| Amon GAIA | 211 messages postés |
| Posté le 19-07-2005 à 15:35:04
| """Oui, je connais cette image ! C'est celle éditée par des NAZIS. Elle Représente AMON ! """ ------Heu, Atil tu pourrais censuré svp, quand même se faire insulter par un vieux à la limite de l'insolation et de la déshydratation est un peu grave.... De plus, ce type laisserait croire qu'il est normal que des enfants doivent subire les religions, ce cumul de faux témoignages et de scarifications !!!!! Pour l'intégrité de l'enfance je crois que des être que Digoyo devrait se faire enfermer pour de tel propos difflamatoire sur des éveillés zen qui connaîtraient une certaine partie de la psyché....(je ne me la pète pas mais je sais...autodérision). De plus son attachement au capitalisme américain est déplorable, est sa volonté de protéger de grands pontes liés à certaines croyances sont innacceptable. |
| Amon GAIA | 211 messages postés |
| Posté le 19-07-2005 à 16:02:12
| Bon le post....c'est d'abord le FM...c'est pas le post des religions !!! donc j'arrête sur le judaisme....... """"C'est celle éditée par des NAZIS. Elle Représente AMON """" Mais dans cette phrase une vérité existe quand-même : que les FM, les nazis, ne serait qu'une emprunte améliorée dans les méfaits d'anciennes manières d'anciennes civilisations tel l'Egypte et les Anciens Syriens dont je ne connais plus le nom..... Des âmes réincarnées à l'entrée du paradis, trichant pour y rentrer et controler par la manipulation d'autres âmes........LE MAl quoi, sous toutes ses interprétations. Les Egyptiens étaient de grand scarificateurs et inventeur je crois de la culture de la miséricorde, du pire et de son cumul pour en avoir la parenté et la soumission de d'autres civilisations.... Un peu comme les Ricain et leur dollar sur le Monde ! |
| | Posté le 19-07-2005 à 19:30:14
| Salut, Je pense Garçon que tu manques de plusieurs petites choses tout en te déclarant adepte du Zen. La première est le manque de contrôle. Cette pyramide avec l’œil d’Amon ( Horus aussi) a pour le moins deux histoires. - Elle est un des symboles maçonniques et a été choisie pour être imprimée sur les billets de 1 dollar américain d’où mon clin d’œil : qui n’a pas son dollar ? - Elle est très largement diffusée aujourd’hui dans les milieux pro-nazis et new – âge. Elle fut le signe reconnaissable d’une branche Franc – Maçonnique : Les Illuminés de Bavière qui fut bannie et dissoute pour sa déviance. C’est cette cible dont on n’a aucune archive incontestable qui sert de bouc émissaire dans le Complot Mondial dont tu ne cesses de nous rebattre les oreilles. Complot qui serait né d’après eux il y a environ 300 000 ans quand les Marduckiens, originaires de la planète Nibiru se sont métissés avec des hominiens, pour donner ainsi la branche Sapiens Sapiens. Le prince EA et son groupe de la Confrérie du serpent seraient les maîtres cachés du monde, les Francs – maçons leur alliés et serviteurs terriens, les autres humains, le « Bétail ». - Quand on veut parler de quoi que ce soit, il faut d’abord savoir de quoi on parle. La deuxième petite chose et je m’étonne fort que Zaquiel n’y ait pas mis le holà ( mais tu n’es pas Verdad), sont les insultes. Trop plébeïenes. On fait mieux avec un peu d’humour !
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| Atil | | 35614 messages postés |
| Posté le 19-07-2005 à 19:41:15
| A noter que divers sites racontent exactement les mêmes histoires absurdes de complots mondiaux mais en changeant le nom des comploteurs : Parfois ce sont les juifs, parfois les francs-macons, parfois les illuminatis, parfois divers types d'extraterrestres, etc ... Puisque ce sont exactement les mêmes histoires qui sont racontées simplement en changeant le nom des comploteurs, c'est bien la preuve que c'est nimporte quoi. Chacun met le nom du groupe qu'il déteste le plus et fait circuler une nouvelle version de l'histoire en disant "Ce sont eux les méchants comploteurs !!!" Je rajoute que le complot mondial peut-être dirigé pas staline ou Hitler ressuscité, par le père Noël, par Nounours ou par qui on veut. C'est juste un petit kit de désinformation qui circule et chacun y met le nom qu'il veut.
-------------------- ...à mon humble avis. #Atil |
| Amon GAIA | 211 messages postés |
| Posté le 19-07-2005 à 20:02:42
| ""Parfois ce sont les juifs, parfois les francs-macons, parfois les illuminatis, parfois divers types d'extraterrestres"" Heu c pas les mêmes avec des noms différents ? Sauf que la FM est divisée et que des loges hauts placées se sert des autres loges.... Un peu comme en Inde et son système de caste..... Et soit disant en haut, ceux qui idolatre un marahadjas qui ne peux connaitre l'Amour.......pour aussi se chatié d'une autre façon ! |
| 1diane3 | Bon pied bon oeil ! | | 1002 messages postés |
| Posté le 19-07-2005 à 21:37:16
| Heu c pas les mêmes avec des noms différents ? --> Non non, ce ne sont pas les mêmes, il ne faut pas tout amalgamer. Sauf que la FM est divisée et que des loges hauts placées se sert des autres loges.... --> On appelle cela la hierarchie, d'ailleurs ça ne sert pas que dans les castes et les groupes de pensée. Et soit disant en haut, ceux qui idolatre un marahadjas qui ne peux connaitre l'Amour.......pour aussi se chatié d'une autre façon ! --> Je ne comprends pas. Les maharadjas sont idôlâtrés ? Ils ne peuvent connaître l'amour ? Pourquoi ? Et de quelle façon se châtient ceux qui idolâtrent les maharadjas ? Et quel est le rapport avec la franc maçonnerie ? Vraiment là j'ai besoin de grosses lanternes.
-------------------- Mon oeil ! |
| | Posté le 19-07-2005 à 23:06:16
| Bonsoir, Non, Idiane, Non ! Tu n’as pas besoin d’une grosse lanterne ! Tu raisonnes simplement comme une personne tout à fait normale, saine et naïve. Je crois que tu n’arrives pas à comprendre que tu as affaire à un malade paranoïaque. C’est pourtant simple. L’individu est dans un délire à la limite du paranormal, qui de bric et de broc croit avoir acquis quelques connaissances. Il mélange avec vice et malignité les extrêmes pour se confirmer dans sa folie. Il voue une haine irraisonnée aux juifs et aux francs – maçons, qu’il avoue d’ailleurs sur un autre site ( cybersciences) ou son plaisir « est d’en casser ». >>>""Parfois ce sont les juifs, parfois les francs-maçons, parfois les illuminatis, parfois divers types d'extraterrestres"" Heu c pas les mêmes avec des noms différents ?>>> La conclusion de sa réponse est simple dans son esprit de malade : ce ne sont donc pas des humains. Ce sont donc des ennemis à éliminer ! L’histoire du Maharadja privé de la capacité d’amour ! Il y croit dur comme du fer notre évadé de l’hôpital psy. Il n’en a pas compris la symbolique. Il en va de même sur la circoncision qu’il voue aux gémonies pensant qu’il ne s’agit que d’une pratique Juive ! Il exècre les religions, mais ne cesse de te parler de Karma et de résurrection ! Un CON quoi !
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| ZaQieL | Soyez asservis et heureux de l'être! | | 1484 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 02:04:17
| Il est rare que je sois autant d'accord avec quelqu'un. ZaQieL
-------------------- Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues. Connaître, c'est comprendre toute chose au mieux de nos intérêts. La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu'il y a de moins accompli et de plus fragile en elle. |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:02:44
| Aux heures sombres de Vichy Assimilées à des sociétés secrètes, les loges sont interdites dès 1940, leurs documents sont saisis et les frères fonctionnaires renvoyés... Il faut dire que Pétain considère la maçonnerie comme "la principale responsable de nos malheurs". Par Michèle Cointet * L'Etat français n'a guère qu'un mois d'existence lorsqu'il interdit la franc-maçonnerie. La loi du 13 août 1940 dissout les « sociétés secrètes » et, quelques jours plus tard, sont déclarées nulles les associations dites de la Grande Loge de France, et du Grand Orient en métropole et dans l'empire. Quels sont les auteurs de cette loi répressive ? A quelles motivations obéissent-ils ? L'ensemble du gouvernement du maréchal Pétain est associé à la décision puisque le projet de loi a été présenté au Conseil des ministres, à Vichy. Une discussion s'est même engagée à propos du terme de « sociétés secrètes ». Le ministre du Travail, René Belin, souligna l'intérêt d'une formule large qui permettrait de toucher en même temps les groupes de pression du patronat, comme le Comité des forges. Le ministre de la Justice, Raphaël Alibert a éprouvé de la satisfaction à rédiger cette loi. Disciple de Maurras, porté à attribuer ses échecs électoraux sous la IIIe République à des manoeuvres déloyales, Alibert déploie une grande activité répressive et antirépublicaine. Il pourchasse comme traîtres tous les amis de la Grande-Bretagne, qu'ils soient révélés, comme le général de Gaulle - qu'il fait condamner à mort par un conseil de guerre - ou potentiels comme les francs-maçons. Pétain est subjugué par la fougue de son garde des Sceaux. Alibert a su réveiller le souvenir amer de « l'affaire des fiches » (lire page 64) que le Maréchal en son temps avait réprouvée. En juillet 1940, celui-ci reçoit Camille Chautemps qui l'a beaucoup aidé, comme vice-président du Conseil, à imposer la solution de l'armistice, le 16 juin 1940. Pétain conseille à ce radical, haut dignitaire de la franc-maçonnerie (Prince du Royal Secret) de démissionner de la société de pensée. Chautemps décline la proposition et lui demande quels reproches lui inspire la franc-maçonnerie. Pétain lui répond vaguement : « Je sais seulement que c'est une société dont tout le monde me dit qu'elle fait beaucoup de mal à mon pays. » Par la suite, Pétain ne se contente plus de partager les sentiments de son entourage, il développe une hostilité marquée. Le 30 août 1942, à Gergovie, il la dénonce aux membres de la Légion française des combattants : « Une secte, bafouant les sentiments les plus nobles, poursuit, sous couvert de patriotisme, son oeuvre de trahison et de révolte. » En janvier 1943, il encourage le zèle du Service des sociétés secrètes (lire encadré page 72) : « Vous ne devez pas hésiter. La franc-maçonnerie est la principale responsable de nos malheurs ; c'est elle qui a menti aux Français et qui leur a donné l'habitude du mensonge. Or, c'est le mensonge et l'habitude du mensonge qui nous ont amenés où nous sommes. » Pétain a trouvé une formule dont il est assez content pour la répéter à plusieurs interlocuteurs : « Un juif n'est jamais responsable de ses origines ; un franc-maçon l'est toujours de ses choix. » Pierre Laval témoignera de l'animosité du chef de l'Etat : « Le maréchal Pétain, écrit-il, attribuait à la franc-maçonnerie la responsabilité de nos malheurs et il considérait ses membres comme des malfaiteurs publics. » Ont joué contre les loges le souvenir de l'affaire Stavisky, l'antiparlementarisme et certainement la pensée catholique, mais les événements politiques immédiats ont aussi leur part. Les responsables et les officiers sont très affectés par la dissidence dans l'empire. Les chefs de l'armée, le général Weygand, l'amiral Darlan, ont accepté les très dures conditions imposées par Hitler pour que la France conserve sa flotte et l'empire. Cependant, l'appel de Charles de Gaulle agite les colonies. Le gouverneur du Tchad, Félix Eboué, prend contact avec lui et se rallie à la France libre. Félix Eboué est franc-maçon, et nombre de fonctionnaires des colonies aussi. La loi du 13 août 1940 est un bon instrument pour épurer une administration coloniale tentée par les appels de Londres. La lettre de présentation au maréchal Pétain de la loi du 13 août 1940, qui dissout les sociétés secrètes, fait état des risques de sabotage de l'oeuvre de redressement national qui seraient dus à l'appartenance de fonctionnaires à la franc-maçonnerie : « Leur activité tend trop souvent à fausser les rouages de l'Etat et à paralyser l'action du gouvernement. » La publication de la loi au Journal officiel du 14 août s'accompagne de deux formulaires à remplir par tous les fonctionnaires, agents des communes, des établissements publics de métropole, des colonies et protectorats. Par l'un, le signataire déclare n'avoir jamais appartenu à la franc-maçonnerie et prend l'engagement de ne jamais y appartenir. L'autre formulaire tient compte de l'intérêt de l'Etat français de ne pas se priver des services d'hommes désabusés de leurs erreurs. Le fonctionnaire y avoue avoir été membre d'une société secrète et précise à quelle date il a rompu toute attache avec la franc-maçonnerie. Il s'engage à ne plus jamais y adhérer. Toute fausse déclaration entraîne la démission d'office de son auteur. La vérification des déclarations a pour conséquence la création d'organismes spécialisés, police et préfets n'offrant pas toutes les garanties d'efficacité. Peu zélés à réprimer, ils se disent dépourvus de moyens de contrôle des déclarations. Un idéologue de l'antimaçonnisme apporte, en août 1940, à Raphaël Alibert, la loi portugaise contre les sociétés secrètes ; le vicomte Léon de Poncins lui a offert sa documentation en l'avertissant que, sans fichiers, les mesures d'interdiction seraient inefficaces. Des fichiers et des organismes de surveillance se mettent en place dans une grande discrétion qui masque une lutte pour leur contrôle entre les vichystes et les Allemands (encadré ci-dessus) . A la fin octobre 1940, les scellés sont apposés sur les locaux des obédiences ; documents et archives sont saisis. Le chef de l'Etat charge le nouvel administrateur général de la Bibliothèque nationale, Bernard Fa, d'inventorier cette masse d'archives. Son secrétaire, Gueydan de Roussel, organise l'inventaire et l'exploitation des énormes archives tirées des loges et confiées à la BN. Les Allemands s'intéressent aussi à ces trésors. En décembre 1940, ils pillent des caisses venant des obédiences de Caen et de Bordeaux. L'état-major spécial (Einsatzstab) de Rosenberg envoie en Allemagne 470 caisses de documents provenant des territoires occupés de l'Ouest. Le lieutenant Moritz est chargé du service antimaçonnique allemand. Il se tient au courant des activités des bureaux français car Bernard FaØ n'est plus seul. Se sont créés : un service de renseignements, rue Greffulhe, dirigé par Jean Marquès-Rivière ; un service de la Préfecture de police, 4, square Rapp (à l'emplacement de l'ancienne Société théosophique), dirigé par le commissaire Moerschel ; et enfin un centre de documentation, 8, rue de Puteaux (siège de la Grande Loge de France) où officie Henry Coston. Darlan crée, à son tour, en mai 1941, le Service des sociétés secrètes (rue Cadet) confié au capitaine de frégate Robert Labat, du 2e Bureau de la marine, qui constitue son réseau de renseignement en zone sud. Une seconde offensive contre la franc-maçonnerie se déclenche durant l'été 1941. Raphaël Alibert n'est plus ministre et la volonté répressive de Darlan, vice-président du Conseil, a de quoi surprendre ceux qui connaissent ses amitiés maçonniques. Il s'est toujours défendu d'appartenir à l'Ordre et a signé, sans hésitation, le serment écrit que Pétain exigea un jour des ministres réunis en conseil. Il affirme au garde des Sceaux, Joseph Barthélemy : « Je ne suis pas franc-maçon, mais mon père l'a été pour deux. » L'origine du durcissement vient de la situation générale. L'offensive contre l'Union soviétique a rendu les Allemands plus vigilants et plus exigeants. Goering rappelle que la « lutte contre les juifs, les francs-maçons et autres puissances "idéologiques" opposées à l'Allemagne est une tâche toujours urgente du parti et de l'armée ». La France vient de perdre le Levant après d'éprouvants combats contre les Français libres, situation qui conduit à rechercher des « traîtres ». La politique germanophile de l'amiral Darlan est contestée jusqu'au coeur du pouvoir, en particulier par Weygand. Les amis de ce dernier font courir le bruit de son appartenance à la « synarchie », société secrète protéiforme. Il lui est donc utile de jouer les vertueux. Dans cette recherche des boucs émissaires sur lesquels faire retomber l'échec de la Révolution nationale, le maréchal Pétain prononce, le 12 août 1941, le discours du « vent mauvais » où il montre que la lenteur de la rénovation vient de l'opposition de ceux qui privilégient leur intérêt avant ceux de l'Etat : les trusts, les anciens partis politiques et la franc-maçonnerie. Il annonce des mesures sévères. Darlan et son ministre de l'Intérieur, Pierre Pucheu, constatent que les mesures de 1940 interdisent l'activité et le recrutement de nouveaux membres des sociétés secrètes mais sont incapables de briser l'étroite solidarité qui subsiste entre les dignitaires, en même temps qu'elles ne permettent pas d'éprouver la sincérité du ralliement des fonctionnaires francs-maçons au régime. Une nouvelle loi (11 août 1941) interdit donc aux anciens dignitaires et hauts gradés de la franc-maçonnerie l'exercice des fonctions publiques énumérées à l'article 2 du statut des juifs du 2 juin 1941 (on note la volonté d'assimilation des catégories d'exclus). Les fonctionnaires et militaires concernés sont déclarés démissionnaires d'office. Ils sont nombreux dans ce cas car la qualification de « hauts gradés » s'applique dès le troisième degré (maître) et touche donc la majorité de la franc-maçonnerie française. La loi prévoit surtout une disposition qui se veut infamante et cherche à impliquer la population française : le Journal officiel publie, dès le 12 août 1941, les noms des dignitaires et hauts gradés. En quelques mois sont diffusés les noms de quelque 18 000 francs-maçons. Plus de 3 000 fonctionnaires sont aussitôt renvoyés. Si les Français découvrent la confirmation d'appartenances largement dénoncée par la presse en 1933-1934, ils s'étonnent de certaines absences et ne voient pas toujours l'intérêt de publier autant de noms de postiers et d'instituteurs, exacts serviteurs du public par ailleurs. La Légion française des combattants se réjouit. Jusque-là privée d'un accès aux dossiers individuels par les préfets, elle dispose enfin de listes à pointer pour obtenir le renvoi des fonctionnaires suspects. Le ministre des Communications, Jean Berthelot, envoie à Alger un haut responsable franc-maçon de la SNCF au poste de chef des services financiers du Méditerranée-Niger. La Légion repère son nom et s'indigne auprès du Maréchal : « L'Algérie n'est pas la terre de refuge des fonctionnaires indésirables en France. » Le retour au pouvoir de Pierre Laval, en avril 1942, est marqué par une distance par rapport à la politique de Darlan-Pucheu. Plus politique, il prête l'oreille aux protestations de Marcel Déat qui, dans L'OEuvre, est devenu l'avocat des francs-maçons persécutés. Sa position est un retour à la politique de 1940 : écarter les nostalgiques de l'ancien régime mais ne pas inquiéter les francs-maçons dévoués au bien public. Il explique ses intentions aux préfets de la zone libre, le 25 septembre 1942 : « Le maire de Rouen est franc-maçon et il remplit son devoir d'une manière magnifique sous les bombes. Il fait figure de grand Français et je ferais figure de petit Français si je l'écartais. Le maire de Vitry-le-François est franc-maçon. Il a eu sa ville détruite deux fois. Il est encore là pour servir ses compatriotes. Je serai un mauvais Français si je lui faisais du mal. » Il soulignera, lors de son procès, dans un but plus intéressé, que la question de la répression antimaçonnique l'opposait au maréchal Pétain. Au demeurant, Pierre Laval ne touche pas à la législation existante mais il accorde plus largement les dérogations qu'elle prévoyait (Marcel Peyrouton, ministre de l'Intérieur, en bénéficie lorsqu'il devient ambassadeur en Argentine). Il recommande à Maurice Reclus, un conseiller d'Etat qu'il nomme à la tête de la Commission des dérogations, de protéger les faux déclarants, d'accorder largement des dérogations et de faciliter la réintégration des fonctionnaires francs-maçons (qu'il fait surveiller étroitement). L'Etat français a beaucoup dépensé pour la propagande. De cette manne, l'antimaçonnisme a bien profité. Des affiches dénoncent l'emprise des francs-maçons sur les républicains, leur collusion avec les Anglo-Saxons, leurs liens avec les juifs. Causeries à la radio et conférences répètent ces reproches. Bernard Fay a publié pendant quatre ans une revue mensuelle Les Documents maçonniques où voisinent des études historiques (La Révolution, L'Affaire des fiches, La SDN, Les Parlementaires) , des dossiers sur le rôle de la maçonnerie dans la société et des articles de propagande plus élémentaires. En octobre-novembre 1940, le Petit Palais abrite une exposition, « La franc-maçonnerie dévoilée », préparée par Jacques de Lesdain, le directeur politique du journal L'Illustration . Les organisateurs annoncent un million de visiteurs à Paris - chiffre à prendre toutefois avec précautions. L'exposition est montrée à Nancy, Bordeaux, Rouen, avant d'être présentée à Berlin au cours de l'année 1942. Il faut attendre l'arrivée du général de Gaulle à Alger en 1943 pour que les fonctionnaires révoqués - maçons ou non - soient réintégrés. En novembre 1943, le Grand Maître Dumesnil de Gramont arrive à Alger pour siéger au nom du mouvement de résistance Libération-Sud à l'assemblée consultative. Il s'emploie à ce que les travaux des loges puissent reprendre en toute légalité. Jacques Soustelle et Georges Gorse demandent à de Gaulle de répondre à ce souhait. La présence d'Henri Queuille, un radical, à la vice-présidence du Comité français de libération nationale (CFLN), favorise les démarches. A l'assemblée consultative, le général de Gaulle répond à Yvon Morandat : « Nous n'avons jamais reconnu les lois d'exception de Vichy ; en conséquence, la franc-maçonnerie n'a jamais cessé d'exister en France. » Enfin, le 15 décembre 1943, une ordonnance du CFLN porte annulation de la loi du 13 août 1940 et des dispositions relatives aux sociétés secrètes. Après la Libération, l'ordonnance du 31 mars 1945 rétablit la légalité républicaine et rend exécutoire en métropole l'ordonnance d'Alger du 15 décembre 1943. * Michèle Cointet enseigne l'histoire contemporaine. Elle a publié L'Eglise sous Vichy (Perrin, 1998), Pétain et les Français (Perrin, 2002), et, avec Jean-Paul Cointet, un Dictionnaire historique de la France sous l'Occupation (Tallandier, 2000). |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:05:15
| Les trois services de répression Service des sociétés secrètes (SSS). Il est dirigé par Bernard Fay, ancien responsable de la BN et dépend du cabinet civil du maréchal Pétain. Ce service analyse les archives saisies, produit la propagande, fiche les francs-maçons. Le contre-espionnage allemand (SD) partage ses bureaux. Service des associations dissoutes (SAD). Il a à sa tête le commissaire de la préfecture de police de Paris, Moerschel. Il perquisitionne chez les francs-maçons, saisit les documents, interroge les suspects en présence d'un officier du contre-espionnage allemand. Service des recherches. Un service de police des sociétés secrètes existant à Vichy. Le Département des recherches se divise en douze circonscriptions correspondant à celles des intendances de police. Dans chaque région, un délégué responsable et des agents informent Paris. Ils s'intéressent à tous les réseaux de résistance. ______________ Repères 1940 La loi du 13 août dissout les "sociétés secrètes". 1941 La loi du 11 août interdit aux dignitaires maçons de faire partie de la fonction publique. _____________ Les chiffres de la persécution Le bilan de la répression antimaçonnique est lourd et encore imparfaitement connu. Parmi les 64 000 francs-maçons recensés par le Service des sociétés secrètes, 6 000 francs-maçons ont été inquiétés et près de 1 000 ont été déportés, souvent pour engagement dans la Résistance. Environ 500 francs-maçons ont été fusillés ou sont morts en déportation. L'ostracisme du gouvernement de Vichy a eu des effets divers sur lequel pèse encore le silence. Les lois de répression ont éloigné de Vichy des hommes de qualité. Ont-elles pour autant suscité une résistance importante ? Il ne semble pas car se sentir surveillé ne facilitait pas une démarche active vers la Résistance. Il a existé pourtant une résistance des francs-maçons sans que la motivation prioritaire en soit l'humanisme des Lumières (le Comité d'action maçonnique, des ateliers clandestins sous forme de triangles). La franc-maçonnerie est sortie brisée des années d'occupation. Le nombre des affiliés a chuté de 73 % au Grand Orient entre 1939 et 1945. Les adhérents de la Grande Loge qui, avant la guerre, étaient 16 000 ne sont plus que 7 600 en 1945. Alors que la population s'accroît, il faudra trente ans avant que les obédiences retrouvent leurs effectifs de 1939. |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:13:34
| Dix idées reçues remises d'équerre 1 La franc-maçonnerie est une secte Faux. On n'y trouve ni gourou ni disciples. La loge est un lieu d'échange de convictions et non le lieu d'un endoctrinement particulier. Le prosélytisme est exclu ; l'entrée se fait essentiellement par cooptation. La franc-maçonnerie n'impose aucune rupture avec l'environnement d'origine. L'embrigadement des enfants n'existe pas. Le maçon est libre de quitter l'obédience. 2 Les « frères » sont à l'origine de la Révolution française Faux. Bien que 18 % des représentants de la nation aux états généraux appartiennent à la franc-maçonnerie, les frères ne jouent qu'un petit rôle durant cette période où les loges adoptent un profil bas. Et pourtant, l'idée du complot maçonnique prend naissance dès 1797, sous la plume de l'abbé Augustin Barruel, auteur des célèbres Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme ( lire p. 44 ). 3 L'Eglise les a excommuniés Vrai. La franc-maçonnerie suscite la méfiance de l'Eglise qui la considère comme un contre-pouvoir symbolique, spirituel et philosophique. Les principes des maçons sont considérés comme « inconciliables avec la doctrine de l'Eglise ». L'excommunication de facto a été prononcée par Benoît XIV en 1751. Depuis 1983, l'Eglise, par la voix du cardinal Ratzinger (ci-contre), considère l'entrée en franc-maçonnerie comme un péché grave ( lire p. 56 ). 4 Les maçons sont les héritiers des compagnons du Moyen Age Faux. Il n'existe aucune filiation directe entre le compagnonnage et la franc-maçonnerie moderne,en dépit d'un patrimoine commun qui peut prêter à confusion. Les racinesde la franc-maçonnerie sont multiples et alimentent les discussions des spécialistes ( lire p. 8 ). 5 Le régime de Vichy les a persécutés Vrai. En 1940, le gouvernement de Vichy interdit les syndicats, les associations communistes et les associations dites « secrètes ». 64 000 francs-maçons sont alors recensés par les services chargés des sociétés secrètes ; 1 000 ont été déportés et environ 500 fusillés ou morts en déportation. 6 La laïcité est l'un de leurs grands principes Vrai. La franc-maçonnerie dite « traditionnelle » (Grande Loge Nationale Française) n'accepte en son sein que des personnes croyant en un principe divin révélé - théisme - toutes confessions confondues. En revanche, la franc-maçonnerie dite « libérale » (Grand Orient de France) accepte d'initier des athées. 7 Les loges sont interdites aux femmes Faux. En 1774, en France, le Grand Orient reconnaît les loges d'adoption (loge féminine rattachée à une loge masculine). La première loge mixte - Le Droit Humain - apparaît en 1893 avant que ne soit créée en 1945 l'Union Maçonnique Féminine de France, aujourd'hui Grande Loge Féminine de France ( lire p. 20 ). 8 La franc- maçonnerie est une société secrète Faux. Les obédiences sont considérées comme des associations. Elles sont d'ailleurs, à ce titre, rattachées à la loi du 1er juillet 1901. Il est donc plus juste de parler de société « fermée » ou « discrète ». 9 La franc- maçonnerie a pignon sur rue aux Etats-Unis Vrai. Les premières loges américaines ouvrent en 1730. La pensée universelle maçonnique exerce une influence profonde sur la société d'outre-Atlantique. Les plus grands philosophes ou hommes politiques sont francs-maçons et ne s'en cachent pas. On dénombre 14 présidents maçons depuis George Washington jusqu'à Gerald Ford ( lire p. 52 ). En 2001, le jour de son investiture, G.W. Bush a prêté serment sur la Bible maçonnique - utilisée dans les loges attachées au principe créateur du Grand Architecte de l'Univers. 10 Ils sont de plus en plus nombreux en France Vrai. En trente ans, les effectifs ont triplé. En 1970, on comptait moins de 40 000 maçons, en France. Aujourd'hui, ils sont environ 140 000. |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:14:39
| D'où viennent les francs-maçons? La franc-maçonnerie moderne est-elle l'héritière des bâtisseurs du Moyen Age ou prend-elle sa source auprès des hermétistes, rosicruciens ou kabbalistes passionnés d'architecture de la fin du XVIIe siècle ? Le débat fait rage chez les historiens. Eclaircissements. Par Jean-Michel Mathonière * En 1717, les quatre loges londoniennes établies, selon elles, de « temps immémorial » s'associent pour créer la première Grande Loge de Londres et jeter ainsi les bases d'une organisation qui aboutira après plusieurs décennies et bien des péripéties à la franc-maçonnerie moderne. Que ce soit par filiations régulières ou par d'autres chemins, toutes les obédiences et loges maçonniques contemporaines, dans le monde entier, procèdent de cet événement fondateur. Mais s'agit-il là de la véritable naissance de la franc-maçonnerie « spéculative », qui reprend les symboles du métier de maçon en les mettant au service de la réflexion intellectuelle ( lire encadré p. 13 ) ? Il est évident que non : l'initiative de ces loges, préexistantes si ce n'est réellement anciennes, vient sanctionner un état de fait et non le créer. Car le phénomène spéculatif n'est pas totalement nouveau : quelques « acceptations » dans des loges de personnages a priori étrangers au métier de maçon sont en effet attestées tout au long du XVIIe siècle en Angleterre et en Ecosse. Mais d'où venaient ces loges plus anciennes ? Peut-on les considérer comme étant encore « opératives » - terme consacré pour désigner ce qui est relatif à la pratique réelle du métier, en l'occurrence celui de tailleur de pierre (sens primitif de « maçon ») - ou bien comme étant déjà spéculatives - c'est-à-dire se servant du métier comme d'un support allégorique sans le pratiquer ? Cette distinction radicale entre opératif et spéculatif, commode pour l'analyse et aujourd'hui ancrée dans les schémas fondamentaux de l'histoire maçonnique, possède-t-elle vraiment un sens à cette époque ? Comment et pourquoi les loges opératives seraient-elles devenues spéculatives ? Pour la majorité des francs-maçons, ces questions ne se posent pas ou, plus exactement, elles ne se posent plus car elles possèdent des réponses depuis longtemps. C'est en effet un lieu commun de presque tous les ouvrages consacrés à la franc-maçonnerie que d'affirmer que celle-ci provient directement, des loges des « bâtisseurs de cathédrales ». Les légendes, quant à elles, renvoient jusqu'à la construction du Temple de Jérusalem sous Salomon par son architecte, Hiram, et remonte même à l'époque antédiluvienne. Instrumentalisée au profit de la nouvelle Grande Loge (dès la seconde édition, en 1738, des Constitutions d'Anderson), cette hypothèse traditionnelle d'une filiation directe - et qui serait en même temps légitime - avec les loges médiévales flatte le sentiment d'enracinement des francs-maçons dans l'Histoire. Mais elle est aujourd'hui sérieusement remise en cause par les historiens. D'autres hypothèses, qui s'efforcent de mieux tenir compte des sources documentaires, traversent périodiquement le ciel, autrefois serein, de l'histoire officielle de la franc-maçonnerie. Pour certains, la raison de la naissance des loges spéculatives serait politique - sous Cromwell, les royalistes et les républicains modérés y auraient trouvé un refuge et un lieu propice à la restauration de la paix civile par leur vocation de réflexion philosophique. Pour d'autres, les loges auraient constitué un abri face aux persécutions religieuses au XVIe siècle ; pour d'autres encore, les loges préspéculatives du XVIIe siècle, encore majoritairement composées d'artisans et de petits commerçants, auraient été une forme de « Friendly Society », c'est-à-dire une association d'entraide mutuelle, etc. La dernière hypothèse d'importance est celle proposée par l'historien écossais David Stevenson qui situe l'origine du mouvement spéculatif dans les loges écossaises de l'extrême fin du XVIe siècle. Very shocking pour les historiens de la franc-maçonnerie anglaise ! Il est en fait assez probable que presque toutes ces hypothèses possèdent une part de vérité. Ce n'est pas là vouloir faire de l'histoire consensuelle. C'est simplement remettre au centre du débat un aspect fonctionnel essentiel : quelles que soient les motivations rationnelles animant ses éléments les plus dynamiques et provoquant sa constitution, tout groupe social se développe aussi dans d'autres dimensions qui s'avèrent difficiles à inscrire dans un schéma de lecture réducteur. Pour prendre un exemple actuel et simple à saisir, une association proposant des cours de gymnastique à des personnes âgées aura aussi, en fonction de la personnalité et de la disponibilité de ses bénévoles, des fonctions sociales plus ou moins étendues : prévention médicale, réseau d'amitié et de solidarité, organisation de thés dansants, d'excursions, etc. - et il peut arriver que, vue de l'extérieur, l'une de ces fonctions annexes occupe une telle place qu'elle masque l'objet initial. Cette dimension « chaotique » (simplement humaine en fait) est d'autant plus importante à souligner que c'est précisément, dans le cas qui nous occupe ici, ce qui en 1717 va créer la rupture. La nouveauté, d'ailleurs vivement contestée par d'autres loges, est l'instauration au travers d'une Grande Loge d'une unité dominante qui entend résorber la pluralité - entendons la diversité de vocations - et la liberté que cultivaient jusqu'alors les différentes loges maçonniques. Mais si l'on a émis autant d'hypothèses en ce qui concerne le passage de l'opératif au spéculatif, c'est aussi que, tout en l'avouant très rarement, on pensait le milieu professionnel incapable de générer par lui-même, sans intervention extérieure, semblable floraison intellectuelle et spirituelle. Or c'est certainement là une grave erreur. Quelle était au juste la culture de ces « simples ouvriers » ? Le plus ancien témoignage concernant l'organisation du métier de maçon en Angleterre remonte à 1356, à Londres. Un conflit opposait les « maçons de taille » (tailleurs de pierre) aux « maçons de pose ». Les autorités municipales édictent alors un règlement. Une nouvelle version est promulguée en 1481 : la Compagnie des maçons exerce le contrôle du métier à Londres. Elle enregistre les apprentis, lesquels, au terme de leur formation, comparaissent devant une commission de la Compagnie et, après avoir prêté serment de fidélité et de loyauté envers le métier, la ville et la couronne, deviennent « hommes libres du métier » : ce sont donc au sens propre des free masons . Cependant, le cas de Londres reste unique. On ne trouve dans le royaume aucune autre organisation exerçant une autorité équivalente sur le métier. Par ailleurs, on ne mentionne pas à son propos l'existence de « secrets » ou de grades, pas plus que le mot « loge » n'est employé pour nommer l'organisation elle-même. Pourtant, ce mot caractéristique apparaît à partir du XIIIe siècle pour désigner la bâtisse édifiée sur le chantier où les ouvriers rangent leurs outils, travaillent, prennent leurs repas et se reposent. Au début du XVe siècle, il désigne aussi l'ensemble des maçons d'un chantier, mais sans qu'il soit fait mention d'une autorité exercée par cette communauté. C'est seulement au XVIe siècle, en Ecosse, que le mot est enfin attesté comme désignant une juridiction permanente réglant l'organisation du métier. En 1598 et 1599, William Shaw, maître des ouvrages du roi d'Ecosse et surveillant général de l'Incorporation des maçons d'Edimbourg, publie les nouveaux Statuts qui traduisent une évolution sensible : désormais c'est une « loge » qui contrôle l'entrée des apprentis et leur accès au rang de compagnon, règle les différends et punit les manquements au règlement. Mais la différence la plus révélatrice, c'est que les maçons écossais d'alors partagent des « secrets » qui leur sont communiqués au cours d'une cérémonie après qu'ils ont prêté serment de discrétion. Voilà bien tous les ingrédients de base d'une loge maçonnique, la pratique réelle du métier en plus. Parmi les autres témoignages permettant d'étudier le substrat légendaire et historique de la maçonnerie, les Old Charges occupent une place importante. Environ cent vingt exemples de ces Anciens Devoirs sont recensés. S'échelonnant de la fin du XIVe siècle au premier tiers du XVIIIe, ces textes sont tous d'origine anglaise. Les plus anciens sont les manuscrits Regius (vers 1390) et Cooke (vers 1410-1420). Ils sont structurés en deux parties : d'une part, une histoire légendaire du métier, le Récit d'Euclide ; d'autre part, un code réglementant la conduite des maçons et leurs relations avec les apprentis et les maîtres - ce terme désignant alors les clients et employeurs. Ces règlements anglais diffèrent sensiblement des statuts écossais : en particulier, ils ne prévoient pas de dispositions laissant présager d'une coexistence avec un autre système réglementant le métier (cas de la loge vis-à-vis de l'Incorporation) et ils donnent une large part à des prescriptions à caractère moral et religieux, n'ayant aucun rapport direct avec le métier. Ils n'évoquent pas non plus de secrets rattachés au grade de compagnon. Il est également important de souligner que la majorité de ces manuscrits datent du XVIIe siècle et qu'ils sont manifestement des copies réalisées par des loges déjà plus ou moins spéculatives. On a vu que, selon David Stevenson, la première phase du mouvement spéculatif remonterait aux Statuts promulgués par William Shaw en 1598 et 1599. Ce que décrivent ceux-ci, c'est en effet un système nouveau qui ne résulte pas d'une simple transformation des anciennes institutions du métier. Ces loges sont orientées vers une organisation globale de celui-ci, mais elles possèdent également des fondements spirituels et religieux. Cet aspect caractéristique s'expliquerait par le contexte intellectuel de la Renaissance : les spéculations liées à l'architecture y occupent une place prépondérante. Celle-ci n'étant pas simplement une technique répondant aux nécessités matérielles mais, au travers de la géométrie et les techniques quasi « magiques » de l'Art de la mémoire (une discipline intellectuelle fondée sur l'analogie) - une pratique susceptible de donner à l'homme une explication du monde et, par là même, de Dieu. Cet intérêt pour l'architecture, et corrélativement pour l'Antiquité, trouve son symbole dans la redécouverte, en 1486, du De Architectura , le traité de Vitruve, architecte romain du Ier siècle avant J.-C. Très rapidement, de nombreuses traductions voient le jour dans toute l'Europe. Le portrait de l'architecte idéal selon Vitruve est celui d'un homme universel, connaissant non seulement la géométrie, les mathématiques et le bon usage des matériaux, mais possédant également une connaissance aussi vaste que possible de la météorologie, de l'astronomie, de la musique, de la médecine, de l'optique, de la philosophie, de l'histoire, de la jurisprudence, etc. Nous avons là un programme d'études qui est dans son principe comparable à celui que doit, symboliquement, parcourir l'apprenti franc-maçon lors de son passage au grade de compagnon. C'est en fait la base même du caractère spéculatif de la franc-maçonnerie : en effet, ce n'est pas tant l'absence de pratique du métier qui rend la franc-maçonnerie moderne « spéculative » que son symbolisme « opératif » qui, notamment au travers la géométrie et l'astronomie, renvoie à l'architecture en tant qu' imago mundi . L'intégration aux loges opératives britanniques du XVIIe siècle de personnes étrangères au métier serait de ce fait totalement logique et naturelle : le maçon-tailleur de pierre n'est plus seulement un habile ouvrier, c'est aussi un géomètre auprès duquel les savants ne dédaignent pas de venir s'instruire (voir les cas de Dürer en Allemagne et de Pacioli en Italie) ; il peut également être un « artiste » ou un gentleman davantage préoccupé par la dimension intellectuelle de l'architecture que par sa pratique et venant en retour enrichir les hommes de métier de ses connaissances théoriques. Il est d'ailleurs à remarquer que certains spéculatifs du XVIIe siècle ne sont pas si étrangers au métier qu'il y paraît de prime abord, sauf à avoir une vision extrêmement sommaire du métier de tailleur de pierre : ce sont, par exemple, des militaires s'occupant d'artillerie et de travaux de fortifications. Etaient-ils militaires avant que de devenir maçons « spéculatifs » ou bien étaient-ils déjà maçons « opératifs » avant que d'incorporer l'armée ? La question mérite d'autant plus d'être posée que non seulement l'architecture militaire représente alors une branche importante de la construction, tant en termes économiques que du point de vue des innovations techniques, mais aussi parce que l'on possède des témoignages, côté français, de la perméabilité entre les deux statuts : des tailleurs de pierre font carrière d'ingénieur militaire tandis que d'autres s'engagent dans l'armée au gré de périodes de chômage ou par goût de l'aventure - pour les mêmes raisons et à la même époque, on en rencontre aussi parmi les émigrants en Nouvelle-France. L'Angleterre et l'Ecosse n'ont d'ailleurs pas le monopole des organisations initiatiques de tailleurs de pierre. Il existe aujourd'hui encore en France un compagnonnage de tailleurs de pierre d'origine ancienne (une autre branche s'est éteinte au tout début du XXe siècle) et il existait jusqu'aux premières décennies du XIXe siècle dans les pays germaniques une semblable organisation, la Bauhütte , dont le siège suprême était la loge ( Hütte ) de la cathédrale de Strasbourg. Si, pour la France, rien ne permet actuellement de connaître les règles internes des compagnons tailleurs de pierre avant le début du XVIIIe siècle, au moment même où apparaissent la Grande Loge de Londres puis les premières loges parisiennes, il n'en est pas de même pour la Bauhütte germanique : on connaît notamment ses Statuts de Ratisbonne datant de 1459, qui évoquent, comme les Statuts Shaw cent quarante ans plus tard, l'existence de pratiques secrètes, à caractère initiatique. Dans les deux cas, en France comme en Allemagne, il existe des similitudes avec la tradition maçonnique britannique - ce qui n'exclut d'ailleurs pas des différences importantes. Au stade actuel des recherches, freinées par les lacunes documentaires, ce serait aller trop vite en besogne que d'affirmer abruptement que toutes ces organisations initiatiques de tailleurs de pierre procèdent d'un tronc commun datant de l'époque médiévale, voire du Haut Moyen Age (pour ne pas dire du temps de Salomon). Néanmoins, cette piste de recherche ne doit pas être rejetée. Elle trouve en effet un écho troublant dans le Récit d'Euclide des Old Charges : la transmission de la tradition maçonnique à l'Angleterre, depuis son origine antique et l'épisode de la construction du Temple de Salomon, est donnée comme s'étant opérée via la France, du temps de Charles II ou, selon les versions, de Charles Martel. Or, c'est justement de ce dernier que se revendiquent au XIIIe siècle les tailleurs de pierre parisiens pour faire enregistrer leur privilège d'exemption du guet lors de la rédaction du Livre des métiers . De même, c'est à Charles II, roi de France mais aussi empereur d'Occident, que renvoie la reconnaissance rituelle des compagnons tailleurs de pierre germaniques, dans une question concernant la fondation de la Bauhütte . Ces faits ne sont probablement pas strictement historiques, mais ils démontrent l'existence de racines traditionnelles communes aux compagnonnages de tailleurs de pierre britanniques, français et germaniques. On notera d'ailleurs que la période carolingienne correspond à une première renaissance de l'architecture après la chute de l'Empire romain, et que, fortement marquée par la thématique davidienne et salomonienne des rois bâtisseurs, elle connaît d'importantes migrations européennes d'équipes entières de bâtisseurs (les fameux magistri comacini ). Par ailleurs, pour faire pendant à l'exemple écossais et revenir à des aspects plus solidement documentés, il apparaît aujourd'hui que les Compagnons tailleurs de pierre français formaient eux aussi aux XVIe-XVIIe siècles un milieu possédant une culture vitruvienne et un intérêt certain pour l'hermétisme. Les commentaires symboliques de Philibert Delorme - maître maçon de formation et théoricien de l'architecture - sont à cet égard exemplaires, au point que vu l'importance qu'il accorde à l'emblème du serpent entrelacé au compas, tout laisse à penser qu'il était lui-même compagnon du Devoir. Le carnet d'architecture de Jean Chéreau, « tailleur de pierre natif de Joigny » (Yonne), comme il le précise lui-même sans ambages, témoigne lui aussi, dans le dernier quart du XVIe siècle, de cet éclectisme culturel et d'un intérêt marqué pour les sciences hermétiques (la géomancie dans son cas). Il est d'autant moins étonnant de constater que ces opératifs « spéculaient » que les plus talentueux d'entre eux côtoyaient non seulement la noblesse et le clergé (leurs commanditaires) mais semble-t-il également les graveurs, imprimeurs et autres gens du livre, un milieu passionné d'architecture (plusieurs la pratiquent) dont on sait qu'il joua un rôle considérable dans l'épanouissement de l'hermétisme aux XVIe et XVIIe siècles et sa diffusion à l'échelle européenne. En 1992, Joy Hancox publiait une étude sur une étonnante collection de dessins géométriques, architecturaux et symboliques, datant du XVIIe siècle et du tout début du XVIIIe siècle, réunie vers 1725 par John Byrom (1691-1763), membre de la Royal Society et franc-maçon. Ces dessins renvoient à des thèmes et à des personnages qui appartiennent précisément au milieu des gens du livre, des architectes et des hermétistes européens, tels Johann Theodore de Bry (graveur et éditeur de la plupart des grands textes hermétiques du début du XVIIe siècle), Michel Le Blon, Salomon de Caus (architecte et ami d'Inigo Jones, revendiqué en 1738 par Anderson dans ses Constitutions comme ayant été Grand Maître de la franc-maçonnerie opérative), Athanasius Kircher, Heinrich Khunrath, Michaël Maïer, Robert Fludd, Isaac Newton, etc. Ce milieu s'ordonne autour des idées de l'alchimie et de la kabbale chrétienne. Il culmine au début du XVIIe siècle, avec le courant rosicrucien, se manifestant dans les contrées germaniques mais possédant de fortes racines et répercussions en Angleterre, notamment au travers du mariage, en 1613, de la princesse Elisabeth avec Frédéric V, l'Electeur palatin, et la fondation, parachevée en 1662, de la Royal Society. Parmi les références à la franc-maçonnerie datant du XVIIe siècle, plusieurs font le rapprochement entre celle-ci et les mystérieux Rose-Croix, et l'intérêt que leur portaient les premiers spéculatifs, tel Elias Ashmole est connu. Cette hypothèse d'un rapport étroit par ce biais avec le rosicrucianisme n'a pas seulement pour mérite d'expliquer certains aspects franchement hermétiques de la franc-maçonnerie « post-opérative » : ce courant possède une dimension métapolitique considérable, dont l'alliance entre l'Angleterre et le Palatinat fut une tentative de réalisation. En effet, le thème central des textes rosicruciens, c'est la description d'une société harmonieuse, dirigée par un cénacle d'initiés - thème qui sera exposé en Angleterre par Francis Bacon (1561-1626) dans son étonnante Nova Atlantis . C'est précisément là, on le lui a souvent reproché à cause des dérives, l'un des autres aspects caractéristiques de l'ordre maçonnique... Au terme de ce bref tour d'horizon, il apparaît comme probable que la franc-maçonnerie moderne est née non pas dans le sillage direct des bâtisseurs de cathédrales gothiques, mais plutôt, sans que cela soit une hypothèse absolument contraire et exclusive, dans celui de ces hermétistes, rosicruciens et kabbalistes, passionnés d'architecture et presque tous impliqués dans la fondation de la Royal Society. C'est d'ailleurs à partir du même substrat intellectuel et mystique que proliféreront durant la seconde partie du XVIIIe siècle, tout particulièrement en France et en Allemagne, les Hauts Grades maçonniques. Le rapide développement de la franc-maçonnerie sur le continent pourrait d'ailleurs s'expliquer par le fait qu'il ne s'agissait pas simplement d'une nouveauté anglaise « à la mode » - ce facteur est cependant d'une importance considérable -, mais d'une sorte de retour aux sources. On constate d'ailleurs que les rites et symboles fondamentaux connaissent aussitôt quelques ajustements à caractère éminemment « opératif » - les Hauts Grades explorant plutôt la chevalerie et l'alchimie. La franc-maçonnerie britannique aurait-elle rencontré sur son chemin une forme de franc-maçonnerie « opérative » continentale ou, plus exactement, les compagnonnages de tailleurs de pierre ? Avec la question de l'articulation entre les loges médiévales et celles de la Renaissance, c'est l'un des nombreux mystères qui restent toujours à éclaircir. * Spécialiste de l'histoire des compagnonnages, Jean-Michel Mathonière a publié plusieurs études sur les compagnons tailleurs de pierre, dont la liste et des extraits sont accessibles sur Internet : www.compagnon nage.info Extrait des Constitutions d'Anderson « Une loge est un lieu où des Maçons s'assemblent et travaillent. Par conséquent, cette Assemblée ou Société de Maçons dûment organisée est appelée loge et chaque frère doit appartenir à une et se soumettre à son règlement et aux règlements généraux. » Une corporation bien ordonnée Le Moyen Age est l'époque de la franc-maçonnerie de métier, dîte "opérative". Sur les chantiers, les artisans obéissent à une stricte hiérarchie dominée par le maître-maçon, expert en géométrie. Repères Xe-IXe s. avant J.-C. Certains font remonter les origines de la franc-maçonnerie à l'architecte Hiram de Tyr sous le règne de Salomon. 1356 Témoignage le plus ancien concernant l'organisation du métier de maçon en Angleterre. vers 1390 Le Regius . Histoire légendaire du métier de maçon. vers 1420 Le Cooke . Code réglementant la conduite des maçons et leurs relations avec les apprentis et les maîtres. 1486 Redécouverte de traité de Vitruve intitulé De Architectura . 1723 Rédaction des Constitutions d'Anderson. La truelle Les symboles opératifs font référence à l'activité manuelle réelle du maçon et se rattachent à la tradition des corporations de bâtisseurs du Moyen Age formant la maçonnerie dite opérative, du latin « opus », oeuvre, ouvrage. Le vocabulaire employé par les gens du métier est repris au XVIIIe siècle par la franc-maçonnerie moderne, dite spéculative. Elle se définit comme une société de pensée philanthropique et non plus comme une corporation d'artisans. Les symboles spéculatifs, extraits de leur contexte originel, servent à évoquer une construction mentale. Les outils, présents physiquement lors des séances de travail, appelées travaux maçonniques, toujours en référence aux chantiers des temps anciens, sont posés sur la Bible devant le plateau du Vénérable. Ils servent à bâtir virtuellement l'oeuvre commune, le Temple de l'Humanité. Vous retrouverez l'explication de ces symboles tout au long de ce numéro. Symbole de l'amour fraternel et de l'union entre les maçons, la truelle est l'outil utilisé pour cimenter le Temple de l'Humanité. Elle symbolise également deux vertus : la tolérance et la bienveillance. Ascendance biblique La légende fait remonter les origines de la franc-maçonnerie au temps du roi Salomon. Légende et règlements du métier Les Old Charges sont des textes anglais rédigés entre le XIVe et le XVIIIe siècle. Ils forment un ensemble documentaire précieux pour connaître les usages des maçons médiévaux. Euclide (300 av. J.-C.), inventeur de la géométrie, y joue un des rôles fondateurs. Les modèles initiatiques Le Grand Architecte de l'Univers est le symbole de référence des toutes premières loges. A la Renaissance, Léonard de Vinci s'inspire des travaux de Vitruve, l'un des premiers sous l'Antiquité à codifier l'architecture et à penser l'Homme universel, tant dans ses proportions physiques que dans ses connaissances. Opératifs et spéculatifs La franc-maçonnerie moderne est, dès le XVIIIe siècle, qualifiée de « spéculative », car elle emploie des symboles du métier de maçon pour nourrir la réflexion intellectuelle de ses membres, mais n'exige aucunement d'eux l'exercice réel de ce métier. Par opposition, « opérative » est un terme plus récent forgé par les historiens pour désigner la franc-maçonnerie d'avant l'époque moderne et constituée de véritables tailleurs de pierre et maçons. Si cette distinction est commode sur le plan du langage, elle tend à fausser la compréhension exacte de la nature de la maçonnerie opérative. En effet, celle-ci est, du coup, souvent réduite à une simple organisation de métier dont les membres n'auraient pas été véritablement conscients de la portée intellectuelle de leurs rites et symboles. La raison d'être de ceux-ci et de leur caractère secret étant limitée à la nécessité de protéger le monopole exercé par la profession. A l'opposé, certains auteurs ont tendance à placer les opératifs sur un piédestal, leur attribuant la possession de secrets ésotériques exceptionnels... On peut dire que la dichotomie opératif/spéculatif n'a guère de sens, d'autant que l'étude de certaines de ces sociétés de compagnonnage montre que nombre de leurs membres, en réalité plus architectes et ingénieurs que simples « casseurs de cailloux », jouissaient sous l'Ancien Régime d'un niveau intellectuel remarquable sur l'art de bâtir. La distinction entre opératif et spéculatif les aurait probablement fait sourire... Un regard critique posé sur le monde C'est notamment dans le milieu des gens du livre que l'on trouve les premiers "frères". Comprendre Rose-Croix et rosicrucianisme Au début du XVIIe siècle, en Allemagne, paraissent des textes évoquant la mystérieuse fraternité mystique de la Rose-Croix qu'aurait fondée vers 1459 Christian Rosenkreutz, hermétiste ayant rapporté d'Orient des secrets alchimiques et médicinaux. Le rosicrucianisme suscitera dans toute l'Europe un immense intérêt, notamment chez les scientifiques. Hermétisme Se référant à des textes ésotériques de l'Antiquité gréco-romaine attribués à Hermès Trismégiste, l'hermétisme est un ensemble de doctrines à caractère occulte et initiatique s'articulant autour de l'alchimie et de la cosmologie. L'hermétisme chrétien sera très influencé par la kabbale à la Renaissance. Science rime avec sagesse Nombreux sont les scientifiques et philosophes du XVIIe siècle, férus d'alchimie et de textes anciens. Ils prétendent à l'harmonie terrestre et sont sans doute les précurseurs de la franc-maçonnerie moderne. En complément - Les origines de la franc-maçonnerie : le siècle écossais 1590-1710, par David Stevenson, (Edition Télètes, 1993). - Les Premiers francs-maçons : les loges écossaises originelles et leurs membres, par David Stevenson, (Edition Ivoire-Clair, 2000). |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:15:53
| En retard d'une Révolution Contrairement à la théorie du com plot maçonnique dénoncé en 1797par l'abbé Barruel, les maçons font plutôt profil bas en 1789. La légende révolutionnaire naîtra un demi-siècle plus tard, à l'avènement de la IIe République. Grâce à un "profane", Alphonse de Lamartine. Par Daniel Ligou* A la veille de la Révolution, le Grand Orient de France, sous la direction nominale du duc de Chartres (futur duc d'Orléans puis Philippe Egalité), mais de fait sous celle du duc de Montmorency-Luxembourg, fédère quelque cinq cents loges et probablement une trentaine de milliers de maçons. Tout ce qui compte dans la vie sociale à Versailles, à Paris, en province est ou a été maçon. Sous l'égide du Grand Maître travaillent des loges militaires, des loges d'adoption - réservées aux dames de très haute noblesse, comme la duchesse de Bourbon -, des loges navales, des loges coloniales. Grâce à une administration relativement solide, le Grand Orient de France - créé en 1773, à la suite de la crise parisienne qui agite la Grande Loge de France - réussit à maintenir un semblant d'autorité sur ce monde maçonnique. Il obtient que chaque loge, nouvelle ou ancienne, lui présente ses « constitutions » (statuts) qui doivent être renouvelées. Bien entendu, toutes les idéologies peuvent s'y rencontrer. Socialement, 80 % des membres sont du tiers état, contre 15 % de nobles et 4 % d'ecclésiastiques (chanoines, curés et religieux en proportion inégale), les interdictions pontificales ayant semble-t-il peu joué, sauf au niveau de l'épiscopat (lire page 56) . Les nobles sont essentiellement militaires, non seulement dans les loges militaires, mais aussi dans les loges bourgeoises. Quant au tiers, il est dominé par les officiers royaux et les négociants. L'artisanat et la boutique sont très souvent exclus... Car malgré le principe d'égalité, on « maçonne » entre gens du même milieu : loges aristocratiques, négociantes ou petites-bourgeoises. Les « pauvres » sont éliminés tout comme les comédiens (mais pas les musiciens), les juifs mais pas les protestants (qui, au contraire, jouent souvent un rôle majeur). Le monde littéraire et artistique est important et ne le sera jamais autant : un millier d'auteurs sur les six mille connus. La majorité des francs-maçons est indiscutablement « éclairée », mais on peut citer quelques farouches ennemis des Encyclopédistes, dont Elie Fréron et Lefranc de Pompignan. Ainsi le rôle de l'Ordre dans l' Encyclopédie de Diderot est-il marginal. La musique est bien représentée avec Cherubini, Méhul, Piccinni, Delayrac. Plusieurs loges possèdent leurs orchestres. Certains historiens affirment que la décadence de l'Ordre aurait commencé dès la veille de la Révolution avec les réunions des Assemblées de notables et des Assemblées provinciales - créées par Loménie de Brienne, le nouveau contrôleur général des Finances du royaume, et préfiguration des états généraux. Ce n'est pas évident, sauf pour quelques régions, dont l'Ile-de-France et peut-être la Provence. Mais une fois la Constituante réunie (du 17 juin 1789 au 30 septembre 1791), et les premières décisions politiques prises, la maçonnerie essaie de montrer à l'égard de la monarchie constitutionnelle le même loyalisme qu'à l'égard de la monarchie absolue, fidèle en cela aux Constitutions d'Anderson (lire page 16) . La plupart croient que la maçonnerie n'est nullement en dysharmonie avec l'ordre nouveau, mais ne blâment jamais ceux qui y sont hostiles, aristocrates et plus tard émigrés. La « cohabitation » devient néanmoins impossible, et les frères expliqueront a posteriori ces ruptures qui entraîneront souvent la disparition des loges par « les circonstances » ou « la différence des opinions politiques ». Disparaissent donc les ateliers aristocratiques, la plupart des loges militaires, mais également beaucoup de loges bourgeoises. Les frères pris par les affaires publiques négligent les assemblées. « Nous avons, écrit le 28 mai 1792 un vénérable de Toulon au Grand Orient, des occupations plus urgentes et plus conséquentes que la maçonnerie. » Effectivement, beaucoup de frères, notables de leur ville, sont appelés à la tête des municipalités, des districts et des départements, ou à la direction des sociétés populaires. D'une façon générale, les loges sont entrées en sommeil avant le 10 août 1792. Il reste peut-être un dixième de l'effectif à cette date, mais il est difficile de donner une proportion exacte, car nombre d'ateliers ont subsisté sous forme profane ou de manière informelle. La situation s'aggrave avec l'avènement du gouvernement révolutionnaire. Certes, il n'y eut jamais, comme plus tard sous Vichy (lire page 68) , d'interdiction générale de l'Ordre. Mais les jacobins lui sont hostiles. Ils pensent que, dans une république, il ne doit pas y avoir d'organisation dont l'activité échappe au contrôle populaire. C'est d'ailleurs ce que reconnaît le Grand Maître, Philippe d'Orléans dans une lettre du 3 janvier 1793 (rendue publique le 23 février). Les arrêtés d'interdiction sont donc l'oeuvre de représentants en mission de districts, de départements ou de sociétés populaires particulièrement zélés. Comme souvent en pareille circonstance, l'attitude des frères a beaucoup varié ; certains se sont soumis, attendant des jours meilleurs. A Bordeaux et à Toulouse, certaines loges, formées essentiellement de militaires et de fonctionnaires, continuent à se réunir librement « sous la protection des lois » en pratiquant le « mimétisme révolutionnaire » (changement de titres distinctifs, rubans tricolores dans les décors, tutoiement, adoption du calendrier révolutionnaire, etc.). Une trentaine de loges aurait ainsi survécu. Nous savons d'autre part qu'il y a eu ici et là des tenues informelles qui ont permis, dès la réaction thermidorienne et sous le Directoire, la restauration de l'Ordre. En revanche, nous connaissons mal le moment où les instances dirigeantes ont cessé de se réunir. Le redressement, rendu très difficile par la dispersion politique des frères, mais aussi par la politique imprécise du Directoire, ne fut pas aisé. Le Grand Orient a survécu jusqu'à l'été 1794. A la veille de la Révolution, les frères (appartenant essentiellement à la haute noblesse) se sont déjà divisés : pour ou contre Brienne, pour ou contre Necker. Cette division s'accentue lors des élections à la Constituante. Malgré les efforts du député lyonnais Milanois, il est impossible de réunir les frères députés en fraternelle. L'attitude politique de ces élus est édifiante de la profonde scission qui se produit, pendant la période révolutionnaire, à l'intérieur du pays. Dans la noblesse où l'épée domine, la rupture s'effectue très vite. Un quart des maçons nobles suit le duc d'Orléans dans son rapprochement avec le tiers état. Ensuite, ces « sires » se rencontrent à tous les horizons politiques, de la gauche (Beauharnais, Hérault de Sechelles), à la droite (Cazalès) et parmi l'émigration (Montmorency-Luxembourg, CroØ). Les représentants du clergé restent relativement cohérents jusqu'au vote, le 12 juillet 1790, de la Constitution civile du clergé : la majorité passe dans l'opposition, mais les futurs évêques constitutionnels, en sont partisans. La masse des députés du tiers est constitutionnelle. Néanmoins, on trouve des partisans de l'Ancien Régime, Faydel, Paccard et surtout Martin Dauch, député de Castelnaudary, le seul à refuser de prêter le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789. Il y a aussi quelques députés en relation avec l'extrême gauche : Barère, Prieur de la Marne, Merlin de Douai, etc. D'après les votes, on peut dire qu'une centaine de maçons est favorable à la Révolution, une cinquantaine a une attitude effacée, quarante sont nettement hostiles au mouvement parmi lesquels trente et un émigrent. Par la suite, vingt-neuf siégeront à la Convention, une douzaine dans les conseils du Directoire. Quatre-vingt-un se rallieront au Consulat et à l'Empire, quinze à la Chambre des pairs de 1815, dont quatre refuseront de voter la condamnation du frère maréchal Ney. A l'Assemblée législative (1er octobre 1791-20 septembre 1792), les maçons se retrouvent à tous les bords politiques : à droite, Pastoret, Lameth, Mathieu Dumas, Beugnot, Jaucourt, Girardin ; à gauche, Couthon, Guadet, Lacombe Saint- Michel, Romme, Lamarque. Plus difficiles à classer, Aubert Dubayet, Lacépède, Muraire. Sous la Convention (21 septembre 1792-26 octobre 1795), les cent soixante parlementaires maçons se divisent. Lors du vote test sur la culpabilité du roi, le 17 janvier 1793, soixante-six votent la mort, treize le sursis, cinquante-deux d'autres peines. Si on ajoute à ces non-régicides ceux qui ont voté l'amendement du frère Miailhe (le sursis), on arrive à un total de soixante-cinq, à une unité près celui des régicides. Si on tient compte de la distinction montagnards-girondins-plaine, une trentaine s'oriente nettement vers la gironde, une cinquantaine vers la montagne, la grande masse étant centriste. Mais ces frères s'engagent souvent jusqu'à la mort. L'attitude des parlementaires n'a guère de répercussions sur les frères de la base. Il y a toujours eu une maçonnerie de droite, sinon d'extrême droite. Aux débuts, elle apparaît dans les loges d'aristocrates jusqu'à leurs dissolutions. A Toulouse, vingt-sept parlementaires sont exécutés sous la Terreur. A Lyon, on dénombre cent trente-six victimes de la répression révolutionnaire après la prise de la ville, car les frères ont été nombreux dans la municipalité girondo-royaliste (Vireu, Savaron, Perprissé, Duluc, Gilibert). Dans l'Ouest, il y a évidemment émigration, mais surtout participation au soulèvement vendéen avec Charette, Contades, La Bourdonnaye... En tant que « corps », la maçonnerie n'a pas à se féliciter de la Révolution. Le nombre des victimes maçonnes n'a jamais été établi, sauf pour Lyon, cas qu'il est cependant impossible de généraliser. Les organismes directeurs ont pratiquement disparu et peu de loges ont réussi à se maintenir. Le redressement a commencé mais, sous le Directoire (oct. 1795-nov. 1799), l'Ordre est profondément divisé, et cette distinction n'est pas seulement idéologique, mais aussi politique. Il y a désormais des ateliers jacobins et des ateliers monarchistes. Mais les anciennes distinctions de rites et d'obédiences se sont estompées. L'accusation d'avoir été aux sources de la Révolution se mêle aux autres idées. La « latomophagie » (littéralement « bouffeur de maçons ») est parfaitement contemporaine à l'Ordre et on en trouve les premières traces en Angleterre au XVIIIe siècle... Il n'y a évidemment jamais eu l'ombre d'une preuve de l'existence d'un complot contre l'Eglise et l'Etat et a fortiori que ce complot ait eu une origine maçonnique. Pourtant, sous l'influence de l'abbé Barruel, auteur en 1797 des Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, prend corps une violente campagne antimaçonnique visant à faire de la Révolution française, puis des révolutions subséquentes - indépendance sud-américaine, Risorgimento, développement du nationalisme hongrois et tchèque, puis plus tard, russe -, une oeuvre maçonnique. Il semble que cette idée ait connu un immense succès dans les milieux aristocratiques et particulièrement au sein du clergé à qui il fournissait une réponse facile aux questions posées. Aux accusations de Barruel, les loges répondent par une négation à peu près totale. Mais le polémiste le plus efficace est l'ex-constituant grenoblois, Jean-Jacques Mounier, bien placé pour parler de ces problèmes, puisqu'il a joué, dans les prémices de la Révolution, un rôle capital. Mounier n'est pas isolé. Les frères qui prennent la plume nient toute relation entre maçonnerie et jacobinisme. Pourtant, le mythe survit et prospérera. Sous l'Empire, tout le monde se tait, et la police tout autant que les préfets défendent la maçonnerie contre les attaques du clergé. En revanche, la Restauration est marquée par une forte reprise de la polémique antimaçonnique. Dès 1815, est publié Le Nouveau Judaïsme ou la Franc- Maçonnerie dévoilée , oeuvre d'un anonyme qui reprend les aveux de Cagliostro. Celui-ci a interprété le sigle LDP (Liberté de passer) du grade de chevalier d'Orient par Lilium destrue pedibus (Foule les lys aux pieds) et affirmé que le but de l'Ordre est de détruire la monarchie. Plus grave, dès 1820, apparaissent les accusations de « satanisme », la maçonnerie « synagogue de Satan ». Des « ultras » s'adressent à la justice ou à la Chambre des pairs pour obtenir l'interdiction de l'Ordre. Malgré cette attitude hostile du pouvoir, la maçonnerie n'a jamais cessé de renier la Révolution. C'est en 1848 que les choses vont changer, par la grâce d'un profane de génie, Alphonse de Lamartine qui, le 10 mars, fait sienne l'affirmation parfaitement inexacte du frère Barbier, selon laquelle la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » a « de tout temps » été celle de l'Ordre. Lamartine lui donne toute sa résonance. Désormais - non d'ailleurs sans débats -, la devise qui était déjà celle de la République (de la deuxième, pas de la première) devient celle de la franc-maçonnerie française. Il y a un évident contraste entre le rôle très discret, sinon nul, de la maçonnerie pendant la Révolution et la légende qui l'entoure. Il va sans dire qu'il ne saurait être question de nier l'influence de certains maçons sur les événements, même si la maçonnerie n'y a pas joué un rôle de premier plan. Le général vendéen Autichamp - qui laisse la vie sauve à 5 000 républicains - eût-il été différent s'il eut été profane ? Le rôle de Couthon - qui fit preuve de modération dans la répression à Lyon - au Comité de Salut public aurait-il été le même s'il n'avait appartenu à l'atelier tarbais ? Questions que nous sommes en droit de nous poser, même s'il nous est, historiquement au moins, impossible de répondre. * Daniel Ligou a dirigé l'ouvrage collectif Histoire de la franc-maçonnerie en France (Ed. Privat, 2 tomes, 2000), Dictionnaire de la franc-maçonnerie (PUF, 2004), Constitutions d'Anderson (Edimaf, 1992). |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:20:14
| Aux temps bénis de la IIIe République Voici sans nul doute l'âge d'or de la franc-maçonnerie. Aux problèmes qui agitent la société française, les frères offrent des solutions. Une omniprésence dont ils feront les frais à l'heure de la défaite de 1940. Par Jean-Robert Ragache * Dès la proclamation du nouveau régime en septembre 1870, conséquence de la défaite de Sedan, les francs-maçons sont présents dans le gouvernement : vieux républicains comme Adolphe Crémieux, Garnier-Pagès, Eugène Pelletan, ou plus récents tels Emmanuel Arago, Léon Gambetta ou Jules Simon. Ils n'apparaissent pas ici comme francs- maçons, mais comme tenants des idées nouvelles. Ils ne sont pas seuls, ces hommes politiques appelés à la postérité. Ils sont relayés dans les provinces par des préfets, sous- préfets, eux-mêmes cadres de la république naissante et membres du Grand Orient de France. Le maillage de la France républicaine commence, et il est d'autant plus nécessaire que le pays est encore majoritairement monarchiste ou bonapartiste, avec le soutien d'une Eglise catholique unie par des sentiments contre-révolutionnaires et donc antirépublicaine. La Commune de 1871 confirme dans les esprits conservateurs que la république, c'est le désordre. Si le président du Conseil de l'Ordre - on ne dit plus Grand Maître depuis 1870 - condamne le mouvement de son propre chef, le convent de 1871 ne vote pas de sanctions contre les frères impliqués dans la Commune, suivant en cela les préceptes politiques des Constitutions d'Anderson de 1723 qui prônent la fidélité des maçons aux gouvernements en place, tout en se refusant à les punir s'ils s'avisent de les combattre et de comploter contre eux. Si la république s'instaure, c'est lentement. Il ne suffit pas de proclamer un régime, de voter quelques lois constitutionnelles, dont l'une instituant un président de la République, pour avoir une France républicaine. Il faut un travail dans les esprits, notamment dans les campagnes où l'influence de l'Eglise est encore forte. L'image caricaturale de la lutte entre l'instituteur et le curé est en fait proche de la réalité. Cet instituteur est souvent franc-maçon. Il est le vecteur de la politisation républicaine de la France, et le médiateur dans la diffusion des idées. Face à lui, le représentant d'une Eglise qui ne se ralliera officiellement, quoique du bout des lèvres, au régime républicain que dans les années 1890. Ce clivage marque toute la IIIe République et se trouve amplifié lors des crises. C'est parce que l'Eglise est le héraut organisé de la volonté conservatrice qui, en l'absence de partis, n'a pas d'unité, que se développe en franc-maçonnerie un anticléricalisme, dénominateur commun de tous les frères. Il ne suffit pas de combattre « l'infâme », encore faut-il élaborer un système qui puisse imposer un esprit républicain. Cette république va se construire dans les ateliers, non pas dans une optique révolutionnaire - la franc-maçonnerie n'aspire pas au bouleversement - mais réformiste. En témoignent les travaux des convents du Grand Orient de France et la nature des conférences (on dit « planches ») prononcées en loges. Car, à partir des principes énoncés dans la Constitution du Grand Orient, les frères ne se contentent pas de concevoir des doctrines, ils émettent des voeux qui témoignent de leur volonté d'action dans la vie publique. Ce sont essentiellement les questions sociales et scolaires qui dominent ; toutefois, la franc-maçonnerie ne peut échapper à l'influence de l'environnement économique, politique, international. Ainsi les questions travaillées en loges sont-elles discutées lors des convents et montrent bien la nature des préoccupations maçonniques. Sont traitées, entre autres : en 1900 et 1901, la réforme de l'enseignement, la question de la dépopulation, la création d'une caisse de retraite pour la vieillesse ; en 1903 : la participation des ouvriers aux bénéfices de l'entreprise, la réglementation du travail des femmes et des enfants, les rapports entre le capital et le travail ; en 1911 et 1912 : l'alcoolisme, la prostitution, la criminalité juvénile ; en 1931-1932 : la crise morale de la démocratie, le chômage, ses causes et ses remèdes - la grande crise commence à se faire sentir en France. En 1933, Hitler vient de prendre le pouvoir en Allemagne : la question du désarmement et de la sécurité internationale est alors étudiée. Depuis l'instauration de la IIIe République, l'osmose entre paysage politique et paysage maçonnique est importante. On définit alors la franc-maçonnerie comme « la république à couvert ». D'un côté, les dirigeants du Grand Orient sont souvent des hommes politiques : Colfavru est député, Desmons sénateur, Thulié président du conseil municipal de Paris, Viguier et Lucipia sont présidents du conseil général de la Seine, Blatin député du Puy- de-Dôme, Delpech est sénateur et Lafferre député. A la Grande Loge, Mesureur est ministre. Et parmi les membres des obédiences, on trouve bon nombre de députés, de maires et d'élus de toutes sortes. D'un autre côté, un certain nombre de gouvernements sont présidés par des francs-maçons. Si Charles Floquet et Léon Bourgeois sont les seuls présidents du Conseil ouvertement soutenus par le Grand Orient, il y a aussi Dupuy, Combes, Brisson, et on trouve quantité de frères ministres, jusqu'à 60 % entre 1889 et 1893 et de 1902 à 1906. D'ailleurs, le premier parti politique qui voit le jour en 1902 - la loi sur les associations date de 1901 - dit dans l'article premier de ses statuts : « Il est formé entre les comités, ligues, unions, fédérations, sociétés de propagande, groupes de libre-pensée et loges [...], une association dénommée parti républicain-radical et radical-socialiste. » Malgré cette présence affirmée dans le monde politique, la franc-maçonnerie a du mal à faire passer ses idées. Entre un voeu émis lors d'un convent et sa réalisation sous forme de loi, le temps est parfois long. Ainsi l'impôt progressif sur le revenu proposé en 1872 ne sera-t-il voté qu'en 1914, les congés payés, approuvés en 1876, ne deviendront légaux que soixante ans plus tard. Ceci montre les limites de l'influence maçonnique sur le monde politique. Certes, les lois scolaires des années 1880 qui assurent la gratuité, l'obligation et la laïcité de l'enseignement sont l'oeuvre du frère Jules Ferry. Elles ont pour objet de ne pas laisser les consciences enfantines aux mains de l'Eglise. Ces lois veulent en faire des Français par la langue et des républicains par le coeur, dans une volonté d'unification du pays. Ce que n'avait pu réaliser la Révolution, la république le construit. La loi du 9 décembre 1905, encore en vigueur aujourd'hui et qui va fêter ses cent ans, institue la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui était réclamée par les francs-maçons depuis 1886. Elle stipule que « la république ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte », qu'elle assure la liberté de conscience et qu'elle garantit le libre exercice des cultes. C'est le fondement juridique de la laïcité française, complété constitutionnellement en 1946 et en 1958. Cette séparation, qui apportera la paix religieuse dans notre pays jusqu'à aujourd'hui, vaudra néanmoins à la franc-maçonnerie les foudres de l'Eglise. Les travaux des loges ne concernent pas seulement le rôle de l'Eglise dans la société. Dans ces « laboratoires législatifs » que sont les convents, les études mènent souvent à des propositions de loi comme le statut des fonctionnaires, les habitations à bon marché ou les accidents du travail. Avec pour relais les hommes politiques, les préfets ou les fonctionnaires de tous échelons. Le rôle de la maçonnerie se décèle aussi lors des grands moments de la république, avec des fortunes diverses selon les époques. Partagé lors de la Commune de Paris (lire p. 66) , le Grand Orient se retrouve uni dans la lutte contre Boulanger, ce général élu dans plusieurs départements, trop populaire au goût des républicains qui craignent le retour à un régime autoritaire. C'est d'ailleurs le ministre de l'Intérieur, Constans, qui provoque la chute du général, sous la présidence du Conseil du frère Charles Floquet. La Ligue des droits de l'homme, créée à cette époque, le sera avec la bénédiction laïque du Conseil de l'Ordre et dans les locaux de la rue Cadet (siège du Grand Orient). Lors de l'affaire Dreyfus, qui va diviser le pays - ou révélera ses divisions -, le rôle de la franc-maçonnerie est plus ambigu. Mais cet événement est essentiel à la compréhension de la réalité maçonnique et des rapports de l'Ordre avec le politique. Le mythe du complot judéo-maçonnique resurgit : « Comment la franc-maçonnerie aurait-elle pu se dispenser de prendre fait et cause pour Dreyfus, alors que les juifs et les protestants avaient fait de son affaire, leur affaire ? » écrit Edouard Drumont, en 1899, dans son journal La Libre Parole . Comme dans la période qui suit la Révolution, les francs-maçons vont s'approprier le mythe construit par leurs adversaires en le positivant. Ils finissent par se persuader que la réhabilitation de Dreyfus est leur oeuvre. Or, dans les faits, leur intervention sera tardive. Il faudra près de quatre ans pour que l'obédience se lance dans la bataille. Les consignes du Conseil de l'Ordre incitent les frères à la modération et à la non-intervention dans le climat passionnel du monde profane. De 1894 à la fin de 1897, la majorité des frères reste neutre, voire foncièrement antidreyfusarde. Les quelques voix qui s'élèvent dans leurs rangs le font non pas tant en faveur de Dreyfus que contre l'illégalité du premier procès. C'est le J'accuse de Zola, en janvier 1898, qui réveillera les consciences maçonniques. A l'aube du XXe siècle, la franc-maçonnerie française connaît une prospérité qui va durer jusqu'à la Première Guerre mondiale. Certes, elle est loin d'atteindre les effectifs que lui prêtent ses adversaires : le Grand Orient de France dépasse tout juste les 17 000 membres, la Grande Loge de France, nouvellement créée compte 5 000 frères, le Droit Humain encore moins. En tout donc, moins de 25 000 francs-maçons. Cependant, leur influence dans la républicanisation du pays est forte. Les mesures inspirées par les travaux dans les loges sont parfois votées au parlement avec l'appui des frères députés ou sénateurs. L'influence maçonnique est bien sûr liée à la victoire du Bloc des gauches en 1902. La présidence du Grand Orient est tenue par des radicaux : Lucipia, Desmons, Delpech, Lafferre, et il en est de même à la Grande Loge avec notamment Gustave Mesureur. Pour les élections, des comités républicains, créés et animés par les loges partout en France, ont fait campagne de façon ouverte en faveur des candidats de gauche. Lorsque le franc-maçon Emile Combes est nommé à la présidence du Conseil, sa politique anticléricale lui vaut le soutien des obédiences. Elles sont en grande partie entendues comme en témoigne la loi de Séparation de décembre 1905 votée après le départ de Combes pour cause d'« affaire des fiches » (lire encadré) . C'est d'ailleurs cette affaire qui va provoquer la fin de l'intervention directe de la maçonnerie dans la vie politique. Les risques de telles ingérences apparaissent clairement aux dirigeants maçonniques. A cela s'ajoute, suite à la loi sur les associations de 1901, la constitution de partis politiques, à gauche notamment les radicaux et les socialistes de la SFIO. La franc-maçonnerie n'est plus le seul lieu de réflexion politique. Son rôle de relais entre les idées et l'action se voit concurrencer par celui des partis. Néanmoins, dans une large majorité, les loges continuent de se préoccuper de réformes sociales. Les grands projets côtoient les voeux d'améliorations pratiques : le code du travail comme le statut juridique des enfants naturels, les coopératives ouvrières comme la surveillance des logements malsains, la création d'un ministère du Travail comme la criminalité juvénile. Les actions concrètes non plus ne manquent pas : en témoigne l'ouverture, dans les locaux maçonniques, d'universités populaires. Tous les problèmes sont y abordés, à l'exception de ceux provoqués par la situation internationale. En 1914, un maçon, René Viviani, est président du Conseil et son cabinet d'Union sacrée compte neuf maçons, tandis que le frère Joffre dirige l'armée française. Pendant la guerre, du fait de la mobilisation, les obédiences voient leur activité se ralentir. Les convents ne se réunissent plus mais les discussions continuent au sein des loges, notamment à partir de 1917 avec la chute du tsarisme en Russie et l'avènement du bolchevisme. On discutera d'ailleurs après la guerre de l'opportunité de reconnaître la République des soviets. On débat également du type de paix à négocier avec l'adversaire. Cette même année 1917, les maçons des pays alliés se réunissent par deux fois à Paris. A nouveau on évoque la création d'une Société des nations. Si la fin de la guerre et la victoire marquent l'affermissement de la IIIe République, l'élection d'un parlement conservateur - la chambre « bleu horizon » - ne répond pas, loin s'en faut, aux attentes des maçons. Cela détermine d'ailleurs le Grand Orient à lancer le Manifeste aux républicains , tiré à 100 000 exemplaires, qui recense les nombreux sujets de mécontentement en matière économique et sociale et dénonce les atteintes à la laïcité. Toutefois, l'unité des frères n'est plus de mise, confrontés qu'ils sont aux positions prises par les partis politiques. Au congrès de Tours de 1920, les maçons se divisent entre une majorité choisissant la SFIO, et une minorité, plus jeune d'ailleurs, qui se rallie à la IIIe Internationale et au futur parti communiste. Le clivage va encore s'accroître lorsqu'en 1922, le IVe congrès de l'Internationale vote, à la demande de Zinoviev, l'interdiction de double appartenance au parti communiste et la franc-maçonnerie, ce qui va éloigner les communistes des loges jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale - et qui explique aussi dès lors, dans la composition socioprofessionnelle des obédiences, la faible importance numérique des ouvriers. Les élections de 1924 vont donner l'occasion au Grand Orient d'intervenir directement, et pour la dernière fois, dans la vie politique. Un nouveau manifeste, intitulé Aux forces de gauche , est tiré à 500 000 exemplaires et distribué. C'est une déclaration de guerre aux partis conservateurs et une exaltation de l'ardeur des obédiences dans le combat électoral. La victoire du Cartel des gauches semble être, en partie, le résultat de cet engagement maçonnique. Mais une fois la joie exprimée, le Grand Orient rappelle à la nouvelle majorité la nécessité d'appliquer ses promesses. L'échec du gouvernement de gauche auquel va succéder en 1926 un gouvernement d'Union nationale, sous la direction de Raymond Poincaré, va inciter la maçonnerie à s'éloigner de l'arène politique pour reprendre ses travaux de réflexion. D'ailleurs, la crise économique mondiale et la situation internationale exigent la production d'idées. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les maçons tentent d'établir des contacts au-delà des frontières avec la Ligue universelle des francs-maçons et l'Association maçonnique internationale qui regroupe une trentaine d'obédiences européennes et américaines. Celles-ci s'inquiètent en effet des interdictions de la maçonnerie en Union soviétique comme en Italie fasciste et en Allemagne nazie. Devant la montée des périls, peut-on encore être pacifiste et prôner le désarmement ? De plus, le danger extrémiste menace aussi la France. L'affaire Stavisky éclate sous la présidence du Conseil du frère Chautemps. La collusion entre l'escroc et certains membres du parti radical, et partant avec des milieux maçonniques, est dévoilée. D'où la colère, après le 6 février 1934 où les ligues tentent de renverser le régime, de l'extrême droite contre l'Ordre. Le mythe du complot judéo-maçonnique reprend du service. Des actes de violence sont commis contre des temples, des frères sont menacés. Malgré la radiation des maçons compromis et une volonté de rigueur dans le recrutement, la baisse des effectifs est révélatrice d'un certain flottement dans les convictions. Or la période est mal choisie pour une crise interne. A l'extérieur, le péril se précise. Le Grand Orient de France prend conscience de la menace et soumet à l'étude des loges : « Les doctrines fascistes et les moyens de les combattre ». Pendant ce temps, l'antimaçonnisme va bon train. Quelques parlementaires, parmi lesquels Xavier Vallat et Philippe Henriot, demandent au parlement l'interdiction de la franc-maçonnerie. La proposition est rejetée mais les débats et leur écho montrent combien l'image de l'Ordre s'est dégradée. Et pourtant, le Front populaire, arrivé au pouvoir en 1936, semble répondre aux aspirations maçonniques : voilà soixante ans que le Grand Orient de France a proposé les congés payés et des années qu'il réitère ses voeux de semaine de quarante heures. Les liens entre franc-maçonnerie et politique semblent renoués. Au défilé du 14 juillet 1936, le Grand Orient est officiellement représenté. Le gouvernement comprend un nombre important de maçons socialistes ou radicaux : Ramadier, Salengro, Viollette, Chautemps, Zay, entre autres. Toutefois, ce sont les problèmes extérieurs qui vont vite prendre le pas sur les questions intérieures. Interdite dès l'été 1940, la maçonnerie paye le prix de son attachement à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». * Ancien Grand Maître du Grand Orient de France (en 1987 puis entre 1989 et 1992), Jean-Robert Ragache a publié La Vie quotidienne des écrivains et des artistes sous l'Occupation avec Gilles Ragache (Hachette Littératures, 1992) et Comment être franc-maçon ? avec Charles Conte (éditions Charles Corlet, 1996). |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:20:50
| Commune de Paris : tous aux barricades ! Bannières déployées, 6 000 maçons défilent du Louvre aux portes Maillot et Dauphine face à la mitraille versaillaise pour tenter de concilier les parties adverses. En vain. Par Frédéric de Monicault et Jean Brunot En sortant de ses ateliers mystiques pour porter sur la place publique son étendard de paix, qui défie la force en affirmant en plein soleil les idées dont elle gardait les symboles dans l'ombre depuis des siècles, la franc-maçonnerie a réuni au nom de la fraternité, la bourgeoisie laborieuse et le prolétariat héroïque... Merci à elle. Elle a bien mérité de la République et de la Révolution... » Sous le titre « Les maçons aux remparts », Jules Vallès, maçon lui-même, âme de la Commune (et membre du Conseil) salue dans son journal Le Cri du peuple du 1er mai 1871 la manifestation des francs-maçons parisiens. La manifestation du 1er mai est la fois une ode à la joie et le chant du cygne. Certes, les maçons sont sortis du temple pour la bonne cause : négocier, arrêter l'effusion de sang mais l'échec, on le sait déjà, est radical. La manifestation de l'avant-veille, le 29 avril 1871, sans précédent dans l'histoire de la maçonnerie, a conduit 6 000 frères de la cour du Louvre aux portes Maillot et Dauphine, bannières déployées, face aux barricades versaillaises du pont de Courbevoie. Ils sont partis à 8 heures du matin, ont été rejoints par des bataillons de garde nationaux et par cinq membres de la Commune, désignés par le sort, dont Félix Pyat, Jean-Baptiste Clément, l'inoubliable auteur du Temps des cerises, tous deux maçons, et Eugène Pottier, auteur des paroles de L'Internationale, qui sera initié quelques années plus tard. Plus significatif encore est ce « drapeau rouge frangé d'or » qu'un autre membre de la Commune, Léo Meillet, remet aux maçons : « C'est le drapeau de la Commune de Paris que la Commune va confier aux francs-maçons. Il sera placé au- devant de vos bannières et devant les balles homicides de Versailles. Quand vous les rapporterez, ces bannières de la franc-maçonnerie, qu'elles reviennent déchirées ou intactes, le drapeau de la Commune n'aura pas faibli... Ce sera la preuve de leur union inséparable. » Félix Pyat est encore plus vibrant : « Frères, citoyens de la grande patrie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Egalité, Fraternité [...] vous, francs-maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions. Aussi, après avoir affiché votre manifeste - le manifeste du coeur - sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d'humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée. Vous allez protester ainsi contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle. » On est loin de la discrétion, du secret maçonnique. C'est en cortège, aux sons de La Marseillaise et des hymnes rituels, que les maçons de cinquante-six loges différentes remontent les Champs-Elysées. En attendant, les obus versaillais tombent dru autour de l'Arc de triomphe et opèrent, pour un temps, une légère dispersion dans les rangs maçonniques. Le feu se calme, un drapeau blanc est planté sur une barricade, les bannières sont, elles aussi, plantées de cent mètres en cent mètres de Dauphine à Maillot, de Maillot à Bineau. Les canons se sont tus et trois délégués, Thirifocq, Fabreguette et Lavacque avancent vers les barricades versaillaises placées sous les ordres d'un autre maçon, le général Montaudon. Celui-ci ne peut qu'accorder une trêve, laissant le temps à deux délégués de rencontrer Thiers, « le petit-bourgeois », chef du gouvernement, ennemi irréductible de la Commune, pas maçon pour un sou. C'est la tentative de la dernière chance que font Thirifocq et Fabreguette. Ils partent à 5 heures et reviennent le lendemain matin, le 30 avril, à 6 h 30. Thiers, agacé, les a fait attendre, les a reçus entre deux portes, leur a déclaré qu'il en avait assez de perdre son temps avec les avocats de la conciliation et qu'il s'en tenait à ce qu'il a dit : il continuera les hostilités tant que les insurgés n'auront pas déposé les armes. Thirifocq a compris : « Si au début les francs-maçons n'ont pas voulu agir, c'est qu'ils tenaient à acquérir la preuve que Versailles ne voulait entendre aucune conciliation. Ils sont prêts, aujourd'hui, à planter leurs bannières sur les remparts. Si une seule balle les touche, les francs- maçons marcheront d'un même élan vers l'ennemi commun. » Le 30 avril, le constat d'échec est donc douloureux. Pendant des années, il le restera. Le mouvement maçonnique paiera cet engagement spectaculaire. Dans sa chair, bien sûr, comme tous les communards, mais aussi dans sa tête et dans son image ; il a frôlé l'éclatement, il aura du mal à se débarrasser de son image socialiste et communarde, étayée par des ralliements spectaculaires. Ainsi Louise Michel : « Il y a longtemps que j'aurais été des vôtres, si j'eusse connu l'existence des loges mixtes [...]. Selon moi, devant le grand idéal de liberté et de justice, il n'y a point de différences d'hommes et de femmes ; à chacun son oeuvre. » Parallèlement, le profond sentiment républicain des maçons avec la volonté de s'impliquer dans le siècle « pour apporter des solutions maçonniques à la vie du pays » a joué, constate Philippe Henri Morbach, l'historien de la Grande Loge de France. « Les vénérables se sont sentis soudain en charge de la France », dit de son côté, l'ancien Grand Maître, Jean Verdun. En l'absence du droit d'association et de réunion, les républicains ont trouvé leurs tribunes dans les loges. Quand, le 18 mars, les Parisiens exécutent les généraux Lecomte et Thomas venus enlever les canons, et que Thiers fait de Versailles la capitale de la France, la maçonnerie est divisée entre légitimistes et progressistes. Dès le départ, les maçons avaient choisi la voie de la conciliation mais c'est une petite loge peu connue de Belleville, les Disciples du Progrès, et son vénérable Auguste Saugé, cordonnier, qui lancent le mouvement vers la manifestation du 29 avril. Auparavant, le 8 avril, les maçons ont placardé sur les murs de Paris : « Arrêtez l'effusion de ce sang précieux qui coule des deux côtés, et posez les bases d'une paix définitive qui soit l'aurore d'un avenir nouveau... » Les séances maçonniques sont alors quasi quotidiennes. Une délégation se rend à Versailles, rencontre Jules Simon le 11 avril. Celui-ci leur fait des promesses. Elles ne seront pas tenues. Le 22 avril, une autre délégation est reçue cette fois par Thiers « avec une politesse froide ». Celui-ci se refuse à toute concession. Les délégués obtiennent une trêve pour permettre l'évacuation des populations de Neuilly, des Ternes et de Sablonville, trêve dont Thiers profite pour renforcer son dispositif. Le 25 avril au soir, les combats reprennent. Le 29 s'ouvre alors une des journées les plus surprenantes de l'histoire de la franc-maçonnerie, la journée de toutes les polémiques et de tous les échecs. Quelques jours plus tard, s'envole dans le ciel de Paris un ballon sur lequel figurent trois points symboliques - qui signifient que ce qui suit doit être lu avec attention par les frères maçons. En l'occurrence, le ballon sème des exemplaires du Manifeste maçonnique du 5 mai, qui encourage les maçons du monde entier à rejoindre dans la lutte les Communes de France unies avec celle de Paris. Mais le 21 mai, les Versaillais entrent dans Paris et font un massacre. Le bilan est impressionnant : 30 000 morts, 38 000 prisonniers ; le physiologiste Pierre Flourens a été abattu, Gaston Crémieux fusillé, Jules Vallès, Félix Pyat, Benoît Malon, Francis Jourde et d'autres maçons sont en fuite, Saugé a disparu en Normandie. Le Grand Orient qui, le 28 avril 1871, a fait savoir par voie d'affiche qu'il refusait d'endosser la responsabilité de « cette exhibition » ne manquera pas pourtant de fêter le centenaire de la Commune. |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:21:38
| Lyon, une ville sous influence ? Seconde métropole de France, la capitale des Gaules est aussi la mieux initiée après Paris, avec près de 4 000 frères. Depuis la Révolution, la vie publique est donc profondément marquée par les valeurs maçonniques qui ont façonné son identité. Par Gérard Chauvy * La date de naissance de la franc-maçonnerie lyonnaise pourrait être 1535. On sait en effet, grâce à un document datant du XVIe siècle, que deux loges écossaises fonctionnent à cette époque, l'une à Paris, l'autre à Lyon. Entre compagnonnage et franc-maçonnerie, les rapports sont alors étroits (lire p. 8) . A Lyon, cette proximité se traduit par l'existence d'une première loge d'ouvriers constructeurs, sur laquelle nous savons peu de chose, si ce n'est qu'elle s'appelle Fraternité des libres maçons... Une page décisive, et mieux connue, va s'écrire deux siècles plus tard. Elle correspond à l'essor de la franc-maçonnerie lyonnaise, spéculative celle-là, dont les inspirateurs sont des personnages fort singuliers, qui se révèlent au XVIIIe siècle. Si on mentionne souvent la présence de trois loges lyonnaises, non identifiées formellement puisque Lyon ne figure pas sur une liste des « Loges régulières du Royaume de France faite à l'Assemblée de la Grande Loge tenue le 6 novembre 1744 », c'est après 1750 que l'on voit s'affirmer, de source certaine, la franc-maçonnerie à Lyon. Le contexte est favorable : la ville a, en ces années précédant la Révolution, une réputation assez considérable pour qui s'intéresse aux vibrantes sensations procurées par des rivages inconnus, sources de pouvoirs mystérieux. Lyon passe pour être très réceptive aux nouveautés ésotériques. On aurait tort de négliger aussi la crise que traverse la chrétienté, caractérisée par la décadence des ordres religieux ou encore la fronde qui gagne le clergé séculier. Autant de facteurs qui favorisent l'éclosion de nouveaux centres de réflexion qui animent politiquement ce siècle des Lumières. La date historique est celle du 24 juin 1753 : ce jour-là, une cérémonie voit le Vénérable Frère Willermoz élu Grand Maître de la loge La Parfaite Amitié. Cette dernière ne fera l'objet d'un acte de constitution que le 21 novembre 1756. Jean-Baptiste Willermoz est la grande figure de la maçonnerie lyonnaise. Né à Lyon en 1730, il est issu, sans surprise, d'une famille de négociants en soierie. Les sciences occultes l'attirent. Il est déjà initié, sans que l'on sache à quelle loge il appartient, lorsqu'il fonde la Parfaite Amitié avec huit autres commerçants lyonnais. Sa démarche est liée à ce que l'on appelle « l'école mystique lyonnaise ». Willermoz croit en une forme de christianisme ésotérique qui trouverait, dans un cadre nouveau, des possibilités de se développer. Sur son chemin, il croise, en 1768, un certain Martinès de Pasqually, originaire de Grenoble. Cet homme veut, de son côté, ouvrir une voie en marge d'une Eglise qui ne répond plus à sa mission, même s'il se réclame toujours de la religion catholique. Impatient, Willermoz noue ensuite des relations avec le comte Louis-Claude de Saint-Martin, un pur mystique qui trouvera cependant ce qu'il cherche en dehors de la maçonnerie. A l'Ordre martiniste qui lui survivra, adhéreront aussi bien, au XIXe siècle, un certain docteur Gérard Encausse, plus connu à Lyon sous le nom de Papus, que l'écrivain Maurice Barrès ou le Sâr (le mage) Peladan... Sans doute Willermoz voit-il certains de ses frères s'égarer « de folies en folies », mais il poursuit sa quête vers « la Connaissance et la Lumière », avec la volonté de découvrir de nouveaux rites et d'avoir accès aux véritables sources ésotériques. Il contribue au développement de plusieurs loges, comme la Grande Loge qui regroupe Les Vrais Amis de Jean Paganucci, La Sagesse avec son frère, et L'Amitié de Jacques-Irénée Grandon. Pas moins de 36 loges naissent à Lyon entre 1756 et 1789. Willermoz est attiré, dès 1772, par la franc-maçonnerie allemande, tournée vers la chevalerie et l'ordre du Temple. Il consacre à cette orientation une nouvelle loge, dite La Bienfaisance. Après avoir entamé une action de rapprochement des maçons européens en organisant, en 1778, à Lyon, un convent des Gaules, il franchit un autre pas quatre ans plus tard lorsqu'il participe, en Allemagne, au convent de Willemsbad : « Comme Joseph de Maistre, explique l'historien de la maçonnerie lyonnaise Jean-Jacques Gabut, Willermoz professe la volonté d'oecuménisme déjà inscrite dans le discours du Chevalier Ramsay - le disciple de Fénelon - et, bien sûr, dans les Constitutions d'Anderson. Le convent de Willemsbad qui fixe en 1782 les règles du Rite Ecossais Rectifié est, à sa manière, la première rencontre oecuménique entre catholiques et protestants. » C'est là un événement d'importance, qui marquera pour longtemps l'univers de la franc-maçonnerie : il existe encore de nos jours de nombreuses loges pratiquant le Rite Ecossais Rectifié. A la veille de la Révolution de 1789, on peut établir l'existence à Lyon de 1 383 maçons dont 1 040 se répartissent ainsi : 656 négociants ; 25 bourgeois ; 122 nobles ou gentilshommes ; 113 hommes de loi (36 notaires et avocats, 29 procureurs, 10 juges de paix et greffiers, 7 étudiants) ; 65 ecclésiastiques, dont 15 chanoines comtes de Lyon ; 12 agents de change ; 47 professions médicales (29 chirurgiens, 18 médecins et apothicaires). Les loges lyonnaises ont donc à cette époque une composition très bourgeoise, avec la dominante du négoce, et une représentation importante du tiers état. La présence d'ecclésiastiques n'a rien de surprenant puisque l'influence chrétienne, contrairement au siècle suivant, est assez grande dans le monde maçonnique. Son côté mystique et son attachement aux phénomènes occultes valent toutefois à la franc-maçonnerie lyonnaise d'autres vocations et pas mal de dérives. Ainsi avec Antoine Mesmer qui, s'il n'est jamais venu à Lyon, a dans cette ville ses disciples du « magnétisme animal », parmi lesquels l'avocat Nicolas Bergasse, futur député du tiers état pour la sénéchaussée de Lyon. Sans oublier Giacomo Casanova qui, à l'occasion d'une soirée chez le lieutenant-général de La Rochefoucauld, commandant de la place, prend les contacts qui lui ouvrent les portes de la franc-maçonnerie parisienne. Enfin, l'illustre et énigmatique Joseph Balsamo, comte de Cagliostro, débarque dans la ville un jour de novembre 1784 avec l'intention de fonder, sous l'appellation la Sagesse Triomphante, son propre Rite Egyptien. Se baptisant Grand Cophte initié aux secrets de l'Egypte ancienne, il rencontre un certain succès, au grand dam de Willermoz qui écrira de lui, après une rencontre houleuse : « Je crois que c'est un homme qui n'a point de connaissances positives ou qu'il n'en a que de dangereuses. » Le Rite Egyptien lui survivra néanmoins à Lyon... Sous la Révolution, les frères peuvent prétendre peser de tout leur poids puisque les loges dessinent un véritable réseau dans toute la région. En définitive, même si le député et frère lyonnais Milanois tente de faire taire, au sein de la Constituante, les divisions maçonniques face au processus révolutionnaire, le goût amer de la répression domine à Lyon. Après le siège de la ville par les armées de la Convention en 1793, au moins 136 maçons périssent sur l'échafaud. Ranimée par Napoléon que l'on dit initié, et qui voue à Lyon une affection particulière, la franc-maçonnerie va connaître un nouvel essor au cours du XIXe siècle. Si la Commune à Paris voit les frères s'engager, c'est davantage au travers de quelques-uns de ses maires et de quelques caciques de la IIIe République, sous la bannière radicale, que les loges réaffirment leur présence. Le XXe siècle signifie pourtant l'interruption à l'hôtel de ville d'une lignée maçonnique. Les maires Antoine Gailleton (de 1881 à 1900) et Victor Augagneur (de 1900 à 1904), exerçant, l'un dans un style radical bienveillant, l'autre avec un autoritarisme socialisant pas toujours apprécié, appartiennent à la franc-maçonnerie. Mais, curieusement, celui qui, de 1905 à 1957, signe un très long bail avec la ville, Edouard Herriot, ne donnera jamais son adhésion aux loges. Il n'en est pas de même pour son proche entourage, au point que l'on a coutume de dire, par assimilation, que le chef radical est... « un maçon sans tablier ». Tout radical qu'il soit, Herriot entretient d'excellents rapports avec l'archevêque et primat des Gaules Pierre-Marie Gerlier (nommé en 1937). Ses successeurs : Louis Pradel, Francisque Collomb, Michel Noir, Raymond Barre, ne figurent pas davantage sur les registres maçonniques mais, comme pour renouer avec une histoire vieille d'un siècle (depuis Victor Augagneur), le maire socialiste Gérard Collomb, élu en 2001, reconnaît son appartenance à la maçonnerie. Est-ce à dire que celle-ci manifeste dans la ville son retour aux affaires ? « Les choses ont beaucoup changé », rappelle Jean-Jacques Gabut, ancien directeur de presse à Lyon et membre de la Grande Loge de France. Avant la guerre, la franc-maçonnerie lyonnaise, forte d'environ 4 000 membres, reposait sur le parti radical, voire le parti socialiste et se rattachait principalement au Grand Orient de France ou à la Grande Loge de France, les femmes étant alors peu présentes. Sous l'Occupation, un mouvement de résistance lyonnais, Le Coq Enchaîné, recrute essentiellement dans ses rangs. Aujourd'hui, on estime le nombre de frères lyonnais aux alentours de 3 500 à 4 000. Une franc-maçonnerie qui n'attire plus les élites : « Peu de grands patrons, admet Jean-Jacques Gabut, ou de grands décideurs. Des gens de la classe moyenne, des commerçants, des fonctionnaires et, beaucoup moins qu'avant, des membres de la magistrature. » Quant au clergé, si l'on compte quelques prêtres francs-maçons, nous sommes très loin de la représentation qui existait trois siècles auparavant. Il ajoute : « On prête à la franc-maçonnerie un pouvoir démesuré. Je ne dis pas que les francs-maçons n'ont pas indirectement une influence par les hommes qui s'engagent chez eux dans la vie politique, la vie sociale, la vie professionnelle, syndicale, etc. Mais, en général, ce sont des gens actifs et dévoués. Ils s'engagent beaucoup : ce qui fait qu'ils s'exposent parce qu'ils ont envie de servir. » D'un lointain passé, il reste la Loge Egyptienne, spécifique à Lyon, qui est un groupe de réflexion fonctionnant selon un rite particulier et qui regroupe des frères d'obédiences diverses. Elle entretient aussi une Société de patronage des enfants pauvres de la Ville de Lyon, qui existe depuis 1850. Pour perpétuer l'une des grandes traditions lyonnaises, qui a pour nom « charité »... * Journaliste au Progrès , Gérard Chauvy est spécialiste de l'histoire lyonnaise. Il vient de publier Lyon 1940-1947. L'Occupation, la Libération, l'Epuration (Librairie académique Perrin, 2004). |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 03:23:07
| Voilà voilà. C'est un peu long, mais ça permet 1/ à Manu de battre le record des messages les plus chargés et 2/ de faire taire amominable le temps qu'il les lira (si évidemment il les lit). Source : http://www.historia.presse.fr/data/thematique/93/09300401.html |
| Atil | | 35614 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 08:18:43
| "Un peu comme en Inde et son système de caste..... Et soit disant en haut, ceux qui idolatre un marahadjas qui ne peux connaitre l'Amour.......pour aussi se chatié d'une autre façon ! " >>>>>>>Il n'y a pas de hautes castes en Inde qui adorent des maharajas. Tu parles de choses dont tu ignores tout. "Non non, ce ne sont pas les mêmes, il ne faut pas tout amalgamer. " >>>>>>>>Comment ? Les judéo-maconniques ne sont donc pas des extraterrestres ? C'était pourtant rigolo comme nouveau délire ! "Sauf que la FM est divisée et que des loges hauts placées se sert des autres loges.." >>>>>>>On trouve aussi, surtout, des loges complètement indépendantes qui n'ont aucune relations entre elles. Donc c'est totalement impossible de faire des généralités sir les loges. "Je crois que tu n’arrives pas à comprendre que tu as affaire à un malade paranoïaque. " >>>>>>>>Je viens justement de lire un article sur ce genre de cas dans le dernier magazine de "Cerveau et psycho" : ca s'appelle le syndrome du "déni de réalité". C'est caractérisé par un emploi de la raison coupé de toute réalité. C'est effectivement un truc qu'on retrouve souvent dans les cas de paranoïa (sauf que les paranos se sentent directement visés).. "Il exècre les religions, mais ne cesse de te parler de Karma et de résurrection !" >>>>>>>>Il ne se dit plus favorable à l'islam comme il y a quelques temps ? (probablement car, pour lui, les musulmans sont des ennemis des juifs). "Un CON quoi !" >>>>>>>>Ayons tout de même de la compassion pour nos frêres au cerveau malade et aux idées fixes. "La franc-maçonnerie suscite la méfiance de l'Eglise qui la considère comme un contre-pouvoir symbolique, spirituel et philosophique. Les principes des maçons sont considérés comme « inconciliables avec la doctrine de l'Eglise" "La laïcité est l'un de leurs grands principes" >>>>>>Voila qui devrait plaire à Amon-Gaia pourtant.
-------------------- ...à mon humble avis. #Atil |
| Atil | | 35614 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 08:24:09
| A propos des rosicruciens, qui ont été trés proches des francs-macons à une certaine époque (influence ou origine commune ?) : L'alchimiste Paracelse (1493-1541) évoquait la transformation de l'homme dans son « Liber de resurrectione et corporum glorificatione » (1533), d'une manière particulière : Il combinait avec insistance les symboles de la Croix et de la Rose en les reliant à la transmutation alchimique et à la résurrection. Peut-être est-il le précurseur du symbole de la Rose-Croix. Les historiens pensent que le mouvement "Rose-Croix" a commencé en 1608, sous l'impulsion du "Cénacle de Tübingen", composé de Johann Arndt (1555-1621), Johann Valentin Andreae (1586-1654), Christoph Besold, Tobias Hess (1558-1614), Abraham Hölzel, le pasteur Vischer et Wilhelm von Wense, intellectuels luthériens intéressés entr'autre par l'alchimie. Ils formèrent le projet d'une nouvelle réforme, complémentaire de celles de Luther et Calvin qu'ils jugeaient insuffisantes. En 1614 sort à Kassel, en Allemagne, une lettre ouverte, intitulée "Fama Fraternitatis de l’ordre louable de la Croix de Rose", qui constitue le premier manifeste rosicrucien. Ce texte très court dont les principes plongent leurs racines à l’aube de l’humanité, propose une réforme universelle sensée résoudre le chaos européen. Cette science aurait été recueillie par un personnage mystérieux : Christian Rosenkreutz (Chrétien Rose-Croix). Ce texte est sans nom d’auteur, mais a probablement été écrit par Tobias Hess car on y retrouve des extraits de son livre "Theca gladii spiritus" (Le Fourreau de la gloire de l'esprit)... ou le nom "Christian Rosenkreutz" était remplacé par "Christian Cosmoxene". (A noter que les écrits prétendument trouvés dans la tombe de Rosenkreutz en 1604, selon ce livre, se rapportaient à l'alchimiste Paracelse ... or Paracelse ne naitra qu'en 1493 alors que RozenKreutz est sensé être mort à l'age de 106 ans en 1484).. En 1615, paraît un deuxième manifeste en Allemagne, à kassel : la "Confessio Fraternitatis" ("Confession de la Fraternité R.C. mise à jour" qui s’adresse aux hommes de science européens. Ce livre est prophétique et annonce la fin de l’ancien ordre (papauté, etc…). Il prétend que Rozenkreutz est né en 1378 et est signé "Philémon R.C.". Mais Roland Edighoffer a montré qu'un passage entier est extrait presque mot pour mot du dernier volume des «Quatre livres du vrai christianisme» de Johan Arndt. Il serait en plus inspiré d'un ouvrage alchimique de John Dee (1527-1608): la "Monade Hieroglyphique" (1564). Un an plus tard Johann Valentin Andrea publie un troisième ouvrage à Strasbourg, très différent des deux premiers : "Les Noces chimiques de Christian Rosenkreutz " (Chymische Hochzeit). Il s’agit d’un roman initiatique et alchimique qui raconte l’histoire des noces d’un roi et d’une reine auxquelles est convié le vieux Christian Rosenkreutz. Le jeune étudiant en théologie protestante (agé de 19 ans), J. V. Andreae, qui est à l'origine de ce canular peut bien rire : il a pu faire avaler ses couleuvres à un esprit aussi cartésien que Descartes. Son livre a même influencé Leibitz et Goethe. D’une manière générale ces textes rosicruciens du Cercle de Tübïngen.puisent leurs idées à plusieurs courants : le Paracelcisme (Paracelse était un médecin alchimiste), le Joachisme (Johachim de Flore était un mystique occidental), le mysticisme rhénan de Maître Eckhart et l’Hermétisme de la Renaissance. Ce sont eux qui vont lancer le mythe de la Rose-Croix à travers l'Europe. Profitant de cet engouement, de nombreuses sociétés groupées sous le nom de "Rose-Croix", ou inspirées par la Rose-Croix, apparaissent alors en Europe, surtout en Allemagne ... mais elles n'avaient absolument aucun lien de filiation avec l'ancien Cercle de Tübingen : -Dans la 1ère moitier du 18ème siècle, la "Société Alchimique de Nuremberg" se réclame du rosicrucianisme. Selon certains auteurs, G. W. Leibniz (1646-1716) aurait été le secrétaire de cette société. -En 1710, Sincerus Renatus (Samuel Richter), un pasteur luthérien intéressé par l'alchimie, fonde "l'Ordre de la Rose-Croix d’or" à Nuremberg et à Ancone. Cet ordre ne recrute que parmi les Francs-maçons, et forme ainsi une certaine osmose entre le rosicrucisme et la franc-maçonnerie. -La franc maçonnerie, dite spéculative, d'essence philosophique, prendra forme officielle en 1717 avec la formation de la premiére loge (La grande loge de Londres) dans un "terreau" préparé par le Rosicrucianisme. Il semble bien que cette Franc maçonnerie spéculative dérive de la Franc-maçonnerie opérative sous l'influence de l'idéal Rose-Croix. La notifications de statut dés 1390 atteste de l'existence en Ecosse de sociétés de batisseurs et de tailleurs de pierres organisés autour de code de valeurs.Ces batisseurs, se transmettant cet art, étaient exonérés de toutes charges, d'où le terme Free Mason (littéralement franc-maçon, franc signifiant libre en vieux français). Ils constituaient ainsi des sociétés de travailleurs totalement indépendantes : c'était la Franc-maçonnerie opérative. Dès 1638, les relations entre francs-maçons et Rosicruciens étaient évoquées dans The Muses, un poème d'Adamson. En 1676, le Poor Robin's Intelligence publia une notice indiquant que "l'Ancienne Fraternité de la Rose-Croix, les Adeptes de l'Hermétisme et de la Compagnie des Maçons Acceptés, ont décidé de dîner ensemble". Ce lien sera encore souligné dans un article du Daily Journal de1730 qui indique : " Il existe une Société à l'étranger, de laquelle les Francs-Maçons anglais […] ont copié quelques cérémonies, et s'efforcent de persuader le monde qu'ils en sont issus et lui sont identiques. On les appelle Rosicruciens." Vers 1757, Hermann Fictuld crée un rite maçonnique à tendance alchimique, composé d'un ensemble de grades rosicruciens : la Fraternité des Rose-Croix d'Or.(c'est la même année qu'apparait le grade de "Chevalier Rose-Croix" chez les Francs-maçons). De celle-ci sortira la loge des Trois Épées, puis, en 1776, l'Ordre de la Rose-Croix d'Or d'Ancien Système. -En 1767, Martinés de Pasqually (1727-1774) fonda l’ordre des chevaliers maçons Elus-Cohen de l’Univers. Louis Claude de Saint-Martin (1743 -1803), son secrétaire et disciple, participa à l’organisation de cet ordre qui influença l’ordre écossais rectifié. Disparu en 1780, l’ordre fut reconstitué en 1942 par des initiés maçons sous l’appellation d’ordre Martiniste des Elus-Cohen. En 1778, Alexandre Cagliostro fonde en Hollande une loge d'un genre nouveau : un rite égyptien. Selon lui en effet les origines des Rose-Croix remonteraient à l’époque de l’ancienne Égypte ... pourtant les plus grands égyptologues n’y ont jusqu’à ce jour trouvé aucune trace du symbole de la rose-croix, pour la bonne et simple raison qu’en ce temps là, la rose n’existait pas. Il s’agit d’une fleur hybride, venue de Chine en Europe vers les premiers siècles de l’ère chrétienne. Ensuite, à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle vont se créer à nouveau plusieurs sociétés rosicruciennes sans aucun rapport aucun avec celles du 18 ème siècle. C'est ainsi que voient le jour : -La Societas Rosicruciana in Anglia (S.R.I.A) : Fondée en 1866 par Robert Wentworth Little (1840-1878), un Franc-Maçon trésorier de la Grande Loge Unie d'Angleterre. -L’Hermetic Order of the Golden Dawn, appelé aussi Golden Dawn : Ordre maçonnique rosicrucien fondé vers 1887 à Londres et à Auteuil par William Wynn Westcott (1848-1925), Samuel Liddell Mathers (1854-1918) et R. William Woodman, membres de la S.R.I.A. Mathers (le beau-frère du philosophe Henry Bergson) en devient le dirigeant. Les rituels empruntent beaucoup à la magie et aux kabbalistes chrétiens. En sortira Aleister Crowley, le mage noir qui fondera l’Astrum Argentinum. -L'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix : Fondé par Stanislas de Guaïta (1861-1897) en 1888, lui-même inspiré d'Eliphas Levi. Erik Satie et Claude Debussy en firent partie. -L'ordes Martiniste : Le martinisme, héritier de la pensée de Louis Claude de St-Martin, a été fondé en en 1891 par Augustin Chaboseau et le docteur Papus Gerard Encausse, (1865 -1916), ancien membre de la Société théosophique, il fut aussi partie de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. l'Ordre Martiniste exerce aujourd'hui ses activités sous l'égide de l'A.M.O.R.C. -L’Ordre de la Rose-Croix, du temple et du Graal (appelé aussi Rose-Croix catholique) : Fondé en 1891 par Joséphin Péladan (1858-1918), dissident de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. -L'Association rosicrucienne (1907), fondation de Max Heindel aux Etats-Unis qui a son siège à Oceanside en Californie. Max Heindel (1865-1919) adhéra tout d'abord à la Société Théososophique. En 1907, il rencontra à Berlin un frère majeur de l'orde de la Rose-Croix. De retour en Amérique, Heindel fonda alors son propre groupe qui porta le nom d'Association rosicrucienne d'Oceanside et, en 1920, un temple rosicrucien fut construit. -La "fraternité des polaires" : Fondée sur une méthode oraculaire enseignée par Zam Bathiva, se prétend une résurrection de la «vraie Rose-Croix»; et l’École internationale de la Rose-Croix -Lectorium Rosicrucianum : Fondée dans les années 1920 aux Pays-Bas, elle se définit comme "fraternité gnostique", s’inspirant à la fois des cathares, du Graal, de la Rose-Croix et de la franc-maçonnerie. Elle reprend aussi l'ancien nom d'"ordre des Rose-Croix d'Or". -L'Ancien et Mystique Ordre Rose-Croix (A.M.O.R.C.) : Fondée en 1909 par par Harvey Spencer Lewis (né en 1889). C'est l'organisation rosicrucienne la plus connue et quantitativement la plus importante et elle recourt fréquemment à un vocabulaire maçonnique. Il s'agit de conférer à la jeune organisation la patine ancestrale de la maçonnerie et le même sérieux initiatique. Sa littérature n’est qu’une compilation des différents ésotérismes en vogue à l’époque, la plupart venant de la Théosophie, justement en plein essor à cette époque. (Par exemple, il y a reprise de la doctrine typiquement théosophique des races inférieures et supérieures). Spencer Lewis monta de toute pièce un canular invraisemblable auquel croient aveuglément les rosicruciens : Il prétend avoir été chargé de mission par la «grande loge blanche» pour «restaurer» et installer l’ordre rosicrucien aux États Unis. L’ordre rosicrucien qu’il a fondé ne serait pas la première manifestation de l’ordre : Celui-ci apparaîtrait cycliquement sur terre et ses périodes de fonctionnement alterneraient avec des périodes de mise en veilleuse. Source = Philo-Zine
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| 1diane3 | Bon pied bon oeil ! | | 1002 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 10:12:31
| Ah, je vois que Manupoléon fait des émules. Bon, je reviendrai peut être ce soir, si j'ai eu le temps de tout lire !
-------------------- Mon oeil ! |
| Manupoleon | 186 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 12:15:09
| Extraordinaire. Il y a une bande noire sur le message d'Atil qui est visiblement un trou noir, puisque tout y disparaît, le curseur de la souris comme son mouvement. N'y a til que Manu qui l'ait ? |
| 1diane3 | Bon pied bon oeil ! | | 1002 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 12:57:51
| Coquin, va !
-------------------- Mon oeil ! |
| | Posté le 20-07-2005 à 21:29:26
| Bonsoir, Bien, bien Manu et Atil. Je crois que les gens sensés qui liront vos exposés auront un bon éclairage. Ensuite ils pourrons toujours entamer un échange de vues. Je ne crois pas que nous puissions attendre quoi que ce soit du Tordu. Il ne lira pas Manu ! Atil, il faut que je te tire les Oreilles. Toi qui es poète, peintre. . . etc. Pourquoi ne rebondirais – tu pas sur le délire des New – Âge, tu sais ces Mardukiens qui viennent de la Planète Nibiru, celle qui fait le tour de notre système solaire en 3600 ans, et ne nous écrirais – tu pas quelques pages dans la rubrique Art ? Je suis sûr que tu pourrais nous développer quelque chose qui contiendrait tout à la fois de la Porte des Etoiles, les Anges du Ciel se mêlant aux Femmes des Hommes, deux empires ennemis Mue et Atlantide se faisant la guerre. Les survivants, leurs descendances dans des lieux secrets, le Temple d’Ezéquiel pour les uns ( tiens ça ne te rappelle rien ?), la forêt Amazonienne pour les autres, continuant à se faire la guerre pour la maîtrise du Monde par le biais d’adeptes humains initiés à leur fabuleux secrets. Les pauvres humains au milieu qui veulent vivre libres et se battent contre les forces obscures. Un prophète humain bien sûr les encourage, les exhorte, les magnifie. Tiens j’ai un personnage tout indiqué. Devine … . ?
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| Atil | | 35614 messages postés |
| Posté le 20-07-2005 à 22:22:38
| Je traine parfois dans les forums new-age pour y demonter toutes ces histoires de complots extraterrestres, de propheties maya, d'elevation prevue pour 2012, de cristaux atlantes, le planete Nibiru, etc... Je dois dire que je sature un peu a force de lire toujours les memes betises illogiques. Les faux-gourous peuvent vraiment faire gober nimporte quoi aux gens. Un minimum de culture historique et scientifique permet pourtant de demeler le vrai de l'affabulation grossiere. Dans ma jeunesse j'ai ŽtŽ tres influence par les mythes new-ages. J'etais vraiment tres naif ... mais pas a ce point la quand-meme. J'espere que mon texte est lisible car mon ordinateur est bugue (encore un coups des Schtroumpfs judeo-maconniques de la planete Nibiru !)
-------------------- ...à mon humble avis. #Atil |
| Amon GAIA | 211 messages postés |
| Posté le 21-07-2005 à 22:43:51
| C’est pourtant simple. L’individu est dans un délire à la limite du paranormal, qui de bric et de broc croit avoir acquis quelques connaissances. Il mélange avec vice et malignité les extrêmes pour se confirmer dans sa folie. -------ou dans la votre ? Il voue une haine irraisonnée aux juifs et aux francs – maçons, qu’il avoue d’ailleurs sur un autre site ( cybersciences) ou son plaisir « est d’en casser ». ---------- pas d'en casser psysiquement mais seulement psychologiquement..... >>>""Parfois ce sont les juifs, parfois les francs-maçons, parfois les illuminatis, parfois divers types d'extraterrestres"" Heu c pas les mêmes avec des noms différents ?>>> La conclusion de sa réponse est simple dans son esprit de malade : ce ne sont donc pas des humains. Ce sont donc des ennemis à éliminer ! --------à éliminer....surtout leur mentalité....d'autodestruction.... Mais bon ils parlent tous du jugement dernier.......et pourtant c pas du new-âge !!! L’histoire du Maharadja privé de la capacité d’amour ! Il y croit dur comme du fer notre évadé de l’hôpital psy. Il n’en a pas compris la symbolique. ---------Quelle sybolique sérieusement ? Quoi? un sacrifice, bardé d'or ! Ton interprétation doit être crée de ton autodestruction !!! Il en va de même sur la circoncision qu’il voue aux gémonies pensant qu’il ne s’agit que d’une pratique Juive ! ----------Ce sont les juifs qui l'ont importée en Europe, non ? Il exècre les religions, mais ne cesse de te parler de Karma et de résurrection ! ----------our les karmas, ok ce sont des termes boudhistes, c'est vrai mais c une philosophie, une façon de voir et de comprendre la réalité... La résurection, j'y suis contre et je me renseigne juste ! Un CON quoi ! ------------Parce que c'est plus facile à comprendre pour vous.... Merci Manu, je lirai tes notes, je suis au cyber et ça défile. |
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