloupe. Souvenez-vous au début je vous ai dis que la maison était isolée du reste du monde à cause de la marée. C'est bon ? Prenez des notes hein si vous n'arrivez pas à suivre, y a pas de soucis. Bon bref le gars les amène en chaloupe. Normalement, il devait rester avec eux mais, bizarrement, il repart au dernier moment, au moment où la nuit tombe, brutalement d'ailleurs, à 14 heures 30 et là vous avez la nuit d'horreur. Vous avez remarqué dans les films d'horreur ils font tomber la nuit quand ils veulent, ils sont pas gênés avec ça ! Surtout dans les Dracula. Dans les Dracula ils ne faut pas y aller pour bronzer parce que dans les Dracula, le soleil il se lève à 11 heures à midi et demi il fait nuit , c'est terminé. Bah oui sinon comment veux tu qu'il les surprennent... Enfin bref personne tombe de son siège d'étonnement dans le cinéma, un quart d'heure après le début du film il y a 8 morts ! Pas un rhume pas une méningite que des morts violentes. C'est des mecs grillés vifs dans la cheminées, deux cent kilos de ketchup, des outils de jardinage, de la viande collée au mur partout. Bon normalement il devrait s'installer une espèce de méfiance dans le groupe qui reste quand même. Penses tu ! Donc à se moment là, je vous rappelle les chiffres, il reste 4 blaireaux, on est bien d'accord. Et à ce moment là le plus trapu des 4 il dit au 3 autres : "J'ai entendu un bruit au grenier ou la cave, et on va faire 2 groupes de 2". Je suis désolé non ! Personne ne fait 2 groupes de 2 à ce moment là, il y a déjà eu 8 morts ! On fera 2 groupes de 2 une autre fois ! C'est vrai que des fois c'est agréable de faire 2 groupes de 2. Si des fois. Je vois, l'autre jour au supermarché à côté de chez moi, on à fait 2 groupes de 2, 2 aux légumes, 2 aux boissons, on a gagné un quart d'heure, mais là non ! Alors on a 8 potes morts je ne sais pas ce que vous en pensez, on est plus que 4, mais normalement on se met dos à dos sur la table du salon avec toutes les lampes électriques et on attend ! Et là le cameraman il faudrait qu'il soit maladroit pour le louper l'assassin. Bah ouais, parce que jusqu'à maintenant, on a eu que les pieds dans l'escalier, ou la main qui coupait le courant. Entre parenthèse j'ai un cadreur comme ça dans un film, je le vire. Bah, dis donc, je lui demande pas de faire un gros plan, mais enfin il pourrait l'avoir en entier, au moins une fois quand même ! Parce qu'en fait on ne sait rien de ce type, c'est ça qui fout les jetons. C'est pour ça mais à ce moment là du film bah moi je suis désolé je me lève et je me barre ! Et j'aimerai bien que tout le monde se lève et tout le monde se barre ! Bah non pas maintenant. Bah je ne sais pas ce qui c'est passé à la fin du film puisque je me suis barré : j'imagine que les 2 de la cave ils se sont fait trucider et puis les deux du grenier, y en a un qui a entendu du bruit dans le garage, et l'autre dans le jardin, ils ont fait 2 groupes de 1, et puis ils sont morts tous les 2 ! Y a plus qu'a attendre 40 ans pour qui est une autre bande de blaireaux qui la relouent la baraque de merde et ça fera un autre carnage, il faut bien faire le numéro 2 ! C'est pour ça que moi je ne vais plus voir les films d'horreur, on nous prend trop pour des cons !
-------------------- ...à mon humble avis. #Atil |
| Atil | | 35623 messages postés |
| Posté le 28-03-2009 à 14:35:17
| La Comédie des horreurs Y a-t-il humain plus stupide, plus niais, plus inconséquent qu'un personnage de film d'horreur hollywoodien ? Poser la question est y répondre : non. Déjà, le PF2H (Personnage de Film d'Horreur Hollywoodien) est généralement jeune, ce qui ne plaide guère en sa faveur – et en plus il est américain. Mais ne nous égarons pas, nous sommes réunis ce soir pour sociologuer à donf. Il convient peut-être de distinguer d'emblée le PF2H que l'on dira «de plein air» de son homologue urbain : bien que la distinction soit peu pertinente du point de vue de leurs stupidité, niaiserie et inconséquence, elle permettra de clarifier le débat. Nous commencerons si vous le voulez bien par le premier. Le PF2H de plein air est en général quatre ou cinq : trois filles et deux garçons ou l'inverse. Il y faut un couple établi, un qui espère concrétiser durant le week-end et un électron libre. Notons tout de suite que le sort le plus enviable est presque toujours celui de l'électron en question : c'est en général lui qui, à la fin, réussit à rejoindre la route goudronnée, en compagnie de l'unique survivante qui, bien qu'ils soient tous deux couverts de sang, de glaires et autres humeurs moins ragoutantes, ne va pas manquer de lui tomber dans les bras. Les PF2H de plein air, comme leur appellation l'indique, choissisent toujours d'aller se faire massacrer en pleine forêt, si possible dans une cabane en rondins abandonnée. Ils sont étudiants et fêtent ainsi la réussite à leurs examens. Le spectateur de F2H peut sans dommage somnoler (ou aller se soulager, rechercher une bière dans le frigo, faire une politesse à Madame, etc.) durant les vingt premières minutes : c'est le moment où le pick up roule sur une route impertubablement droite. À l'intérieur, les cinq crétins ricanent bêtement pour un rien, on se pelote vaguement à l'arrière, tandis que l'électron libre, à la place du mort, constate, retournant la carte dans tous les sens, qu'ils sont paumés. La seule péripétie notable consiste généralement en un arrêt dans une station-service datant de la fin du XVIIIe siècle, dont le pompiste est invariablement invisible. Les garçons le cherchent en braillant toutes les cinq secondes : "Il y a quelqu'un ?", tandis que les filles vont pisser – au moins une, en tout cas. Lorsque le pompiste apparaît brusquement (pour faire peur), on constate sans surprise qu'il a une tronche de débile profond et on se demande qui a bien pu avoir l'idée de lui confier la station-service. S'il tient correctement sa partie, il se doit de bredouiller quelques lambeaux de phrases imbitables, d'où il ressort néanmoins que nos cinq PF2H feraient mieux de retourner passer leur week-end en ville, à vider les réserves d'alcool de leurs parents. Mais ils s'en foutent parce qu'ils sont des esprits forts, et repartent sans avoir cessé un instant de ricaner, afin de pallier l'absence de dialogue. À partir de là, deux écoles : soit ils trouvent la cabane en rondins (ou l'un d'entre eux venait quand il était môme) ; soit ils se perdent complètement, et arrivent à la même cabane en rondins. Là, on s'est déjà fait chier pendant vingt minutes. Dans le quart d'heure suivant, nos PF2H vont, dans l'ordre : - choisir leurs lits, - préparer à bouffer, - ricaner, - une des filles devra obligatoirement prendre une douche pour qu'on la voie à poil, - un des garçon rapporte la caisse de bière du pick up, - l'autre fille flippe parce que l'endroit l'angoisse, - tous constatent, la dernière bouchée avalée, qu'il s'est mis à pleuvoir et que le vent fait battre un volet quelque part. C'est au moment où ils attaquent leur troisième bière que l'un des PF2H trouve le livre ; il est ancien et poussiéreux, si possible nanti d'un fermoir en acier travaillé. Il y a toujours un gros livre de ce genre dans les cabanes en rondins désertes. Ce n'est évidemment ni un recueil de recettes forestières, ni un guide des randonnées pédestres du coin. C'est un livre d'incantations, écrites dans une langue de sauvages, avec des dessins qui collent aux filles une venette biblique, comme dirait Flaubert. Pour que l'action démarre enfin, il est nécessaire que l'un des garçons (de préférence celui qui est déjà en couple – ne me demandez pas pourquoi) se dévoue pour les lire à haute voix, dans le but de faire marrer ses potes. C'est à ce moment-là, comme il aurait été facile de le deviner, que les antiques démons sumériens se réveillent de leur sieste millénaire, pas contents du tout. Les forêts américaines sont bourrées de démons sumériens, il vaut mieux le savoir, et spécialement aux abords des cabanes en rondins. Simultanément, dehors, le pick up coule une bielle tout seul, ou paume une bougie exprès, ou se fait hara-kiri du delco, bref : il refusera de démarrer jusqu'à la fin du film. Et c'est heureux car, s'il démarrait, les démons sumériens seraient fourrés princesse et le movie barrerait en sucette. À partir de là, nos PF2H vont se mettre à avoir des réactions totalement incompréhensibles, ou en tout cas incomparables avec celles d'étudiants normaux, restés en ville. Par exemple, si une fille de modèle courant est brusquement tirée de son sommeil par un long hululement bestial venant du dehors, que fait-elle ? Elle se retourne de l'autre côté et tâche de se rendormir ; après s'être éventuellement accordé un rapide solo de mandoline pour se calmer les nerfs. La PF2H, pas du tout : elle va se lever, sortir de la cabane en rondins, si possible pieds nus et en petite culotte, puis s'enfoncer à couvert des arbres en demandant s'il y a quelqu'un. Qu'est-ce que ça peut lui foutre, qu'il y ait quelqu'un ou non ? C'est évidemment ce qu'attendait le démon sumérien pour tenter de lui sauter sur le paletot afin de posséder son esprit et de lui couvrir le visage de pustules de toutes les couleurs. Par parenthèse, on se demande ce qui peut bien pousser un démon sumérien, ayant plus de cinq mille ans d'expérience, à posséder des esprits tels que ceux qui nous ont été donnés à voir depuis le début du film – mais c'est leurs oignons. La fille se met à courir, si possible dans la direction opposée à la cabane en rondins. Elle prend bien soin de ne pas crier, afin de ne pas réveiller ses potes qui risqueraient alors de lui porter assistance. Non, elle court. En repérant soigneusement toutes les branches basses susceptibles de lui fouetter méchamment le visage. Et voyez le miracle : elle qui, une heure plus tôt, était encore une adolescente en pleine santé, solide sur ses mollets, saine et sportive, la voilà qui se vautre dans les feuilles mortes tous les trois pas. Et quand elle se remet à courir, elle prend bien soin de ralentir régulièrement, afin de regarder derrière, sans doute pour vérifier qu'on la suit toujours et qu'elle ne galope pas pour rien. En effet, on la suit. Le démon sumérien, évidemment invisible, siffle à travers les arbres et progresse à la vitesse d'un bobsleigh sur une piste olympique. Cela ne l'empêchera pas de mettre un bon cinq minutes pour rattraper l'autre greluche qui s'étale tous les dix pas. Enfin, il y parvient et, sur un cri d'horreur muet de la donzelle, se niche confortablement dans son cerveau – où l'on a bien compris qu'ils pourraient largement se loger à plusieurs, vu l'espace vacant : le PF2H possède généralement un cerveau "offrant de très beaux volumes". Ensuite, c'est affaire de pure routine : la jeune possédée n'a plus qu'à rentrer à la cabane en rondins (bizarrement, elle ne trébuche plus et les branches basses lui foutent une paix royale), et à contaminer tout le monde, sauf l'électron libre et celle qui a pris sa douche à poil tout à l'heure. Pour occuper le temps, l'électron va dégoter une hache (ou une scie à métaux, un sécateur, un trombone géant...) et ventiler ses potes pustuleux façon puzzle. Nul ne s'étonnera qu'un bras arraché continue de vaquer à ses occupations ou qu'une tête tranchée et posée sur le poêle à bois parvienne encore à parler le sumérien sans fautes d'accord. Pour les cinq dernières minutes, deux options : soit le pick up retrouve miraculeusement sa bougie perdue et consent à démarrer, soit les deux survivants parviennent à travers bois et à pied à rejoindre la route, où justement passent Mr & Mrs Smith, qui rentrent de leur soirée loto du samedi, à Hebertstown. Le dernier plan sera pour la cabane en rondins. Il ne pleut plus, le vent s'est apaisé, c'est le matin, un pâle soleil se glisse dans le casting ; et l'on voit un gentil petit écureuil ramasser une pomme de pin, commencer à la grignoter, avant de s'immobiliser brusquement et de relever vers la caméra ses deux yeux d'un vert violemment fluo – preuve que les scénaristes préparent déjà une suite et que la cabane en rondins n'est pas près de désemplir. La semaine prochaine, nous étudierons le cas non moins intéressant des PF2H urbains, qui s'obstinent à toujours louer, pour une bouchée de donut, de somptueuses maisons bâties sur d'anciens cimetières indiens.
-------------------- ...à mon humble avis. #Atil |
| tayaqun | loin derrière pour voir devant | | 2925 messages postés |
| Posté le 29-03-2009 à 11:54:15
| Voilà de quoi détendre l'atmosphère. Mais ce plaisir de se goinfrer d'horreurs! Personnellement, je trouve que beaucoup d'adolescents s'abreuvent à cette auge et il me semble que cela n'est pas sans dangers... Les événements récents trouvent probablement leur origine dans cette étrange banalisation du crime, de la douleur, du sadisme et du masochisme. J'ai vu un film d'horreur-s (le s est-il utile ?), c'était "NUIT ET BROUILLARD"! Et grand merci à ceux qui osèrent réaliser ce monument de la conscience. Le jeu film à regarder. Pour se traumatiser à jamais. Cela tient de la vaccination. |
| PizzaMan | 11828 messages postés |
| Posté le 30-03-2009 à 02:44:33
| J'ai bien vu tous les films d'horreur possibles, et je n'ai toujours pas tué qui que ce soit.
-------------------- #PizzaMan |
| Atil | | 35623 messages postés |
| Posté le 30-03-2009 à 07:45:41
| C'est rare que les assassins avouent avoir tué des gens !
-------------------- ...à mon humble avis. #Atil |
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